Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Ghassan Moukheiber: « Je ne vois pas de raisons de démissionner »

«Albert Moukheiber peut enfin reposer en paix. » Les proches du nouveau député Ghassan Moukheiber l’accueillent par ces mots, avant de l’étreindre longuement, les larmes aux yeux. Pour eux, justice est enfin rendue au grand homme, désormais dans la tombe, et à son héritier politique naturel, son neveu, l’avocat spécialisé dans la lutte pour les droits de l’homme Ghassan Moukheiber. Ce qu’ils appellent « la parenthèse des Murr » n’aurait jamais dû se produire, selon eux, et la boucle est ainsi bouclée. Chez les Moukheiber, la joie n’est pas encore totale, ni éclatante, mais elle est certaine. Le nouveau député, qui déclare à L’Orient-Le Jour ne pas voir de raisons suffisantes pour démissionner, tient déjà un discours conciliant, qui se veut rassembleur. Pour lui et pour les siens, la triste page de la partielle du Metn est tournée. Beit-Méry est dans le noir. Coïncidence ou non, le courant électrique est coupé et les générateurs privés ne parviennent pas à éclairer les rues pour donner un air de gaieté à la localité. Il faut arriver devant le domicile de feu le Dr Albert Moukheiber pour trouver un peu d’animation. La famille et les amis attendent le nouveau député avec impatience, les plateaux de friandises déjà prêts. Vers 18h, une voiture discrète s’arrête devant le perron et les applaudissements éclatent. Ghassan Moukheiber est là, et chacun des présents veut lui donner l’accolade. « Pour que la voix continue à se faire entendre », crie une femme, avant de se lancer dans des youyous de joie. « La vérité finit par l’emporter » Ghassan Moukheiber voudrait partager ce moment avec ses proches, mais les partisans l’attendent, chacun y allant de son commentaire, tous voulant laisser éclater leur joie. Ils n’ont qu’une phrase à la bouche : « La vérité finit toujours par l’emporter. » Les proches de Moukheiber estiment que l’annonce de sa députation par le Conseil constitutionnel n’est que justice. Pour eux, c’est Kornet Chehwane qui l’avait trahi en présentant la candidature de Gabriel Murr, alors qu’il était, aux yeux de tous, le mieux placé pour occuper le siège de son oncle, d’autant qu’il avait toujours été dans l’opposition et qu’il avait un passé de militant en faveur des droits de l’homme. Il avait même été membre du premier Rassemblement de Kornet Chehwane, chargé d’étudier la loi électorale. De plus, Ghassan Moukheiber avait présenté un programme électoral reprenant les grands thèmes de l’opposition et les idées pour lesquelles s’est battu pendant plus de 50 ans Albert Moukheiber. Sans oublier les immenses moyens dépensés par les deux candidats Murr pendant la campagne, qui ont rendu la sienne pratiquement dérisoire. Tout cela et bien d’autres idées transparaissent dans les regards entendus, les commentaires à double sens, les longs soupirs. Mais Ghassan Moukheiber, lui, ne veut pas se lancer dans des polémiques. Laissant ses amis au premier étage, il grimpe les marches du perron pour serrer sa mère contre lui. Celle-ci s’essuie discrètement les yeux. Elle est heureuse, certes, mais aussi inquiète. Par les temps qui courent, la députation est tout sauf une sinécure. Mère et fils s’étreignent longuement. Heureusement, le jeune neveu débarque et tout le monde rit de sa gaieté. Ghassan Moukheiber éloigne un peu les siens et, entre deux bouchées de baklava, déclare à L’Orient-Le Jour avoir appris la nouvelle comme tout le monde par les médiais. Certes, il s’y attendait un peu, mais la décision n’était pas prévue pour aujourd’hui. Visite au patriarche ce matin Et Ghassan Moukheiber déclare : « Je ne vois pas de raisons dedémissionner. C’est une décision de la justice et je ferai de mon mieux pour défendre les idées que j’ai présentées dans mon programme électoral. » Il affirme ne pas avoir eu le temps de lire les attendus du jugement et il préfère faire des commentaires plus précis, après avoir pris connaissance de l’ensemble du jugement. Il se rendra demain (aujourd’hui) chez le patriarche maronite et après cet entretien, il fera connaître sa position officielle, mais il sait d’ores et déjà qu’il ne démissionnera pas. Son entourage cherche d’ailleurs à minimiser les appels à la démission lancés par certaines figures de Kornet Chehwane. « Il s’agit de déclarations destinées à la consommation locale , affirment les proches, une surenchère verbale pour leurs bases populaires mais cela n’ira pas plus loin. D’ailleurs, Kornet Chehwane doit d’abord résoudre le problème posé par le retrait du Bloc national. » Non, les proches de Moukheiber ne sont pas vraiment inquiets. À partir du moment où le patriarche Sfeir recevra le nouveau député, son élection obtiendra une sorte de légitimité populaire et le dossier sera clos. Les proches rappellent, à cet égard, que le cardinal Sfeir était, dès le départ, favorable à la candidature de Moukheiber et souhaitait que les protagonistes s’entendent sur lui en tant que candidat de compromis. Il ne peut donc qu’approuver cette solution, qui permettra de sortir le Metn de ce terrible conflit qui le déchire depuis des mois. Interrogé sur ce contexte politique mouvementé, Ghassan Moukheiber déclare : «Le plus important maintenant est que les esprits se calment. L’atmosphère est devenue irrespirable . » Il ajoute: « Il faut surtout multiplier les efforts pour défendre nos idées. Il y a tant à faire au Parlement, un tel chantier de lois à amender, de projets à présenter. Nous ne pouvons plus nous permettre de perdre du temps dans des conflits secondaires. » Compte-t-il présenter un projet d’amendement de l’article 68 de la loi électorale? « C’est un détail, une partie d’un grand projet. Croyez-moi, il y a beaucoup à faire. » De tous les coins des deux salons, des cris s’élèvent réclamant le nouveau député. Avec un sourire d’excuse, Ghassan Moukheiber déclare : « Demain, je parlerai plus longuement. » Demain est un autre jour. Scarlett HADDAD
«Albert Moukheiber peut enfin reposer en paix. » Les proches du nouveau député Ghassan Moukheiber l’accueillent par ces mots, avant de l’étreindre longuement, les larmes aux yeux. Pour eux, justice est enfin rendue au grand homme, désormais dans la tombe, et à son héritier politique naturel, son neveu, l’avocat spécialisé dans la lutte pour les droits de l’homme...