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Actualités - REPORTAGE

II-RECHERCHE SCIENTIFIQUE - Deuxième partie du «Rapport sur l’environnement 2001» L’eau, l’air, la biodiversité et le sol : des ressources naturelles sous pression(photos)

L’état des différentes ressources naturelles, les études disponibles à leur propos, les pressions exercées sur elles par les activités humaines… c’est à ces questions épineuses que s’attaque la seconde partie du Rapport sur l’environnement au Liban 2001. Ce document, préparé par le bureau de consultants Ecodit et l’Observatoire libanais pour l’environnement et le développement (Ledo), travaillant au sein du ministère de l’Environnement avec un financement de l’Union européenne, dresse un bilan des analyses et des chiffres les plus récents pour tout ce qui concerne le secteur écologique. Nous avions publié, la semaine dernière, un aperçu de l’impact des secteurs économiques sur l’environnement tel que décrit dans le rapport. Ce dossier fait le point sur l’état des différents milieux naturels, apportant notamment des révélations cruciales sur l’eau, l’air, la biodiversité et le sol. Ces chapitres présentent un état des lieux général avant de s’attaquer à une description des raisons et de l’impact économique de la dégradation des ressources, ainsi qu’aux mesures politiques et administratives prises pour y mettre un terme. Comme ce rapport ne couvre que la période allant jusqu’à l’année 2001, nous signalerons les changements survenus en 2002 quand c’est le cas. Il faut rappeler que ce document, rédigé dans une langue claire (en arabe et en anglais) et facile à consulter, est également disponible en version CDRom. Il est parcouru de tableaux, de schémas et d’encadrés qui en augmentent la lisibilité. Il faut déplorer, cependant, qu’il ne soit pas mis en vente, qu’il ait été édité en nombre limité et qu’il ne soit disponible qu’au ministère de l’Environnement pour consultation. Un tel document serait un outil précieux pour des personnes travaillant dans plus d’un secteur. S.B. L’eau, une ressource majeure qui risque de faire défaut d’ici 10 à 15 ans L’eau, qui est l’une des ressources les plus précieuses du Liban, ne fait pas l’objet d’un programme national de préservation, malgré les investissements significatifs qui ont été faits dans le domaine. Le rapport met l’accent sur les pressions importantes exercées sur les ressources hydrauliques par les différentes activités humaines, autant sur la quantité que sur la qualité de ces ressources. Plusieurs activités ont un impact sur le cycle de l’eau comme la déforestation, l’irrigation excessive, les canaux de drainage, l’érosion, l’amenuisement des espaces verts… Le rapport estime le taux de précipitation annuel à 8600 millions de mètres cubes, qui donnent naissance à quarante cours d’eau majeurs et plus de 2000 sources. Quant à l’eau souterraine, elle est estimée, selon deux sources d’information différentes, à 400 ou à 1000 millions de mètres cubes par an, principalement approvisionnée par la fonte des neiges. Malgré cette apparente abondance, le Liban risque de manquer d’eau d’ici 10 à 15 ans si un plan de rationalisation de son utilisation n’est pas mis en application. De cette quantité d’eau, il est généralement estimé qu’environ 50% sont perdus par évapotranspiration, sans compter l’eau qui va se déverser dans les territoires des pays voisins, qu’elle soit superficielle ou souterraine. Ce qui laisse au Liban 2600 millions de mètres cubes disponibles, dont 2000 seulement sont exploités. C’est le secteur agricole qui est le principal utilisateur de l’eau, à raison de 60 à 70% de la quantité totale, suivi par les ménages (utilisation domestique) et par l’industrie. Selon des chiffres de l’Administration centrale de la statistique (datant de 1996-1997), le pourcentage moyen de bâtiments reliés à des structures hydrauliques au Liban est de 79%. Le pourcentage le plus élevé est à Beyrouth et au Kesrouan (respectivement 93 et 94%), et le plus bas au Hermel et au Akkar (41 et 49%). L’eau assurée aux ménages provient des cours d’eau superficiels et des nappes phréatiques. Les 15 stations de traitement de l’eau potable au Liban existaient dès avant la guerre et ont été réhabilitées et/ou agrandies ces dernières années. Entre 1995 et 2001, la capacité de traitement de l’eau potable a été augmentée de 50%. D’autres usages de l’eau, comme les stations hydroélectriques ou les activités de loisirs, ont un impact direct sur la pollution et l’amenuisement des ressources. Plusieurs facteurs affectent la qualité de l’eau, et plus d’un secteur peut être considéré comme responsable de sa dégradation. Les résidus de pesticides et d’engrais chimiques provenant de l’agriculture sont une cause majeure de pollution. Les industries rejettent un certain nombre de polluants dans les différentes sources. Mais aucun chiffre précis sur la pollution des ressources (cours d’eau et Méditerranée) par secteur n’est disponible actuellement. Il ne fait cependant aucun doute que ces ressources sont affectées par les déchets liquides et solides émanant de quatre millions de personnes et de 22 000 établissements industriels. Le volume des eaux usées d’origine domestique est estimé dans ce rapport à 249 millions de mètres cubes par an, alors que les eaux usées industrielles avaient été estimées dans de précédents rapports à 22,3 millions de mètres cubes. Intrusion saline dans l’eau potable Des informations sur la qualité de l’eau superficielle ont été collectées auprès de différentes sources, mais les rédacteurs du rapport précisent que toutes ces études ne tiennent compte que des variations géographiques. Pour mieux comprendre les variations temporaires (selon les saisons par exemple), il faudrait une surveillance continue avec des équipements spécialisés, ce qui n’existe pas actuellement au Liban. Une étude menée par le centre des ressources hydrauliques de l’AUB a porté sur neuf fleuves et a mis en évidence la grande concentration de polluants organiques sur les sites. Ces taux importants indiquent que des égouts d’origine domestique se déversent sans traitement dans ces cours d’eau. Les taux importants de nitrate détectés proviennent probablement de sources de pollution d’origine agricole comme les résidus d’engrais chimiques. Les dépotoirs sauvages sont également une source de pollution importante des cours d’eau et des nappes phréatiques, notamment par les liquides qui s’en dégagent et qui contaminent les ressources hydrauliques. À titre d’exemple, le Litani est pollué par cinq dépotoirs, ceux de Baalbeck, de Sifri, de Bar Élias, de Zahlé et de Jeb Jenine. L’impact du dépotoir de Zahlé sur le Berdawni, qui a été mesuré par des spécialistes, s’est traduit par de fortes concentrations de métaux lourds comme le zinc, le cuivre et le nickel. L’étude a également prouvé que le dépotoir dégageait d’importantes quantités d’hydrocarbures et de substances organiques contenant de la chlorite, qui attestent de la présence de résidus de pesticides dans l’eau. Le sol calcaire fissuré du Liban facilite l’infiltration de déchets liquides dans les nappes phréatiques. La pollution est principalement causée par un déversement d’eaux usées domestiques et industrielles, mais elle peut être accidentelle. D’autres sources de pollution incluent les produits agrochimiques et l’intrusion d’eau de mer. Une étude sur la pollution agrochimique menée par le Centre de ressources hydrauliques de l’AUB en 1999, portant sur 31 échantillons de nappes phréatiques dans 13 régions différentes, a montré des concentrations modérées de nitrate et des taux acceptables de phosphate. Quant à l’intrusion d’eau de mer, elle est provoquée par le pompage excessif dans les puits. En 1997, 42000 bâtiments résidentiels au Liban (9% du total) et la plupart des exploitations agricoles étaient équipés de puits. En 1999, une campagne menée par l’AUB sur l’intrusion saline dans l’eau potable a montré que les taux de chlorite y étaient bien supérieurs aux limites prescrites par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et par les standards libanais, qui sont respectivement de 250 et de 200 mg/l. Les concentrations de sodium dépassent également de loin les limites de l’OMS et des standards libanais, de 200 et de 150 mg/l respectivement. Les taux de sodium dépassaient les 5000 mg/l dans certains puits ! Maladies liées à l’eau : 7,3 millions de dollars par an L’eau de mer fait également l’objet d’une pollution de diverses sources terrestres : des fleuves pollués et des égouts non traités qui s’y déversent, des fluides provenant des dépotoirs côtiers, des hydrocarbures résultant des fuites routinières ou accidentelles des bateaux, etc. Il existe actuellement 53 égouts déversant leur contenu sans aucun traitement tout au long de la côte. Les complexes balnéaires et autres aménagements côtiers, notamment les remblais, augmentent la pression sur le littoral. Une étude de l’AUB en 2000, portant sur trente localités côtières allant de Tyr à Akkar, a montré la présence de traces de différents pesticides ainsi que de fortes concentrations de nickel, de cuivre, de chrome, de plomb et d’arsenic en plusieurs endroits. La pollution organique provient en majeure partie des 950000 mètres cubes d’eaux usées produites par jour par 2,3 millions d’habitants des zones côtières. Des dix régions côtières surveillées par le Centre national de sciences marines du CNRS, seules les plages de Batroun ont été déclarées saines pour les baigneurs. Dans les autres localités, les taux de polluants organiques étaient bien trop élevés. Autre question épineuse : la qualité de l’eau potable. Au Liban, les Offices de l’eau sont chargés de procurer, de traiter et de distribuer l’eau potable aux ménages. L’eau est soit chlorée à la source, soit traitée dans des centres spécialisés. Mais la qualité de l’eau potable peut se détériorer en route (interaction avec des canalisations d’eaux usées par exemple), ce qui cause des cas de maladies infectieuses. Entre 1995 et 2000, le nombre de cas de dysenterie, d’hépatite A, de typhoïde et d’autres maux liés à l’eau ont dramatiquement baissé, mais pas de façon égale selon les régions : alors que Nabatiyé et le Liban-Sud ont connu une amélioration certaine, les cas ont continué à se multiplier au Liban-Nord. Le coût des conséquences d’une dégradation de la qualité de l’eau sur la santé, tel que calculé par Ecodit, a été estimé à 7,3 millions de dollars par an. Le coût de l’achat de l’eau en bouteille, qui découle du même fait, serait de 7,5 millions de dollars. Toutefois, les rédacteurs du rapport avertissent que la méthodologie qu’ils ont employée pour parvenir à ces chiffres tient compte de paramètres plutôt conservateurs, et que le coût réel serait encore supérieur si on ajoutait de nouveaux éléments à l’étude de ce phénomène complexe. Enfin, le rapport met l’accent sur les perspectives de réorganisation des Offices de l’eau et des dépenses sur des projets hydrauliques (le CDR a approuvé 129 contrats d’une valeur de plus de 400 millions de dollars entre 1992 et 2000), ainsi que sur les obstacles auxquels ferait face une éventuelle privatisation du secteur. La pollution de l’air : une facture exorbitante pour la société Un grand nombre de polluants générés par les activités humaines est régulièrement lâché dans l’air, provoquant, en retour, de graves conséquences sur la santé humaine. Ces polluants toxiques sont tantôt des gaz nuisibles pour la couche d’ozone, tantôt des gaz à effet de serre. Une dégradation de la qualité de l’air contribue à la multiplication des maladies respiratoires et cardiaques, et de cancers dans les cas extrêmes. Préserver la qualité de l’air devrait donc être une priorité pour la santé publique, mais les efforts du gouvernement dans ce sens viennent juste de commencer. Il faut évoquer l’interdiction de plusieurs types de véhicules roulant au (mauvais) mazout qui est entrée en vigueur en 2002, c’est-à-dire après la publication du rapport qui y fait allusion comme d’une mesure à venir. Le rapport fait état des quelques tentatives de mesure de la pollution de l’air qui, bien que significatives, sont restées sporadiques et/ou discontinues. Pour bien mesurer l’ampleur du phénomène, il faudrait instaurer un système de mesure continue de tous les polluants, bien répandu géographiquement. Le laboratoire de qualité de l’air de l’Observatoire de l’environnement et du développement de Tripoli mesure, dans cette ville, les particules suspendues depuis avril 2000, et le dioxyde de soufre (SO2) depuis avril 2002. Les proportions constatées sont supérieures aux limites établies. À Beyrouth, les particules microscopiques ont été mesurées à la rue Bliss de mars 1997 à mai 1998, et leur taux s’est avéré très supérieur aux normes libanaises et aux standards de l’OMS. Par ailleurs, une première étude du coût économique de la pollution de l’air a été entreprise en 1999 (Djoundourian et al.). Cette étude se place dans un contexte d’augmentation des particules de l’ordre de 10 microgrammes par mètre cube. Prenant en compte les décès supplémentaires par an, les admissions à l’hôpital, les visites aux urgences et les jours d’absence, cette étude a estimé le coût de santé dû à la pollution à plus de 10 millions de dollars par an (pour 10 microgrammes supplémentaires). En conséquence, si les standards internationaux étaient respectés (réduction de 100 microgrammes par mètre cube), le Grand Beyrouth ferait l’économie de plus de 106 millions de dollars par an. Le rapport insiste d’ailleurs sur les bénéfices économiques d’une lutte contre la pollution de l’air, notamment ceux liés à une baisse de mortalité due à des maladies respiratoires ou autres. Le rapport consacre d’ailleurs une bonne partie de ce chapitre au plomb trouvé dans l’essence et à ses méfaits. Ainsi, une interdiction de l’essence avec plomb générerait, selon les chiffres avancés, des économies de l’ordre de 132,2 millions de dollars par an pour le secteur de santé publique. Il faut préciser que l’essence avec plomb a été récemment interdite au Liban. Parmi les mesures prises par les autorités, le rapport cite les standards mis au point par le ministère de l’Environnement et son programme Spasi, financé par l’Union européenne, pour limiter les émissions de l’industrie. Ces standards couvrent les pollutions externe et interne, ainsi que les nuisances sonores et la durée d’exposition à la pollution. Selon le rapport, le respect de ces normes par les industries se fait de plus en plus évident. Un dialogue a été instauré avec les industries de ciment, responsables d’émissions importantes de particules, afin de les pousser à investir dans des équipements qui limitent la pollution, ce que les quatre grandes usines ont commencé à faire dès 1998-99. Elles ont également été sommées d’envoyer des rapports réguliers sur les émissions de polluants au ministère de l’Environnement dès 2000. En conclusion, le rapport fait remarquer que, pour instaurer un système de surveillance continue du taux de pollution dans le pays, il faudrait mobiliser des ressources techniques et humaines non négligeables. Ce serait un rôle potentiel pour le ministère de l’Environnement, surtout que certaines initiatives ont ouvert la voie. À ce sujet, le rapport cite le laboratoire de qualité de l’air de l’Observatoire pour l’environnement et le développement de Tripoli, un projet financé par la ville de Barcelone, en Espagne. Pour sa part, la faculté de génie et d’architecture de l’AUB s’est dotée d’une station mobile de mesure du taux de pollution, avec l’aide de l’USAID. De tels exemples pourraient être suivis. Biodiversité et héritage naturel C’est la diversité de ses microclimats et de sa géomorphologie qui forme la richesse naturelle du Liban. Une richesse naturelle qu’il s’agit de préserver, alors qu’elle se trouve déjà bien malmenée par la dégradation écologique... Après la signature de la Convention mondiale sur la biodiversité en 1992 et sa ratification en 1994, le gouvernement a préparé la première étude sur « La diversité biologique au Liban », exécutée par le ministère de l’Agriculture et le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue), et publiée en 1996. Parmi les chiffres avancés dans cette étude, le rapport retient l’identification de 9119 espèces, flore et faune confondues. On estime cependant que ce nombre ne représenterait que 20% des espèces qui peuplent réellement le Liban. Il reste donc encore beaucoup à faire... L’étude citée plus haut a été réalisée par un groupe de 33 scientifiques, avec des fonds disponibles dès 1994. Il faut retenir toutefois que plusieurs aspects de cette étude continuent de faire l’objet d’un débat entre les scientifiques, et ces débats persisteront, selon les rédacteurs du rapport, tant que des recherches sur le terrain n’auront pas remplacé les informations théoriques. Le rapport a donc insisté sur la richesse géomorphologique du Liban, doublée des traces, positives ou négatives, laissées par les différentes civilisations sur cette terre (forêts de cèdres décimées, forêts de pins plantées…). Le Liban peut être divisé en cinq régions géomorphologiques principales : la zone côtière, le Mont-Liban, la plaine de la Békaa, la chaîne de l’Anti-Liban et le Liban-Sud. Environ les trois quarts de la superficie totale du Liban sont montagneux, ce qui confère à ce territoire une diversité topographique qui favorise les microclimats (il y en a 22), et la biodiversité. D’un autre côté, les terrains en pente sont sujets à l’érosion et à la dégradation du sol s’ils sont mal entretenus. La zone côtière, elle, est particulièrement vulnérable au développement urbain. Suite à la ratification de la Convention internationale sur la biodiversité, le Liban a le devoir de prendre plusieurs mesures afin de protéger ses espèces naturelles, et de publier des rapports réguliers. En novembre 1998, le ministère de l’Environnement a élaboré une stratégie nationale pour la protection de la biodiversité, en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et le Fonds mondial pour l’environnement (GEF). Cette stratégie prévoit la protection de la biodiversité terrestre, marine, fluviale, agricole, la préservation des écosystèmes, etc. Le rapport ne donne pas de plus amples précisions sur le travail accompli depuis 1998. Toutefois, la préservation des écosystèmes est tributaire de tant de facteurs qu’on pourrait se demander si, dans le contexte actuel de dégradation écologique, un quelconque objectif que s’est fixé le ministère dans cette stratégie a été atteint... Par ailleurs, le rapport consacre plusieurs pages à l’étude plus détaillée de la flore, de la faune et de la couverture végétale. Le sol et la terre, une source naturelle négligée La terre accueille toutes sortes d’activités économiques qui, à leur tour, affectent le sol. L’agriculture peut potentiellement mener à une érosion et à une dégradation du sol. L’industrie utilise une superficie moins importante, mais doit être organisée en zones bien précises. La construction a grignoté beaucoup de terrain au Liban et a causé des dégâts aux paysages. Le transport exige un réseau routier qui a souvent été construit sans prendre en compte les considérations écologiques. Le développement des stations de ski peut représenter un danger pour les écosystèmes fragiles. Le secteur de l’énergie a également un impact sur les ressources par sa transformation de paysages et le stockage de fuel qu’il implique. La première carte MOS (mode d’occupation du sol) date de 1962 et a été exécutée par l’armée et l’Institut géographique national de France. Elle reste une source précieuse d’informations, bien qu’elle soit dépassée sans avoir été remplacée par une autre carte digne de ce nom. Le ministère de l’Environnement, par le biais de son programme Ledo, a récemment publié une carte récente, avec l’aide technique du CNRS et du Cermoc. D’autre part, le Centre national de télédétection du CNRS a produit une nouvelle carte de répartition des sols du Liban. Par ailleurs, le rapport souligne le fait que, malgré sa grande valeur naturelle et socio-économique, notamment dans un pays à l’urbanisation galopante, le sol n’a fait, au Liban, l’objet d’aucune stratégie significative de préservation. Le sol est un important régulateur biologique pouvant, s’il est bien préservé, amortir les effets de la pollution sur les écosystèmes. La dégradation du sol peut être causée par des facteurs naturels, mais aussi socio-économiques (densité populaire, développement urbain, agriculture...). Plusieurs risques majeurs de dégradation sont retenus dans le document. Il est estimé que 815000 moutons et chèvres dépendent partiellement des terres sauvages pour le pâturage, causant une réduction de la couverture végétale. Les agriculteurs utilisent environ 32000 tonnes d’engrais et 2500 tonnes de pesticides par an, contaminant gravement le sol. La construction de routes dans des zones encore vierges ouvre la voie à une expansion urbaine. Enfin, ce chapitre met l’accent sur deux zones particulièrement sensibles (pour des raisons différentes) : la zone côtière et le Liban-Sud récemment libéré de l’occupation israélienne. La première s’étend sur environ 162000 hectares et abrite quelque deux millions et demi de personnes qui contribuent à 73% du PIB. Le document évoque les abus sur le domaine public maritime, dont 23% sont occupés par des complexes balnéaires, des unités commerciales et industrielles et des ports. Quant au Liban-Sud, sa libération a suscité un grand intérêt dans le potentiel que représente ce nouveau territoire disponible. Le défi reste d’assurer le développement urbain de cette région tout en préservant ses caractéristiques naturelles.
L’état des différentes ressources naturelles, les études disponibles à leur propos, les pressions exercées sur elles par les activités humaines… c’est à ces questions épineuses que s’attaque la seconde partie du Rapport sur l’environnement au Liban 2001. Ce document, préparé par le bureau de consultants Ecodit et l’Observatoire libanais pour l’environnement et...