Sécurité - Le ministre de l’Intérieur annonce des mesures renforcées Attentats contre trois « fast-food » à Jounieh et Tripoli(photos)

Trois bombes ont explosé dans la nuit de lundi à mardi devant trois restaurants de type « fast-food », sans faire de victimes. Les trois bombes ont explosé presque simultanément, à 4h30 du matin, a indiqué la police, précisant qu’elles visaient des restaurants Winners et Pizza Hut, sur l’autoroute Jounieh-Maameltein, et un Pizza Hut à Mina, Tripoli. Les explosions, de petites charges, ont provoqué des dommages matériels dans ces restaurants et les magasins voisins, mais n’ont pas fait de victimes. Les dégâts les plus sérieux ont été enregistrés à Tripoli, où l’explosion a détruit la façade du bâtiment et projeté des tables dans le parking de l’établissement. L’explosion a coïncidé avec le coup de canon annonçant le début du jeûne diurne de ramadan, ce qui a retardé d’autant la nouvelle de l’attentat. Un expert artificier a estimé les charges explosives sur l’autoroute de Jounieh à 200 grammes de TNT chacune. La charge qui a explosé devant le Pizza Hut de Mina, elle, a été évaluée à 400 grammes de TNT. D’autres attentats de ce genre ont eu lieu au Liban récemment. Une charge de faible puissance avait explosé le 23 septembre près d’un restaurant de la chaîne de restauration rapide américaine McDonald’s, à Jounieh, sans faire de victimes. Le 9 mai, à Tripoli, un attentat à l’explosif avait partiellement détruit un restaurant de la chaîne Kentucky Fried Chicken (KFC), dont le gardien avait été légèrement blessé. Des associations civiles, des étudiants de gauche ainsi que des dignitaires religieux, comme sayyed Mohammad Hussein Fadlallah, avaient appelé au boycottage des entreprises et des produits américains en raison de l’aide militaire et du soutien politique que les États-Unis accordent à Israël. Dénonciations Ce que les auteurs des attentats ignorent ou feignent d’ignorer, c’est que les restaurants visés sont exploités en franchise par des propriétaires libanais, et que c’est donc aux intérêts économiques de leur propre pays qu’ils s’en prennent. C’est d’ailleurs ce qu’ont souligné, unanimes, les personnalités qui, comme les députés Fayez Ghosn et César Mouawad, ont dénoncé ces attentats. « Ces attentats sont suspects, aussi bien en raison de leur timing que de leurs objectifs, a déclaré M. Mouawad. Ils surviennent en effet dans un climat de tension régionale qui constitue un défi pour tous, alors que nous avons besoin, par-dessus tout, de la stabilité interne pour offrir du Liban l’image d’un pays en paix et éloigner de nous le spectre de la discorde. Les dommages provoqués par ces attentats visent exclusivement des intérêts économiques libanais.» Le représentant du Mouvement de l’unification islamique, un mouvement islamiste sunnite bien implanté à Tripoli, cheikh Ibrahim Saleh, a jugé que ces attentats étaient « des actions infantiles qui portent atteinte à l’état de la sécurité ». L’enquête sur les attentats a été prise en charge par le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, Maroun Zakhour, qui a inspecté les lieux et a recueilli les dépositions de quatre témoins. Les deux premiers témoins ont été interrogés à Jounieh. Il s’agit d’un ouvrier employé dans une boulangerie située au voisinage immédiat du Winners et du conducteur d’une camionnette de livraison de légumes. Les deux autres témoins interrogés à Tripoli sont un ouvrier étranger travaillant dans une station d’essence proche du Pizza Hut et un passant. Les attentats ont provoqué un vif émoi dans les milieux politiques, en raison de leur résonnance politique éventuelle. Le ministre de l’Intérieur a présidé hier une réunion du Conseil central de sécurité et a annoncé que des mesures supplémentaires vont être prises, qui seront annoncées dans les 48 heures. M. Élias Murr a également pris une série de décisions pour mettre un frein à une vague sans précédent de vols de voitures et à l’extension du petit trafic de drogue dans les milieux urbains, notamment les milieux scolaires et universitaires.