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Actualités - CHRONOLOGIE

médias - Débat houleux au stand de « L’Orient-Le Jour » La liberté d’expression soulève les passions au Biel(photos)

Liberté d’expression et éthique, deux ingrédients indispensables au journalisme sans lesquels ce métier ne serait plus. Les journalistes en ont conscience, le public aussi. Preuve en est la foule nombreuse qui s’est rassemblée hier devant le stand de L’Orient-Le Jour au Salon du livre français au Biel, où se tenait une conférence-débat sur le thème de « La formation au métier de journaliste ». D’une discussion académique qui était à l’origine destinée aux futurs étudiants en journalisme, le débat a viré aux questions des libertés fondamentales, attirant des intellectuels et des jeunes de tous bords. Un débat qui a d’ailleurs culminé avec l’annonce faite par une journaliste du Nahar, de l’annulation de la signature par Nida’ Abou Mrad, d’un CD de musique spirituelle, retenu par la Sûreté générale « pour des raisons de censure ». C’est un véritable état des lieux et pas des plus optimistes qui a été dressé hier par des professionnels du métier sur la situation des médias au Liban. Quel est l’avenir de la presse dans ce pays ? Le journaliste a-t-il toujours la marge de liberté nécessaire pour l’exercice de son métier ? Y a-t-il des lignes dites rouges ou jaunes infranchissables ? Mais aussi que devient l’éthique de nos jours ? Autant de questions adressées par un public encore sous le choc de la fermeture de la MTV et de plus en plus frustré par le recul des libertés au Liban. Un constat tout d’abord fait par Pascal Monin, professeur et directeur du DESS de journalisme à l’USJ : « Le Liban était le berceau du journalisme dans le monde arabe. » Entendre, « il ne l’est plus de nos jours ». Du moins, pas dans les mêmes termes, souligne l’intervenant, en faisant remarquer que les problèmes auxquels font face les journalistes sont certes multiples, mais insuffisants pour démoraliser ces derniers. « Ils doivent, au contraire, poursuivre leur lutte au quotidien, en poussant la barre de la liberté toujours un peu plus haut », dit-il. En réponse à une question sur l’indépendance du journaliste par rapport au pouvoir politique et économique, M. Hachem Husseini, professeur et membre du comité directeur du DES de journalisme à l’UL, dira que c’est à ce niveau-là qu’intervient l’éthique. D’où la nécessité d’une formation solide en déontologie qui peut prémunir les étudiants et futurs journalistes contre d’éventuels « glissements », ce à quoi, notre collègue de L’Orient-Le Jour Ziad Makhoul rétorque, en disant que « la solution n’est pas toujours théorique mais que seul le travail de terrain est révélateur de l’attitude du journaliste ». Sollicité pour témoigner de son expérience professionnelle, M. Makhoul commente l’état des libertés, en affirmant que « le Liban est actuellement à mi-chemin entre Damas et Stockholm ». La fermeture de la MTV reviendra sur toutes les bouches, certains intervenants ayant estimé que la presse ne s’est pas suffisamment solidarisée avec ce média. « Au contraire », répond Joseph Mokarzel, propriétaire du journal satirique al-Dabbour, qui a rappelé que la dénonciation a été virulente, mais que les responsables politiques n’en ont pas tenu compte. Et une jeune femme du public de réagir en disant : « Les gouvernants ne veulent jamais la vérité. C’est leur seule vérité qu’ils veulent entendre. Par conséquent, c’est aux journalistes de forcer la main ». L’attaché audiovisuel auprès de l’ambassade de France, M. Pierre Devoluy, estime pour sa part qu’il ne faut surtout pas y voir un affaiblissement de la déontologie des journalistes libanais. « L’expérience de la MTV est bénéfique dans la mesure où elle va attiser leur volonté de se battre face aux répressions. » En sa qualité de responsable du comité des anciens du DESS de journalisme, notre collègue du Commerce du Levant, Mona Barouki, relance le débat sur la question de l’éthique, en soulignant qu’il s’agit d’un problème auquel fait face le monde entier et non seulement le Liban. « L’éthique est payante », dit-elle, en citant les scandales provoqués par la société américaine Enron ou par les manipulations génétiques en médecine moderne. D’ailleurs, c’est sur le thème de la déontologie que tableront les membres du comité au cours de l’année à venir, fait remarquer l’intervenante. M. Monin va dans le même sens en rappelant que la question de la liberté du journaliste est un problème universel. « Ne croyez pas que les journalistes en France jouissent d’une liberté absolue », dit-il. Pierre Devoluy ajoute, pour sa part, que les grandes vedettes du journalisme français sortent de la même école, « et pourtant , dit-il, certains se sont fait remarquer plus que d’autres à cause de leur respect absolu de la déontologie du métier ». La tâche du journaliste est-elle simplement d’informer ? Devons-nous avoir une presse d’information, d’opinion ou d’investigation ? Une question controversée qui suscitera également une longue discussion sur la nature même de ce métier. Pour M. Monin, le journalisme d’investigation n’existe pas traditionnellement au Liban. Il y a toutefois quelques tentatives qui vont dans ce sens, a-t-il souligné, tout en plaidant en même temps en faveur d’une presse d’information et d’une presse d’opinion. « C’est le fondement même de la démocratie », a-t-il dit. Je.J.
Liberté d’expression et éthique, deux ingrédients indispensables au journalisme sans lesquels ce métier ne serait plus. Les journalistes en ont conscience, le public aussi. Preuve en est la foule nombreuse qui s’est rassemblée hier devant le stand de L’Orient-Le Jour au Salon du livre français au Biel, où se tenait une conférence-débat sur le thème de « La formation au...