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Actualités - CHRONOLOGIE

Débat Tuéni : « Les Arabes doivent éviter de naviguer dans l’imaginaire »

« Un livre à trois voix, à trois pensées ». C’est en ces termes que Ghassan Tuéni a décrit l’ouvrage collectif qu’il vient de lancer avec deux grands historiens, Jean Lacouture et Gérard D. Khoury. Intitulé : Un siècle pour rien, l’ouvrage a été l’occasion de réunir trois spécialistes du Moyen-Orient, dans le cadre du Salon du livre français, pour discuter, à bâtons rompus, du monde arabe face à ses « occasions manquées ». Animé par Henri Laurens, historien et chercheur, le débat a permis aux auteurs de survoler les thèmes abordés dans cet ouvrage, en essayant tant bien que mal d’atténuer le pessimisme suggéré par le titre. Devant un parterre impressionnant de responsables politiques et d’intellectuels – notons la présence de l’ancien chef de l’État Élias Hraoui, accompagné de son épouse, des anciens ministres Michel Eddé et Bahij Tabbarah, du député Robert Ghanem et de l’ambassadeur de France, Philippe Lecourtier –, les trois auteurs se sont relayés pour faire part, chacun à son tour, de ses réflexions sur cette période de l’histoire, à savoir « le Moyen-Orient arabe, de l’empire ottoman à l’empire américain ». D’abord, comment est née l’idée de cet ouvrage ? Par goût de l’histoire et de l’entretien – puisque le livre adopte un système de questions /réponses – mais aussi, parce qu’il était « difficile de laisser échapper l’expérience d’un demi-siècle », souligne Gérard D. Khoury, qui dit avoir toujours voulu connaître l’opinion d’un grand journaliste tel que Ghassan Tuéni sur le Proche-Orient. Une ambition également partagée par Jean Lacouture, un orientaliste qui a appris à connaître la région à la suite d’un long séjour passé en Égypte. C’est à lui d’ailleurs qu’incombera la charge de poser les 25 questions, qui constitueront le point de départ d’une réflexion sur les moments-clés de l’histoire contemporaine du monde arabe, une histoire qui charrie un certain nombre de déceptions. Gérard D. Khoury relève les « trois occasions manquées qui sont, pour moi, déterminantes », dit-il en citant la période du découpage du monde arabe à partir des années 1920, le nationalisme de Gamal Abdel Nasser, et la période de l’histoire de la Palestine et de la guerre au Liban. « Ce qui est à l’arrière-plan historique de ces occasions manquées, c’est probablement la rupture des règles d’équilibre dans la région », souligne M. Khoury. « Dans l’Empire ottoman, l’équilibre allait du fort au faible, de la majorité aux minorités. Depuis les indépendances, on est passé d’un système qui va du faible au fort c’est-à-dire par l’utilisation des minorités en brimant l’équilibre des majorités », relève-t-il. Il précise que désormais, l’équilibre ne se fonde plus sur l’arabité, mais sur une nouvelle donne qui est celle d’un « islam plus modéré qui est en train de se dessiner à l’horizon ». « Le siècle d’après peut-il être une siècle pour quelque chose ? » s’interroge à son tour Gassan Tuéni, en posant le postulat de « l’extension de l’empire américain ». « Pour les Arabes, il faut surtout éviter de naviguer dans l’imaginaire, à la recherche de mythes nouveaux », affirme le conférencier, en prônant une politique de réalisme et d’acceptation de l’autre. « En s’insérant naturellement dans le monde arabe et en se portant solidaires de toutes les causes arabes, sans tricher, notamment avec l’islam, les Libanais doivent vivre ce défi qui est lancé à l’islam », conclut M. Tuéni.
« Un livre à trois voix, à trois pensées ». C’est en ces termes que Ghassan Tuéni a décrit l’ouvrage collectif qu’il vient de lancer avec deux grands historiens, Jean Lacouture et Gérard D. Khoury. Intitulé : Un siècle pour rien, l’ouvrage a été l’occasion de réunir trois spécialistes du Moyen-Orient, dans le cadre du Salon du livre français, pour discuter, à...