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Actualités - REPORTAGE

SANTÉ - Prévenir les complications oculaires, cardiaques et rénales Des spécialistes de 4 pays, dont le Liban, expliquent par visioconférence les mécanismes du diabète(photos)

La journée mondiale du diabète a été, hier, pour le Liban, l’occasion de dialoguer en visioconférence avec trois autres pays francophones, à partir du pôle technologique Berytech. En effet, diabétologues, ophtalmologues, nutritionnistes, infirmières, mais aussi responsables d’associations de patients de Beyrouth, Paris, Dakar et Sofia ont échangé leurs expériences respectives, dans le but de sensibiliser l’opinion sur les causes, les symptômes, les complications, notamment au niveau de la vue, ainsi que les différentes formes de traitements de cette maladie grave. Si la technique n’a pas réellement été à la hauteur de cet événement de dimension internationale, le message est néanmoins passé. Dans un monde où l’obésité est en augmentation constante, l’alimentation saine, l’exercice physique et le suivi médical sont les conditions essentielles d’une prévention efficace contre le diabète et ses complications. C’est le ministre français de la Santé, JF Mattei, qui a ouvert le débat, axant ses propos sur l’importance de la prise en charge et de la prévention pour éviter les complications liées au diabète. « Sur 150 millions de malades du diabète à travers le monde, 2 millions sont en France », a-t-il dit, ajoutant que les causes de la maladie proviennent essentiellement de la sédentarité, d’une mauvaise hygiène alimentaire et d’une augmentation de l’obésité. « C’est la prévention qui nous rassemble, a-t-il poursuivi, car elle retarde ou même supprime les complications liées au diabète ». Et M. Mattei d’insister sur l’urgence pour les patients de devenir acteurs dans leur maladie, car les médecins ne peuvent plus assumer le problème tout seuls. Tout en remarquant que cette visioconférence est le symbole d’un engagement commun face à cette maladie, il conclut en disant : « Cette bataille mérite d’être engagée et sera gagnée. » La nécessité d’enrichir ce dialogue en lui donnant une dimension internationale a été au centre de l’intervention du directeur général de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris, JJ Tregoat. Ce dernier a, par ailleurs, insisté sur les conséquences alarmantes que peut avoir le diabète sur la santé des malades, comme notamment la cécité, les pathologies cardiaques, les insuffisances rénales, etc., de même que les effets économiques de la prise en charge de ces complications pour les collectivités. Et M. Tregoat de souligner l’importance de la mobilisation de tous les pays contre le diabète, indépendamment de leur niveau de développement. 300 millions de diabétiques en 2025 Les docteurs R. Bengoa et G. Roglic sont alors intervenus à partir du siège de l’OMS, à Genève. Soucieux de détruire, dans un premier temps, le mythe établi que le diabète existe exclusivement dans les pays développés, alors qu’il est très répandu dans les pays en voie de développement, notamment dans les pays largement peuplés, ils ont mis en garde contre la recrudescence du nombre de diabétiques dans les années à venir. En effet, selon les prévisions, ces chiffres devraient atteindre 300 millions de personnes d’ici à l’an 2025. Les raisons invoquées étant l’augmentation et le vieillissement de la population, ainsi que l’urbanisation et ses conséquences, une alimentation peu saine et un manque d’exercice physique qui provoquent l’obésité. Et le docteur Roglic d’évoquer la possibilité pour le diabète de régresser si la pandémie d’obésité recule. Principale cause de décès dû aux maladies cardio-vasculaires dans les pays industrialisés, le diabète est aussi la cause principale de la cécité qui touche plus d’un demi-million de personnes dans ces pays. C’est la raison pour laquelle la prévention est l’objectif majeur de l’OMS qui entend fixer, d’ici à l’année 2004, une stratégie mondiale basée sur une alimentation saine et la pratique de l’exercice physique. Tour à tour, des spécialistes du Sénégal, de Bulgarie, du Liban et de France ont donné des précisions sur l’évolution de la maladie dans ces pays et les particularités qui la caractérisent sur le terrain, au niveau des complications et des traitements. Ainsi le professeur M. Sow a-t-il observé qu’au Sénégal, les maladies non transmissibles comme le diabète prenaient une dimension de plus en plus importante, touchant principalement les personnes appartenant à la catégorie sociale supérieure. En Bulgarie, « le diabète a tendance à évoluer et touche actuellement 2 % de la population », note le Professeur D. Koev, soulignant qu’il est également en recrudescence chez les enfants. « Quant à l’obésité, elle est en nette augmentation, 57 % de la population ayant un index de masse corporelle supérieur à la normale. » Recrudescence de l’obésité Remerciant Mme Hraoui pour sa présence ainsi que son action dans le traitement des jeunes diabétiques, le professeur G. Halaby a exposé, à son tour, la situation au Liban, observant que plus de 13 % des adultes souffrent de diabète sucré dû à une surcharge pondérale, alors que plus de 50 % de la population est atteinte d’obésité, fréquente avant 60 ans chez les hommes et après 60 ans chez les femmes. Le Dr A. Fagot-Campagna de l’Hôpital européen Georges-Pompidou, a finalement donné un aperçu du diabète en France qui touche 13 % de la population de 75 à 80 ans, alors que l’obésité gagne le pays. Elle a observé, à cet effet, qu’en trois ans, la population française a gagné en poids près de 800 grammes. « La grande inconnue, souligne le Dr Fagot-Campagna, est de connaître la prévalence du diabète non diagnostiqué. Touche-t-il 200 000 personnes ou un million ? On ne le sait pas. » L’année 2002 portant sur le diabète et les yeux, le second volet de la visioconférence a été consacré aux complications oculaires liées à cette maladie, notamment la rétinopathie diabétique. Des ophtalmologues des quatre pays ont ainsi abordé, de façon plus ou moins technique, les problèmes inhérents au dépistage, au traitement, au développement de ces complications, mais aussi à l’utilisation des nouvelles technologies dans ce domaine. Le témoignage concernant le Liban a été donné par le Dr P. Baz. « C’est le dépistage qui constitue un problème au Liban », déplore-t-il, ajoutant que ce problème est universel. « En effet, précise-t-il, le pays manque de moyens techniques sophistiqués pour le dépistage des rétinopathies diabétiques. Quant aux équipements nécessaires aux traitements, qu’ils se fassent au laser ou au moyen de la chirurgie, ils sont disponibles dans de nombreuses structures hospitalières », observe-t-il, ajoutant que le pays est équipé pour traiter les complications les plus difficiles, alors que la chirurgie reste mieux acceptée que le laser. Et l’ophtalmologue de remarquer que de nombreux patients nient la chronicité de leur maladie, refusant ainsi de subir un examen oculaire régulier. De même, conclut-il, ils avouent ne pas comprendre la nécessité d’un tel dépistage, si les symptômes des complications sont absents. Sensibiliser le monde sur les risques du diabète a été l’objectif principal de cette visioconférence dont les participants ont, par ailleurs, abordé les problèmes de l’alimentation, de l’obésité et des structures de prise en charge des patients. L’initiative était remarquable et même si la technique s’est montrée quelque peu capricieuse, le message est passé : l’important est de ne pas perdre les risques des yeux... Anne-Marie EL-HAGE En savoir plus sur le diabète Plus de 170 millions de personnes sont atteintes de diabète dans le monde. Maladie non transmissible, qui se caractérise par un taux élevé de glucose dans le sang, le diabète sévit sous deux formes : le patient qui a contracté la maladie de type 1 a besoin d’insuline pour survivre, alors que celui qui a la forme de type 2 a besoin de l’insuline pour le contrôle de son métabolisme. Plus fréquent chez les enfants et les adolescents, le type 1 représente 10 % de tous les cas de diabète. Le type 2, représentant 90 % de tous les cas de diabète, se rencontre principalement chez les adultes. Quant aux symptômes qui accompagnent la maladie, ils sont divers. Le diabétique a souvent soif, il urine fréquemment, ressent une fatigue intense, affiche une perte de poids et sa vue décline. En l’absence de toute forme de traitement, le diabète est susceptible de causer de graves complications à long terme. Il peut être la cause d’une cécité ou d’altération de la vue chez les adultes, de troubles nerveux combinés à des problèmes circulatoires, de maladies cardio-vasculaires entraînant des risques d’infarctus ainsi que des troubles rénaux. Par ailleurs, les complications du diabète constituent une lourde charge pour les services de soins de santé. * Sources : Fédération internationale du diabète, OMS et CCC. Des partenaires multiples Cette visioconférence portant sur le diabète et ses complications ophtalmologiques s’est déroulée dans le pôle technologique Berytech et a été organisée par l’Assistance publique-hôpitaux de Paris, sous le parrainage du ministère français de la Santé et de l’Organisation mondiale de la santé, avec l’assistance du centre collaborateur OMS diabète, dirigé conjointement par le Pr Slama (Hôtel-Dieu) et le Dr Kleinebrel (Hôpital européen Georges-Pompidou), de l’International Diabetes Federation, de l’Agence universitaire de la francophonie, de l’Université Saint-Joseph et du Chronic Care Center.
La journée mondiale du diabète a été, hier, pour le Liban, l’occasion de dialoguer en visioconférence avec trois autres pays francophones, à partir du pôle technologique Berytech. En effet, diabétologues, ophtalmologues, nutritionnistes, infirmières, mais aussi responsables d’associations de patients de Beyrouth, Paris, Dakar et Sofia ont échangé leurs expériences...