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Actualités - CHRONOLOGIE

LIBAN-USA - Hariri rencontrera aujourd’hui Koehler, Wolfensohn et Powell ; il s’entretiendra demain avec O’Neil et Rice La confiance, pierre angulaire du processus de sauvetage économique du Liban

Washington, de notre envoyé spécial Michel TOUMALorsqu’il avait présenté en août dernier la loi de finances pour l’année 2003, le ministre Fouad Siniora avait pratiquement laissé entendre que ce projet de budget était en quelque sorte « le budget de la dernière chance » pour éviter au pays une déroute financière. Suivant la même logique, les démarches, effectuées au pas de charge ces derniers jours par le Premier ministre, Rafic Hariri, auprès du Japon, de la Malaisie, des pays du Golfe et de la France, ainsi qu’aujourd’hui à Washington, afin de préparer la conférence de Paris II seraient-elles aussi les « démarches de la dernière chance » dans l’entreprise de sauvetage économico-financière du Liban ? Il serait à l’évidence un peu excessif de l’affirmer. Car la situation née de l’accroissement démesuré de la dette publique est, certes, (très) grave, mais pas désespérée, pour peu que le miracle libanais continue de fonctionner. Le point de rupture risque, cependant, d’être atteint à brève échéance si l’Exécutif ne prend pas, sans délai, des mesures radicales pour sauver, in extremis, la situation. La stratégie à suivre pour freiner la dégringolade et accélérer l’opération de redressement sera discutée ce lundi par M. Hariri dans la capitale fédérale avec le directeur du Fonds monétaire international, Horst Koehler, et le directeur de la Banque mondiale, James Wolfensohn. Le chef du gouvernement – qui est accompagné des ministres Fouad Siniora et Bassel Fleyhane et du gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé – s’entretiendra également du même dossier, demain, mardi, avec le secrétaire américain au Trésor (ministre des Finances), Paul O’Neil. Sans compter les entretiens prévus aujourd’hui avec le secrétaire d’État, Colin Powell, et avec la conseillère de George W. Bush pour la Sécurité nationale, Condoleeza Rice, demain mardi. L’enjeu de ces entretiens à Washington est simple (du moins sur le papier), mais vital pour l’évolution de la conjoncture économique libanaise : s’assurer que le gouvernement obtiendra la caution morale du FMI, de la BM et de l’Administration US lors de la réunion de Paris II afin que le Liban puisse bénéficier de garanties de crédits à long terme et à des taux d’intérêt réduits. L’objectif recherché par l’équipe de M. Hariri est, rappelons-le, de substituer une partie de la dette contractée à court terme et à des taux d’intérêt élevés par des crédits préférentiels à long terme et à un taux réduit. Cette restructuration de la dette publique – qui pourrait dépasser la barre des 30 milliards de dollars à la fin de l’année, soit plus de 170 % du PIB (l’une des proportions les plus élevées au monde) – devrait permettre de réduire le service de la dette, lequel s’élève à 3 milliards de dollars par an, soit à lui seul 47 % des dépenses budgétaires. La diminution du service de la dette (grâce à l’obtention de taux réduits) contribuera ainsi à une réduction progressive du déficit budgétaire. Et si l’État réussit à maintenir ce cap au cours des trois ou quatre prochaines années, il parviendra à équilibrer le budget, ce qui lui permettra d’enrayer la politique d’emprunt effrénée pratiquée ces dix dernières années. Signaux positifs Les réunions que M. Hariri tiendra aujourd’hui et demain dans la capitale fédérale ont précisément pour but de gagner réellement la confiance des Occidentaux dans la politique de réformes économiques et financières suivie depuis peu par le gouvernement. Cette visite de quarante-huit heures intervient après la mission d’information que vient d’effectuer à Beyrouth le directeur du département Moyen-Orient – Afrique au FMI, Georges Abed. Celui-ci a regagné Washington il y a quelques jours et a vraisemblablement présenté un rapport préliminaire à ses supérieurs, en prévision de l’arrivée de M. Hariri. De sources concordantes, on indique qu’au stade actuel, le FMI pourrait dresser un bilan plutôt favorable des efforts de redressement entrepris par le pouvoir. Au cours des cinq ou six derniers mois, certains indicateurs économiques ont en effet reflété une légère amélioration de la conjoncture, en raison, notamment, des retombées du 11 septembre. Le flux d’argent provenant de l’étranger et injecté sur le marché local a augmenté de plus de 90 % par rapport au troisième trimestre de l’année dernière. La BDL a réussi à accroître ses réserves en devises du fait d’une demande sur la livre libanaise. Et au terme du troisième trimestre, une timide croissance de 1 % a été perceptible, après une longue période de stagnation marquée par une croissance pratiquement nulle. Parallèlement à cette évolution dans le bon sens, le gouvernement a multiplié les « signaux positifs » à l’adresse des marchés internationaux en approuvant, plus particulièrement, un audacieux projet de budget prévoyant pour 2003 un déficit de près de 25 %. Sans compter la mise en chantier de la privatisation des télécommunications et de l’électricité, en sus de l’application de la TVA et du projet de titrisation de certaines recettes de l’État. Autant de mesures que les experts du FMI et de la BM n’auront pas manqué de relever et qui seront sans doute exposées dans les moindres détails par MM. Hariri, Siniora, Fleyhane et Salamé lors de leurs entretiens à Washington. Pour l’heure, la grande question est de savoir si ces mesures appliquées ou prévues par l’État sont suffisamment solides pour convaincre les pays donateurs. Et si les indices positifs apparus ces derniers mois revêtent simplement un caractère conjoncturel, ou constituent au contraire des signes précurseurs d’un renversement de tendance. Les incertitudes en rapport avec la situation explosive au Proche-Orient, ainsi que les retombées d’une possible conflagration en Irak ou d’une éventuelle escalade au Liban-Sud ne sont-elles pas, en outre, un sérieux handicap pour une implication croissante des organismes internationaux sur le marché libanais ? Autant de questions qui pourraient être présentes en filigrane dans les discussions d’aujourd’hui. Et qui nécessiteront sans doute un grand talent de persuasion de la part de M. Hariri. Et si le détonateur d’un tel processus de sauvetage est la baisse des taux d’intérêt sur les crédits octroyés au Liban en vue de la restructuration de la dette, il n’en demeure pas moins que la pierre angulaire de cet édifice est… la confiance. La confiance des pays donateurs et des instances internationales, d’abord, des Libanais eux-mêmes, ensuite, en leur pays. Sauf que pour cela, pour draguer le maximum d’investisseurs au Liban, il serait impératif, entre autres, que l’appareil judiciaire libanais s’assainisse et acquière un minimum d’indépendance.
Washington, de notre envoyé spécial Michel TOUMALorsqu’il avait présenté en août dernier la loi de finances pour l’année 2003, le ministre Fouad Siniora avait pratiquement laissé entendre que ce projet de budget était en quelque sorte « le budget de la dernière chance » pour éviter au pays une déroute financière. Suivant la même logique, les démarches, effectuées...