une première dans le monde de l’édition

Ancien collaborateur de L’Orient-Le Jour, installé en France, Antoine Sfeir, journaliste, est incontestablement l’un des meilleurs spécialistes de l’islamisme en France. Auteur d’un ouvrage qui a fait date sur la question, Les réseaux d’Allah, sur les filières islamistes en France et en Europe, il publie aujourd’hui, en collaboration avec cinq autres auteurs, un Dictionnaire mondial de l’islamisme (Plon). Ouvrage ambitieux et sans précédent dans l’histoire de l’édition, le dictionnaire analyse et dissèque le phénomène tout en évitant l’amalgame facile. Les événements de septembre 2001 trouvent-ils ou non une justification dans le Coran ? Quel a été le véritable rôle des États-Unis dans la croissance de l’islamisme ? Comment appréhender l’islamisme dans une société laïque ? Existe-t-il une internationale islamiste ? Ce dictionnaire tente de répondre à toutes ces questions. Des associations qui font du prosélytisme à celles qui prêchent le recours à la violence, toutes ou presque sont classées. L’ouvrage est indispensable pour ne pas se perdre dans les dédales des appellations. En fait, souligne M. Sfeir, l’islamisme est « morcelé par les nationalités », il est saoudien ou algérien, arabe ou berbère, avec des divergences souvent significatives. Par ailleurs, « contrairement à ce que l’on pense, il ne touche qu’une minorité, soit 10 % des musulmans pratiquants ». M. Sfeir signe aujourd’hui son dictionnaire au stand de la Librairie orientale (voir par ailleurs le programme des signatures du Salon du livre), en même temps que son premier livre Les réseaux d’Allah, dans une édition remaniée et mise à jour. Dans ce premier ouvrage, il identifie les différents courants de l’islamisme, décrit leur essor et dresse un état des lieux de l’implantation islamiste en France et en Europe. Son ouvrage, tout comme le dictionnaire qui le suit, a le grand mérite de la franchise. Détenant la double nationalité libanaise et française, Antoine Sfeir ne cache pas son hostilité à l’islamisme violent et sa méfiance envers les islamismes « à visage humain », mais qui n’en sont pas moins réfractaires à l’intégration dans une France laïque et républicaine. Sur ses récents démêlés judiciaires avec le petits-fils de Hassan el-Banna, fondateur des Frères musulmans, installé en Suisse, qui l’accuse de diffamation, Antoine Sfeir affirme : « Il y aurait peut-être matière à débat, mais pas à un procès en diffamation. Je me bats pour la vérité, et je suis prêt au dialogue, mais je déteste le mot de tolérance. Tolérer, c’est supporter. Je lui préfère de loin le verbe accepter. Accepter l’autre dans son altérité. » F.N.