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Actualités - OPINION

Des échéances cruciales qui commandent un retour à la raison (d’État)

En perspective, la lourde menace d’une frappe US contre l’Irak qui ferait basculer dans l’inconnu toute l’histoire de la région. Et de ce pays. Mais il y a aussi, tout aussi crucial, l’échéancier financier et économique : le budget 2003, que la Chambre doit examiner et, Paris II. Pour aborder la phase active d’une amorce de redressement, comme pour parer au mieux aux dangers extérieurs, il faut que le jeu se calme à l’intérieur. Le gouvernement souhaite, naturellement, que son projet de budget passe à la Chambre comme une lettre à la poste. Vite. La balle est aujourd’hui dans le camp des commissions parlementaires, qui planchent sur le texte, avant d’échoir dans les mains du speaker Nabih Berry. La longueur et l’intensité du débat dépendent en effet, et en grande partie, de la direction du chef d’orchestre. Doté en l’occurrence non pas d’une baguette (magique), mais d’un marteau qui lui permet d’imprimer à la partition le tempo qu’il veut. Berry, on le sait, ne le cède en rien à son prestigieux prestidigitateur de prédécesseur, Sabri Hamadé. Qui faisait approuver le budget par article unique, pour aller plus vite. Ou, si cela ne lui était pas loisible, faisait dévider le chapelet par l’huissier lecteur à la vitesse d’une rafale de mitrailleuse. Quitte, en revanche, à faire traîner les séances pendant des semaines, quand la tête du gouvernement en place ne lui revenait pas. Aujourd’hui, tout semble indiquer (coalition des grands blocs oblige) que l’on va aller rapidement en besogne. Au prix de quelques menues retouches, convenues d’avance, pour répondre à des revendications déterminées. Beaucoup d’observateurs pensent dès lors que le budget serait approuvé avant même Paris II, annoncé par Chirac pour la dernière semaine du mois en cours. Le budget est en tout cas une figure imposée, une condition préalable, comme le président français l’a confirmé dans son discours place de l’Étoile. Certains y ont vu du reste une immixtion légère, bien intentionnée, mais néanmoins injustifiée, dans les affaires intérieures de ce pays. En oubliant un peu vite que c’est le Liban lui-même qui demande à la France, et à d’autres, de l’aider en se mêlant justement de ses petites affaires financières. De tels échos suscitent, est-il besoin de le dire, des doutes sur les intentions de ces parties. Qui pourraient vouloir mettre des bâtons dans les roues budgétaires, pour compromettre Paris II. Car cette conférence est vue différemment au niveau des tenants du pouvoir. Certains positivent à son égard. Mais d’autres dirigeants confient en privé qu’il y a tout lieu de craindre un fiasco, plus ou moins masqué. Ils rappellent le précédent, un peu oublié, de la fameuse conférence des Amis du Liban tenue en 1996 à New York et qui avait promis quelque 3 milliards (de dollars) dont le Liban n’a pas vu le premier liard. Serait-on abreuvé, encore une fois comme pour le Fonds arabe créé lors de Taëf, de vaines promesses ? Non, répondent les optimistes, car Paris II cela va être bien plus un moratoire pour la dette existante que des dons. Certes, mais en tout cas, les décisions ne valent que par leur exécution. Plus précisément, l’on a avancé la date de Paris II, pour éviter que le rendez-vous ne soit annulé à cause d’une éventuelle frappe américaine en Irak. Or, dans cette logique, il semble évident, disent les sceptiques, que les résolutions prises tomberaient comme feuilles d’automne si la guerre redoutée devait survenir. Ce à quoi les optimistes répondent en indiquant que les contrats de dette auraient été déjà modifiés, ce qui est essentiel ; et qu’on s’efforcerait d’obtenir des assistances, pour le volet donations, dès la tenue de la conférence, sans délai. Toujours est-il que, contrastant avec l’attitude de soutien d’un Chirac par exemple, qui travaille manifestement pour le Liban, certains Libanais n’œuvrent que pour eux-mêmes. Quant aux Américains, on ne sait quoi en penser. Ils ont paru passer d’une attitude de réserve à une approche positive, promettant de soutenir Paris II. Puis ils se sont remis à poser des conditions. On devrait être fixé à leur sujet à la lumière de la position que le FMI et la Banque mondiale vont afficher. Cependant, un spécialiste peu suspect de sympathie pour l’actuel gouvernement, l’ancien ministre des Finances Georges Corm, pense que Paris II a des chances de réussir parce qu’il existe une décision régionalo-internationale de ne pas permettre une implosion financière, et monétaire, du Liban. Il critique le budget dont la réduction de déficit est due selon lui à de pesantes majorations fiscales et au non-paiement d’arriérés d’échéances. Et il relève qu’il y aurait un prix à payer pour le soutien international. Émile KHOURY
En perspective, la lourde menace d’une frappe US contre l’Irak qui ferait basculer dans l’inconnu toute l’histoire de la région. Et de ce pays. Mais il y a aussi, tout aussi crucial, l’échéancier financier et économique : le budget 2003, que la Chambre doit examiner et, Paris II. Pour aborder la phase active d’une amorce de redressement, comme pour parer au mieux aux...