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Actualités - CHRONOLOGIE

Le Rassemblement parlementaire de concertation souhaite dégager une position chrétienne unifiée Ferzli : On ne peut passer sa vie à regarder en arrière(photo)

De belles paroles et des objectifs nobles, pour cacher une réalité politique qui ne l’est pas vraiment. À plus de trois mois de sa création, le Rassemblement parlementaire de concertation (RPC), qui regroupe plus de 40 députés et ministres chrétiens, n’arrive toujours pas à démarrer, paralysé par le grand nombre de ses membres, le parallèle avec le Rassemblement de Kornet Chehwane et, surtout, par « l’importance du but qu’il s’est fixé », selon l’un de ses principaux moteurs, le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli. Pour lui, il s’agit essentiellement de dégager une vision chrétienne commune, avant de définir une stratégie pour les chrétiens du Liban, de manière à renforcer leur présence et leur rôle de « pont entre le monde arabo-musulman et l’Occident ». En attendant, le RPC prépare un document de travail qui sera ensuite soumis au patriarche maronite et au président Lahoud et qui peut servir de base à tout dialogue. Il a beau être connu pour ses talents d’orateur, le vice-président de la Chambre n’en a pas moins des accents de sincérité lorsqu’il parle de la situation des chrétiens et de la diminution de leur présence dans les régions limitrophes, dont il est l’un des représentants. « Les chrétiens des villages lointains sont les premières victimes de la politique de désespoir et de dégoût que sont en train de répandre certains politiciens. Nous voulons renverser cet état d’esprit et revenir à ce courage qu’ont eu nos ancêtres, qui, après 400 années d’occupation ottomane, ont gardé leur créativité, réinventant un rôle d’avant-gardistes dans la région. » Ne pas répéter l’erreur de 1982 Ferzli refuse de considérer que le RPC a été créé pour faire le contrepoids de KC. Mais il précise qu’il est né à la suite du congrès de Los Angeles. « Il s’agissait d’une réaction à ce que nous considérons comme une faute stratégique. Car ce congrès, par sa seule tenue, a voulu redonner aux chrétiens du Liban le rôle qu’ils avaient en 1982, lors de l’invasion israélienne. Or, nous ne pouvons plus nous permettre ce genre d’attitude et, dans ce cas, le silence équivaut à une couverture. Il nous fallait réagir, d’autant que cela fait des années que les chrétiens n’en finissent plus de payer la facture pour leur position à cette époque. » Le RPC a donc choisi d’œuvrer en vue d’une vision chrétienne unifiée. Le projet a été soumis au patriarche Sfeir et le vice-président de la Chambre dément les informations selon lesquelles Mgr Sfeir l’aurait mal accueilli. « Il attend notre document de travail et il nous a encouragés sur la voie du dialogue. » Selon Ferzli, trois grands thèmes se dégagent à l’heure actuelle : l’unité du peuple, l’entente nationale et le dossier des relations libano-syriennes. « Le Rassemblement de KC a été seul sur la scène pendant plus d’un an et il n’a pas réussi à tenir un discours rassembleur ou à dégager une vision chrétienne unifiée, qui permettent aux chrétiens de rejouer un rôle essentiel . » La contestation des jugements judiciaires ne peut se faire dans la rue Mais jusqu’à présent, le RPC ressemble à un club des « amis de Ghazi Kanaan » ? « Si l’on tient ce genre de langage, je pourrais alors dire que KC est le club des amis de telle ambassade. Ce n’est pas très sérieux. Le RPC compte parmi ses membres des personnalités chrétiennes, qui ne tiennent leur représentativité que du peuple. Et au sein du Rassemblement, nous essayons de tenir compte de toutes les données, qui ne sont pas toujours conformes à ce que nous espérons. C’est pourquoi, nous pensons qu’il est dans notre intérêt de nous attacher à la Constitution et de faire de son application notre cheval de bataille. Nous avons tout intérêt à œuvrer en vue d’assurer le fonctionnement des institutions, même si celles-ci comportent des lacunes. » Ferzli explique ainsi que le RPC a condamné l’arbitraire des poursuites judiciaires, mais refuse que la justice soit critiquée dans la rue. » Si on accepte cela aujourd’hui, comment pourra-t-on demain refuser aux proches des islamistes de Denniyé le droit de contester dans la rue les condamnations qui pourraient frapper les inculpés ? C’est une logique dangereuse, dans laquelle les chrétiens ne doivent pas se lancer. » En tant que groupe parlementaire, le Rassemblement place l’application de la Constitution en tête de ses priorités. Il cherche aussi à retirer de la polémique interne la présence syrienne. « Il y a eu un premier redéploiement, explique Ferzli. Quant à la date du retrait total des troupes syriennes, Chirac y a répondu au Parlement, en le liant à la paix régionale. Le sujet est donc clos. Mais moi, je pose la question suivante : s’il n’y a pas de paix dans la région, les chrétiens ont-ils intérêt à ce que les Syriens se retirent ? Rappelez-vous ce qui s’est passé dans un des plus pacifiques camps palestiniens du Liban. Pour une opération de routine, à Baalbeck, il y a eu des morts et une région au bord de l’explosion et ce sont les Syriens qui ont rétabli l’ordre. Même chose à Denniyé. Nous devons donc œuvrer à agrandir l’espace de stabilité, au lieu de provoquer des crises, qui finalement affaiblissent encore plus les chrétiens. À mon avis d’ailleurs, le plus grand coup reçu par les chrétiens n’a pas été la guerre ou le boycott des élections, mais bien la lutte entre le général Aoun et les Forces libanaises, qui a fait perdre aux chrétiens le statut de pilier de Taëf. Depuis cette date, nous essayons de retrouver un rôle et je pense que c’est en dégageant une position unifiée sous la houlette du patriarche Sfeir et du président Lahoud que nous pouvons le retrouver. » La tâche n’est pas facile, mais le RPC ne compte pas renoncer, même si le démarrage est lent. Ferzli pense que, de toute façon, il n’y a pas d’autre choix possible, si l’on veut préserver la présence chrétienne au Liban et dans la région, si on veut en tout cas que les chrétiens du Liban ne soient pas comme les autres chrétiens de la région. À cet égard, le vice-président de la Chambre estime que l’islam politique a une grande part de responsabilité dans le marasme actuel. « Si les chrétiens sont dans l’erreur, c’est aux musulmans de trouver des solutions. Car, pour eux aussi, la présence chrétienne est indispensable. Ils doivent donc les aider à revenir à l’essence même du Liban, à reprendre confiance et surtout à cesser de se sentir visés. La responsabilité est donc commune, mais on ne peut pas passer sa vie à regarder en arrière. Nous avons le droit et le devoir de penser à l’avenir. Et il faut aller dans les villages éloignés pour comprendre la véritable situation des chrétiens… » Scarlett HADDAD
De belles paroles et des objectifs nobles, pour cacher une réalité politique qui ne l’est pas vraiment. À plus de trois mois de sa création, le Rassemblement parlementaire de concertation (RPC), qui regroupe plus de 40 députés et ministres chrétiens, n’arrive toujours pas à démarrer, paralysé par le grand nombre de ses membres, le parallèle avec le Rassemblement de...