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Actualités - OPINION

Recette homéopathique haririenne : traiter le politique par l’économique

C’est logique : puisque le politique se porte mal et en même temps nuit à l’économique, qui déjà n’allait pas très bien (doux euphémisme), il faut traiter l’un par l’autre et vice versa. D’une manière assez lointaine côté climat, mais très semblable côté équation arithmétique, cette approche rappelle un peu ce propos de boudoir attribué à Paul Géraldy : « Comme on s’aime beaucoup soi-même, quand quelqu’un vous aime, on l’aime… par conformité de goût. » En d’autres termes, les haririens, qui ont autant de goût pour l’économique que pour le politique, veulent que ces deux branches malades de l’arbre national se soutiennent mutuellement. Cela explique pourquoi l’on entend très peu Hariri parler politique ces temps-ci. Il ne veut pas s’impliquer dans des joutes qu’il réprouve comme déstabilisatrices. Même s’il lui en coûte de paraître se démarquer d’un pouvoir dont, après tout, il fait partie. Il ne craint toutefois pas que les lahoudistes ou les murristes lui reprochent de les lâcher : ce sont eux-mêmes qui lui ont fait savoir, à maintes reprises, que son domaine réservé était l’économique, avec un zeste de diplomatique. Mais pas le volet politique intérieur, et encore moins la stabilité-sécurité, chasses gardées du régime comme de son premier cercle. Paradoxalement, c’est l’opposition surtout qui en veut à Hariri à cause de sa neutralité. En effet, au lieu de se réjouir qu’au moins le président du Conseil ne tire pas à boulets rouges sur eux, les opposants regrettent qu’il ne prenne plus exemple sur lui-même. Et qu’il ne réagisse pas à toutes les dérives enregistrées ces derniers temps, à leur avis, comme il l’avait fait en août 2001, en tapant du poing sur la table du Conseil des ministres contre les Services. Concrètement cependant, le Premier ministre a beaucoup trop à faire avec la préparation de Paris II pour se laisser distraire par des polémiques. Le rendez-vous se rapproche en effet à grands pas, puisqu’il est prévu pour le lendemain (ou le surlendemain) de la fête de l’Indépendance, dans deux petites semaines. Hariri, selon ses proches, a réussi par ses voyages effrénés à travers la planète à lever beaucoup d’obstacles. Il est confiant dans le succès de l’entreprise, mais rien n’est jamais absolument garanti avant que ne tombe le drapeau à damier confirmant la fin de la course. Et il est en tout cas certain que des troubles, des tensions politiques intérieures au Liban feraient bien mauvais effet sur le tableau riant qu’il s’agit de présenter aux créanciers pour les faire patienter et aux bailleurs de fonds pour qu’ils mettent la main à la poche. En Amérique, Hariri a obtenu la confirmation de la participation de la Banque mondiale, du FMI et de l’Administration US à la conférence de Paris. Le projet est appuyé par les Américains, qui précisent toutefois qu’ils ne prennent au stade actuel aucun engagement ferme de fournir des assistances financières. Leur rôle se limiterait à soutenir les sollicitations du Liban auprès des pays qui leur sont alliés. Notamment pour rééchelonner la dette libanaise sur 30 ans, à des taux revus à la baisse. Il se confirme par ailleurs que les Américains, et dans leur foulée la Banque mondiale et le FMI, ne lient plus le volet financier et économique aux conditions constantes concernant la neutralisation du Hezbollah, des camps palestiniens, du Wazzani et l’envoi de l’armée sur la ligne bleue. Ils lèvent donc la pression. Mais pourquoi ? Parce que, répondent des diplomates, ils sont bien placés pour savoir que les décisions ne sont pas aux mains des Libanais. Et parce qu’ils ne veulent pas que ce pays s’effondre économiquement, car il deviendrait une poudrière incontrôlable, à un moment où ils veulent du calme pour pouvoir agir contre l’Irak. L’agacement politique américain persiste cependant. Washington ne s’est pas laissé convaincre par les arguments libanais. À savoir qu’on ne peut juguler la résistance tant qu’Israël continue à occuper Chebaa. Une résistance dont la légitimité est reconnue, en base de la Charte des Nations unies, par les Américains eux-mêmes qui ont été partie (avec la France et la Syrie) aux arrangements d’avril 1996. Toujours est-il que les Occidentaux ont mis depuis quelque temps une sourdine à leur exigence d’un déploiement de l’armée libanaise au Sud et d’une neutralisation du Hezbollah comme des Palestiniens. Ils continuent à appeler cependant les protagonistes à la retenue, c’est-à-dire au maintien de la trêve sur le terrain. La priorité étant, comme on sait, au dossier irakien. Où ce n’est pas de trêve mais de guerre qu’il s’agit… Pour Hariri, et pour finir, la priorité, c’est la récession, qu’il faut faire reculer. On ne peut que lui souhaiter de réussir. En espérant que d’éventuelles éclaircies économiques s’accompagnent d’une détente sur le plan politique. Philippe ABI-AKL
C’est logique : puisque le politique se porte mal et en même temps nuit à l’économique, qui déjà n’allait pas très bien (doux euphémisme), il faut traiter l’un par l’autre et vice versa. D’une manière assez lointaine côté climat, mais très semblable côté équation arithmétique, cette approche rappelle un peu ce propos de boudoir attribué à Paul Géraldy : «...