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Actualités - ANALYSE

Paris II - Confirmation par l’INSEE dans une note au ministre de l’Économie Les chiffres sur l’économie libanaise sont bien en deçà de la réalité

Pour le Premier ministre Rafic Hariri, la conférence de Paris II représente un véritable point d’inflexion plaçant le pays sur la longue et périlleuse voie du redressement économique, après une dure période de marasme et de crise. Certes, M. Hariri n’a pas obtenu le plafond de cinq milliards de dollars de garanties de crédit et de prêts à taux réduits qu’il espérait atteindre pour optimiser l’opération de restructuration de la dette et de réduction du service de la dette. Mais il n’en reste pas moins qu’il peut malgré tout capitaliser dans son entreprise de sauvetage sur les 3,1 milliards de dollars d’argent frais octroyés par Paris II au Trésor pour la restructuration de la dette ainsi que sur le montant de 1,3 milliard de dollars alloués par la Banque mondiale, l’Union européenne et divers fonds arabes en vue de l’exécution de nouveaux projets d’infrastructure à des taux d’intérêt réduits (ce qui permettra au gouvernement d’éviter de contacter de nouveaux emprunts à des taux prohibitifs). Pour que cette salutaire bouffée d’oxygène provoque l’effet escompté au niveau de la résorption de la dette et du déficit budgétaire, M. Hariri doit faire face désormais à un double défi : assainir le climat interne et accélérer les réformes économiques structurelles, d’une part, et relancer les négociations avec le Fonds monétaire international, d’autre part. Au plan interne, les tâches à accomplir sont multiples. Aussi bien M. Hariri que son ministre des Finances, Fouad Siniora, ne cessent d’affirmer que Paris II n’est qu’un premier pas, un des éléments d’un package qui constitue la pierre angulaire de l’entreprise de redressement, le gros du travail devant être fait au Liban et par les Libanais eux-mêmes. Cela implique qu’il est plus que jamais nécessaire de concrétiser rapidement les privatisations, de mettre un terme définitif au gaspillage et à l’utilisation des fonds publics pour des considérations politiciennes et clientélistes, de respecter le plus possible les prévisions du déficit budgétaire et, surtout, de créer un climat de stabilité politique interne dans le pays. Les tiraillements et les dissensions entre les pôles du pouvoir, l’irrationnelle chasse aux sorcières continue et systématique lancée contre le courant de l’opposition ainsi que la perte de crédibilité de l’appareil judiciaire ne peuvent que semer le doute et l’inquiétude dans l’esprit des pays donateurs et des organismes internationaux de financement, qui ne peuvent agir et préserver leurs investissements que dans un contexte d’État de droit, loin des pratiques propres aux républiques bananières (comme c’est très souvent le cas au Liban depuis quelques années). Le régime et l’équipe de M. Hariri se doivent donc de mettre de côté leurs querelles pour mener, ensemble, la barque à bon port, de même qu’ils sont appelés à veiller à juguler les dérapages des services et des forces occultes dont le comportement ne peut qu’entretenir un climat et d’instabilité chronique dans le pays. Le dossier du FMI C’est également au niveau des rapports avec les FMI que de gros efforts restent à faire. Les débats qui ont marqué la rencontre de samedi à l’Élysée ont apporté la preuve qu’un accord entre le gouvernement et le FMI est incontournable si le Liban souhaite réellement aller au-delà de la bouffée d’oxygène donnée par Paris II et accélérer résolument son opération de redressement économique. Dans la pratique, l’Exécutif paraît ne disposer que de quelques mois pour régler ses différends avec le FMI. Dans certains milieux proches de Koraytem on souligne que les acquis importants enregistrés à Paris II pourraient faciliter la tâche du gouvernement et renforcer quelque peu sa position dans ses futures négociations avec le FMI, en vue d’aboutir avec ce dernier à un accord qui tienne compte des impératifs propres au Liban. Cela suppose, à l’évidence, que le Liban respecte les engagements qu’il a pris au niveau des réformes économiques structurelles. Dans ce contexte, le gouvernement pourrait bénéficier d’ores et déjà d’un atout non négligeable. L’Institut national français de la statistique et des études économiques (INSEE, chargé par le gouvernement de fournir son assistance technique pour l’établissement des comptes économiques du Liban) a adressé le 20 novembre dernier une note au ministre de l’Économie, Bassel Fleyhane, pour confirmer que, selon ses premières estimations, le « Revenu national brut disponible » du Liban pourrait être de 20 à 25 pour cent supérieur au PIB. Une constatation que M. Hariri n’a pas manqué de relever lors de la conférence de Paris II. La note de l’INSEE souligne que « mis à part les comptes pour les années 1994-1995 publiés par l’Administration centrale de la statistique, les chiffres qui circulent sur les comptes sont des estimations très grossières, sous-représentant vraisemblablement l’économie libanaise ». « Même les comptes nationaux de 1994-1995, ajoute l’INSEE, comportent, d’après les notes publiées, des lacunes et des estimations approximatives, notamment en ce qui concerne les chiffres du secteur des services, secteur qui occupe une place importante dans l’économie. » L’INSEE souligne aussi dans sa note qu’en se basant sur les différentes études statistiques effectuées au Liban depuis 1997, il serait possible d’aboutir à « une meilleure représentation du secteur des services et à une estimation révisée du PIB ainsi qu’à un calcul des agrégats plus pertinents pour représenter la vraie dimension de l’économie libanaise, à savoir le Revenu national brut (Gross national income) et le Revenu national brut disponible (Gross national disponible income) qui intègrent les transferts courants de l’extérieur » et qui sont « recommandés par les Nations unies et ses organismes spécialisés ». « Seul le calcul de l’agrégat du Revenu national brut disponible et son complément, l’Épargne brute de la nation, peut expliquer l’importance des dépenses intérieures en consommation et en investissement », conclut l’INSEE. Autant d’arguments que le gouvernement pourrait avancer dans ses prochaines discussions avec le FMI. Une partie difficile que l’Exécutif se prépare déjà à mener. Et qui devra aller de pair avec l’indispensable bataille sur le front interne. Michel TOUMA
Pour le Premier ministre Rafic Hariri, la conférence de Paris II représente un véritable point d’inflexion plaçant le pays sur la longue et périlleuse voie du redressement économique, après une dure période de marasme et de crise. Certes, M. Hariri n’a pas obtenu le plafond de cinq milliards de dollars de garanties de crédit et de prêts à taux réduits qu’il espérait...