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Actualités - OPINION

Vol plané

En somme, le Conseil constitutionnel invalide autant Myrna Aboucharaf que Gabriel Murr. L’arroseur arrosé. On peut cependant se demander comment une cour peut elle-même se doter de pouvoirs régaliens de jockey club. Non seulement elle ne s’en tient pas, comme elle le devrait, au cas dont elle est saisie. C’est-à-dire se limiter, si elle juge la photo-finish floue, à scratcher le gagnant. Non seulement elle écarte aussi le second, mais encore elle décrète que le troisième remporte le jackpot. D’où il le tient ce droit de désignation, le Conseil constitutionnel ? De la globalité d’un contentieux électoral, répond-il. En oubliant que le corps électoral est encore plus global. Et incontournable, même par la Constitution, puisque le peuple est souverain. C’est le principe premier, le fondement de la République, au-dessus de tout. Notamment de toute disposition statutaire qui permettrait au Conseil constitutionnel de se substituer à la volonté populaire. De plus, ou de pis, ces dispositions du règlement du Conseil posent un dilemme institutionnel insoluble. Car elles signifient tout simplement que le scrutateur patenté de la constitutionnalité des lois, de leur régularité, est lui-même frappé, dans sa constitution, d’une tare légale (et légitime) inguérissable. En effet, comme nul ne l’ignore, si dans la loi ordinaire tout ce qui n’est pas expressément défendu est automatiquement autorisé, dans la Constitution par contre, tout ce qui n’est pas explicitement permis est ipso facto prohibé. Or en cas de vacance d’un siège parlementaire, l’article 41 ne dit qu’une chose et une seule : il faut des élections dans les deux mois. Des élections, rien d’autre. Le pouvoir de juger de la validité d’un résultat ne permet pas au Conseil constitutionnel, pas plus qu’il ne le permettait auparavant à la Chambre quand elle recevait elle-même les recours en invalidation, de sacrer un candidat. C’est là l’essentiel. Tout le reste, dans l’arrêt du Conseil, se discute, et il ne s’est pas trompé sur tous les points. Comment, par exemple, ne pas convenir avec lui que Myrna avait parfaitement le droit d’introduire son recours. Mais ce ne sont là que détails et fariboles. Répétons-le : le danger, déjà constaté avec les arrêts successifs concernant la MTV, est que la justice se mette à moudre le café comme bon lui semble. Ceux qui en profitent politiquement aujourd’hui devraient faire attention. Car cela pourrait leur retomber un jour sur la tête. Quant à Ghassan Moukheiber, son refus initial de refuser la démission est humainement compréhensible. Après tout, dans la région de son soutien Carlos Eddé il y a eu, voilà dix ans, une dame élue par 47 voix. Il en a fait trente fois plus. Et trente fois moins que les deux Atrides éliminés au Metn. D’ailleurs, les urnes populaires, c’est un peu comme en Floride, cela ne compte plus en bout de course. Il y a de grands électeurs (délégués) pour décider. Et on se demande qui, dans ce joli ciel bleu, parachute qui. En vol plané. Ou planifié. J.I. P.S. Du côté de Washington, le ciel n’est plus si bleu que cela. On croit comprendre en effet qu’on y a fait grise mine à Hariri et à Paris II. En posant des conditions obstructionnistes, comme la neutralisation du Hezbollah et du Wazzani. N’empêche, la propagande haririenne veut positiver les choses, comme après le Japon qui n’a rien promis ou comme après le Golfe… qui a naturellement parlé de ses propres trous !
En somme, le Conseil constitutionnel invalide autant Myrna Aboucharaf que Gabriel Murr. L’arroseur arrosé. On peut cependant se demander comment une cour peut elle-même se doter de pouvoirs régaliens de jockey club. Non seulement elle ne s’en tient pas, comme elle le devrait, au cas dont elle est saisie. C’est-à-dire se limiter, si elle juge la photo-finish floue, à...