Premiers contacts entre les proches des deux frères Murr

Les familles des deux frères Murr se reparlent. Au niveau des fils. Michel Gabriel a en effet rencontré à plus d’une reprise son cousin, le ministre Élias Michel. La dernière entrevue a eu lieu au début de la semaine dernière, lundi soir. Cartes sur table, l’on a évoqué les erreurs commises depuis la proclamation de la candidature de Gabriel au siège grec-orthodoxe du Metn, laissé vacant par la disparition d’Albert Moukheiber. L’on a passé en revue les phases de la bataille électorale, qui a tourné au bras de fer, personnel entre les deux frères, et politique entre l’opposition et le pouvoir. Les deux cousins, indiquent des sources informées, sont convenus de mettre de côté ce lourd et récent passé, pour jeter les bases d’une coopération renouvelée. Notamment autour du portefeuille commun constitué de sociétés et de projets commerciaux qu’il faut bien gérer ensemble. La politique et le champ médiatique sont de ce fait relégués au second plan. Aussi l’on a évité deux problèmes corollaires : la fermeture de la MTV et l’invalidation du mandat parlementaire de Gabriel. Pour le ministre de l’Intérieur, ces questions ne sont pas à discuter et ses cousins doivent les oublier, pour refermer le contentieux. Par contre, les moyens à mettre en œuvre en vue d’une réconciliation entre les chefs de famille ont été passés en revue. Sous l’angle de la clôture d’un chapitre pénible qui constitue une carte de pression aux mains des contempteurs du leadership de Michel Murr comme du pouvoir en général. Les rencontres, concluent ces sources, vont se poursuivre, dans le but de préparer des retrouvailles entre les deux frères antagonistes. Ces développements ont été portés à la connaissance de certains piliers de Kornet Chehwane. Où la tendance majoritaire semble désormais favorable à une trêve politique intérieure, tout en précisant que cela ne signifie pas un abandon des principes et des positions qui en découlent. Du moment que les Murr eux-mêmes semblent s’acheminer vers un consensus, ces pôles ne voient pas la nécessité de prolonger la confrontation issue de la partielle du Metn. D’autant que la phase actuelle, pendant laquelle le monde entier retient son souffle à cause de la question irakienne, impose d’elle-même une bonne dose d’expectative. De plus, il faut laisser sa chance à Paris II. Période en suspens que les milieux de Kornet Chehwane entendent mettre à profit pour approfondir l’étude des dossiers locaux afin d’être prêts à repasser à l’action opposante au début de l’an prochain, si les circonstances le permettent. L’accent serait alors mis, selon ces sources, sur les problèmes pédagogiques, médicaux, sociaux et de subsistance quotidienne dont les Libanais souffrent tout particulièrement. Cependant, d’ici là, la Rencontre ne veut pas être accusée d’entraver ou de contrer Paris II par une campagne de revendications économiques et sociales. Confirmant cette option d’attente, un membre de la Rencontre souligne que la visibilité est actuellement défectueuse sur le plan régional ou même local. Qu’il faut donc attendre que le brouillard se dissipe, pour être en mesure de s’orienter correctement. Il faut voir ce qui va advenir en Irak, dans les territoires palestiniens et en Israël où des élections vont avoir lieu. En outre, il est clair que le dialogue intérieur se trouve compromis, comme l’attestent les positions du Rassemblement parlementaire de concertation et les déclarations de Michel Murr. Qui va jusqu’à classer Bkerké parmi les protagonistes et ne veut plus y voir un recours. Bien entendu, il est douteux que tous les membres du RPC, en majorité modérés, approuvent ces assertions en flèche de l’ancien vice-président du Conseil. Il n’en reste pas moins que les parlementaires loyalistes conviennent globalement que le dialogue n’est pas pour le moment à portée de main. De leur côté, les sources de la Rencontre précédemment citées avouent que l’acceptation d’une trêve tacite a une autre raison : faire le dos rond pour amortir les effets de la campagne virulente lancée contre le groupe opposant par les ultras du camp loyaliste. Dont le rêve serait de disloquer la Rencontre sous leurs coups de boutoir, en l’entraînant dans une polémique acerbe qui diviserait ses propres rangs. Et de conclure que l’opposition tient bon et ne se désunira pas. Philippe ABI-AKL