Ramadan Sentiment de désarroi et d’injustice dans la communauté musulmane

Le mois de ramadan qui débute aujourd’hui ouvre chez les musulmans une période de jeûne diurne de trente jours. Chaque musulman est tenu de s’abstenir de manger et de boire, du lever jusqu’au coucher du soleil. Le jeûne du mois de ramadan rappelle aussi au musulman son devoir de se conduire d’une façon agréable et juste avec ses semblables, gardant une moralité exemplaire et un rapport harmonieux et généreux avec son entourage. Le Prophète Mahomet a déclaré à plusieurs reprises que : « Celui qui ne renonce pas aux mensonges ni aux pratiques qui y correspondent, Dieu n’a nul besoin qu’il renonce à la nourriture et à la boisson. » Dans d’autres occasions, le Prophète a annoncé que celui qui parvient à dormir alors que son voisin a le ventre vide n’est guère considéré comme croyant. Si le mois de ramadan est accueilli cette année avec un esprit de religiosité et un désir de se rapprocher de Dieu, il y a néanmoins un sentiment de désarroi et d’injustice ressenti dans tous les pays musulmans. Désarroi lorsqu’on entend, ici et là, certaines informations : prises d’otages, exécutions d’innocents par un commando indépendantiste, voiture piégée tuant des centaines d’innocents ou un tireur fou choisissant ses victimes au hasard. Le point commun des auteurs de tous ces crimes étant leur appartenance à l’islam. Que ces groupes aient agi ou non au nom de l’islam, il est clair, et cela constitue un principe fondamental pour tout musulman croyant, que ces agissements ne sont pas uniquement condamnables et insoutenables, mais que quiconque tue ne serait-ce qu’un seul innocent est considéré comme s’il avait tué toute l’humanité. Cette condamnation s’applique aussi à celui qui fait assumer à une personne la responsabilité d’un tort qu’elle n’a pas commis. Injustice, quand dans le contexte international, une politique visant à associer l’islam au terrorisme commence à gagner du terrain. Des voix s’élèvent pour critiquer la croyance et les valeurs de l’islam sans prendre la peine d’éviter l’amalgame et de distinguer entre les agissements de quelques individus (les motifs de leurs crimes ne nous intéressent pas ici) et les valeurs religieuses universelles de l’islam. Avant que les premiers chrétiens n’obtiennent droit de cité, des calomnies ont été répandues à leur sujet et à l’égard de leurs dogmes et croyances. La première puissance mondiale a-t-elle donc pris le relais de l’Empire romain dans la persécution de la foi ? Oui, les musulmans redoutent aujourd’hui la calomnie, l’incompréhension, le racisme et l’injustice. Mohammed NOKKARI Directeur général de Dar el-Fatwa Chef du cabinet du mufti de la République