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Actualités - CHRONOLOGIE

Opposition - Communiqué virulent, mais pas de mesures concrètes La falsification de la volonté populaire, ultime étape avant l’état d’urgence, met en garde Kornet Chehwane(photos)

Le Rassemblement de Kornet Chehwane a sonné hier le glas de la démocratie au Liban, estimant que la décision du Conseil constitutionnel de désigner député M. Ghassan Moukheiber, qui « falsifie la volonté de 98 % des électeurs du Metn », constitue « l’avant-dernière étape avant l’instauration de l’état d’urgence au Liban ». Réuni hier à l’archevêché maronite d’Antélias, à Kornet Chehwane, sous la présidence de Mgr Youssef Béchara, le groupe s’est contenté hier de condamner, dans un communiqué particulièrement virulent, la décision du Conseil constitutionnel d’invalider la députation de Gabriel Murr, sans annoncer les prochaines actions qu’il pourrait entreprendre sur le terrain. La réunion exceptionnelle, à laquelle le groupe avait appelé mercredi dernier à Sodeco, devait à l’origine porter essentiellement sur la manifestation avortée de la semaine dernière pour la réouverture de la MTV et sur les propos tenus par le Premier ministre Rafic Hariri concernant la nécessité d’une trêve politique pour l’assainissement de la situation économique. Mais les événements se sont précipités. Lundi, le Conseil constitutionnel a destitué Gabriel Murr, désignant Ghassan Moukheiber député malgré ses résultats médiocres à la partielle du Metn. Plus tard dans la soirée, le Amid du Bloc national, Carlos Eddé, annonçait son retrait de Kornet Chehwane, et deux des piliers du groupe, membres du BN, Chakib Cortbawi et Samir Abdel Malak décidaient de démissionner. Par conséquent, la réunion exceptionnelle a pris progressivement l’allure d’une réunion de crise. Et une vague de rumeurs donnait déjà, hier, le rassemblement cliniquement mort sous les coups de boutoir du pouvoir. Un communiqué virulent Pourtant, Kornet Chehwane n’avait pas l’air, hier, d’une formation politique en crise. Chakib Cortbawi et Samir Abdel Malak, démissionnaires du BN, ont affiché devant les journalistes leur détermination à rester dans le groupe. Gabriel Murr, qui encaisse depuis deux mois les coups les uns après les autres, est resté souriant et imperturbable. À l’issue d’une réunion-marathon de trois heures, M. Abdel Malak, porte-parole du groupe, a donné lecture d’un communiqué. Qualifiant de « choc » la décision du Conseil constitutionnel, le groupe a fait un bilan des réactions enregistrées dans la presse et auprès des juristes, qui manifestent dans leur majorité « la peur des citoyens pour la démocratie au Liban ». Kornet Chehwane a dénoncé « l’annulation de la volonté de 98 % des électeurs pour des prétextes politiques », certains en rapport avec la situation interne, tels que la sécurité civile, d’autres avec la situation internationale, estimant qu’il s’agit de « l’avant-dernière étape avant l’élimination de la démocratie parlementaire au Liban et l’instauration de l’état d’urgence, à l’image de pays dictatoriaux bien connus ». « La série de coups portés à la démocratie a commencé entre autres avec les procès politiques, l’annulation de la dynamique démocratique, le muselage des médias et la prohibition de la liberté d’expression. En allant à l’encontre de la volonté des citoyens à élire leurs représentants et leurs dirigeants, c’est à l’essence de la démocratie parlementaire que l’on porte atteinte », a estimé le communiqué. « Ce qui se produit actuellement ne vise pas l’opposition mais la nation toute entière. Ce n’est pas l’élimination de l’opposition qui est requise, mais la légalisation, à travers une jurisprudence, de l’élimination de la démocratie au Liban. C’est pour cela que les Libanais ont tous sonné le tocsin pour mettre en garde contre le danger » de ces pratiques, a-t-il poursuivi. « Les journalistes ont tous critiqué et rejeté cet événement dangereux. M. Talal Selmane, dans le quotidien as-Safir, a estimé que la décision du Conseil constitutionnel a porté le coup de grâce au principe des élections et que le Conseil s’est sabordé en annulant son rôle qui vise à préserver les droits des citoyens. M. Charles Ayoub, du quotidien ad-Diyar, a considéré que le Conseil s’était dynamité. M. Nagib Aoun, de L’Orient-Le Jour, s’est dit choqué et déçu par la décision du Conseil, qui s’est substitué aux électeurs pour élire un nouveau député au Metn », a ajouté le communiqué. « Au niveau des juristes, Sélim Azar, ancien membre du Conseil constitutionnel, a demandé l’annulation de l’institution parce qu’elle a perdu son rôle de gardien des droits de l’individu et des groupes. M. Edmond Naïm, référence en matière de droit constitutionnel, a pour sa part estimé que la décision était une blague enfantine, et qu’elle signifiait que le Liban ne mérite pas d’être un État », a ajouté le communiqué. « Il s’agit d’une décision étrange qui a débuté par un recours en invalidation présenté par une candidate qui n’avait pas, à l’origine, le droit de se présenter aux élections et qui s’est terminée par la nomination d’un autre candidat à la place du député destitué. Un candidat n’ayant absolument aucun lien avec le recours et qui n’avait remporté que 2 % des suffrages. Cette décision montre la peur qu’a le pouvoir de l’opinion publique, la crainte qui est la sienne de se lancer dans un nouvel arbitrage démocratique. Après cela, comment peut-on prétendre que le peuple est encore la source des pouvoirs ? » s’est-il demandé. Appelant « tous les Libanais à assumer leurs responsabilités au niveau de la défense des libertés », le groupe a accusé le pouvoir de « vouloir modifier la face démocratique et libre du Liban », estimant que « la décision du Conseil constitutionnel et la fermeture de la MTV constituent deux preuves de cette orientation dangereuse ». Il a enfin appelé les Libanais à s’accrocher à leurs convictions. « La foi d’un peuple en sa cause est la solution et aucun pouvoir n’a jamais pu l’ébranler. Le Liban ne faillira pas à cette règle », a-t-il conclu. La démission de Moukheiber Certains observateurs s’attendaient à un appel express du groupe à Ghassan Moukheiber, pour que celui-ci refuse d’accepter son mandat de député. Aucune allusion à cette question ne figure dans le communiqué. Cependant, des sources au sein de Kornet Chehwane auraient réclamé hier la démission de M. Moukheiber de l’Association libanaise pour la démocratie des élections (ALDE), dont il est membre, sous prétexte qu’il a fait « un grave accroc à ses principes en acceptant d’être député par des moyens bien peu démocratiques ». Par ailleurs, selon une autre source au sein du Rassemblement, tout n’est pas encore dit, mettant en exergue les nombreux contacts, ces derniers jours, entre le Rassemblement et le Forum démocratique de Habib Sadek. Pour souligner que l’opposition n’est pas en voie d’effritement, bien au contraire. Et que les deux formations s’apprêteraient à organiser bientôt un meeting commun pour la défense des libertés publiques. Michel HAJJI GEORGIOU
Le Rassemblement de Kornet Chehwane a sonné hier le glas de la démocratie au Liban, estimant que la décision du Conseil constitutionnel de désigner député M. Ghassan Moukheiber, qui « falsifie la volonté de 98 % des électeurs du Metn », constitue « l’avant-dernière étape avant l’instauration de l’état d’urgence au Liban ». Réuni hier à l’archevêché...