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Actualités - OPINION

Tribune Paris II est-elle vraiment la solution ?

Par le général Michel Aoun De Paris, où il réside, le général Michel Aoun nous adresse l’article suivant que nous publions à titre d’opinion libre : Les efforts déployés par la France pour soutenir le Liban dans la crise économique dans laquelle il se débat sont louables. Ils s’inscrivent dans une tradition d’amitié entre les deux peuples français et libanais qui remontent à des décennies, voire des siècles. Nul ne saurait douter des intentions de la France ainsi que des autres pays participant à la conférence de Paris II, dont l’objectif consiste à rééchelonner la dette publique libanaise qui a aujourd’hui atteint des niveaux alarmants. Mais on le sait, les chemins pavés de bonnes intentions ne mènent pas tous au salut. Si elle escamote les réformes politiques nécessaires, Paris II risque derechef de cautionner un fait accompli, à savoir l’occupation du pays du Cèdre par la Syrie et la mauvaise gouvernance de l’équipe au pouvoir. L’expérience des dernières années ne laisse former aucun espoir que les fonds devant être accordés au Liban seraient utilisés à bon escient. Soyons brefs, toute aide économique, si elle ne se trouvait pas précédée d’une réforme politique visant au recouvrement de la souveraineté nationale, ne serait qu’un coup d’épée dans l’eau. C’est en vain qu’on essaiera d’apporter une solution économique à une crise qui est fondamentalement politique. On ne le répétera jamais assez. Le Liban est sous occupation. C’est une lapalissade de l’histoire que d’affirmer : « Aucune prospérité n’est possible sous l’occupation ». De Gaulle l’a dit. D’autres, politiques ou économistes, l’ont répété. Toute reconstruction passe impérativement par un rétablissement de la démocratie et de la société de droit. Nul n’ignore le poids de la crise économique sans précédent qui pèse sur le peuple libanais. Alléger le fardeau qui en incombe aux Libanais est une chose, cautionner la mauvaise gestion des affaires publiques, pour ne pas dire la collaboration, en est une autre. Je ne parlerai pas de l’hégémonie syrienne sur les institutions économiques libanaises. C’est une conséquence logique de l’occupation. En effet, le régime syrien a été le premier bénéficiaire des fonds contractés de façon irresponsable par les dirigeants libanais. L’attribution des marchés publics et la conclusion de grands contrats et projets répondent avant tout aux intérêts des officiers et politiques syriens en charge du dossier libanais. Des accords entre le Liban et la Syrie ont été signés. Ils légitiment de fait des échanges économiques déséquilibrés au profit de la Syrie. Les gouvernements successifs depuis 1990 sont largement responsables de la débâcle économique du pays. Mauvais paris, dilapidation des ressources stratégiques, népotisme, corruption, pouvoir discrétionnaire ont été les caractères distinctifs du régime de Taëf. En effet, la politique de ce dernier est aux antipodes du modèle économique libéral. En matière de libertés publiques et de démocratie, cadre nécessaire au développement et à la croissance économique, le régime libanais n’a pas beaucoup d’actif à son crédit. Les exactions contre les droits de l’homme sont légion. Les atteintes aux valeurs fondamentales de la démocratie sont devenues le lot quotidien des libanais. Dernière en date de ces atteintes, la fermeture de la MTV, chaîne de télévision nationale qui a eu l’outrecuidance de s’opposer au discours dominant, sans mentionner l’annulation du mandat de Gabriel Murr, membre de l’opposition, élu au suffrage universel en juin dernier. La réhabilitation du système juridique est une condition sine qua non d’une reprise économique. Ce n’est un secret pour personne qu’en dehors des mécanismes de contrôle et de sanction, toute politique court des risques de dérives. Qu’en serait-il alors dans un pays qui a perdu tous les attributs de sa souveraineté ? Il n’est que de voir les rapports des institutions humanitaires pour se rendre à l’évidence que le système judiciaire est devenu un spectre entre les mains d’une autorité obsédée par son seul maintien au pouvoir. Concentration de pouvoir, étouffement du secteur privé ont été les maîtres mots d’une politique qui s’inscrit en faux contre les règles de bonne gestion économique. M. Hariri est devenu le symbole d’une politique du « tout-gouvernement ». Une politique de dépenses irresponsables qui ne prend en considération ni les critères de productivité ni ceux du développement équilibré. Le surendettement, hypothèque exercée sur l’avenir des générations à venir, a engagé le pays dans un processus irréversible. Il s’est traduit par des niveaux excessivement élevés du taux d’intérêt. La ponction de la masse monétaire et son recyclage sous forme de bons de Trésor devaient avoir pour conséquence inéluctable la paralysie du secteur privé, force vive de l’économie qui a toujours été à l’origine du miracle libanais. Exemption fiscale de la société Solidere qui gère en monopole la reconstruction du centre-ville, dépossession des ayants droit, une loi sur les investissements étrangers qui consacre le favoritisme en disent long sur le respect de la propriété privée et les lois de la libre concurrence qui pourtant constituent les piliers d’un système économique libéral. Le gouvernement libanais s’est engagé sur la voie de fausses promesses vis-à-vis du FMI. Son programme de réformes de l’administration est au point mort. En effet, épurer l’administration revient à saper les fondements du système clientéliste sur lequel repose la légitimité d’un pouvoir sous tutelle syrienne. La politique de privatisation est restée un slogan creux. Le soi-disant chantier de privatisation du secteur des télécoms a abouti à une nationalisation pure et simple du secteur. Encore une fois, népotisme, opacité du système de prise de décision sont à l’origine de l’échec. L’équipe aux commandes veut mettre à son actif la stabilité de la livre libanaise. Cette stabilité est pour le moins artificielle. Elle ne repose sur aucune donnée économique fondamentale telle une croissance du PNB ou une propension à l’exportation. Ma conclusion est simple. On ne peut cautionner l’occupation. On ne peut récompenser la mauvaise gestion. Toute aide économique au Liban doit s’accompagner de réformes politiques afin de rétablir la souveraineté et la démocratie. En dehors de ces deux principes, toute aide est vaine et risque d’avoir ses effets pervers, à savoir l’aggravation de la crise et la dénaturation de la réalité du problème.
Par le général Michel Aoun De Paris, où il réside, le général Michel Aoun nous adresse l’article suivant que nous publions à titre d’opinion libre : Les efforts déployés par la France pour soutenir le Liban dans la crise économique dans laquelle il se débat sont louables. Ils s’inscrivent dans une tradition d’amitié entre les deux peuples français et libanais qui...