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Actualités - CHRONOLOGIE

Droits des prisonniers et réinsertion sociale(PHOTO)

Le travail de l’Ajem et des chercheurs de l’Elfs dans le cadre de la prison de Roumié présente de nettes différences avec les deux autres îlots, du fait des caractéristiques du milieu carcéral. L’action a été axée sur la conscientisation des prisonniers par rapport à leurs droits, afin qu’ils deviennent acteurs de la revendication, et sur la réinsertion socioprofessionnelle des anciens détenus. Hana Nassif et Rita Baroud ont donné un aperçu du travail. L’équipe a regroupé, outre les membres de l’Ajem et de l’Elfs, un groupe de détenus et de sortants de prison, des familles, six avocats et six journalistes bénévoles, deux stagiaires assistantes sociales et des directeurs d’entreprises commerciales et industrielles. Le diagnostic de la situation du sortant de prison est bien sombre : ses liens avec la société sont marqués par la méfiance et la peur, la sortie de prison ne suffit pas à la réinsertion sociale, l’exclusion s’ajoute aux problèmes de pauvreté, de chômage, de manque de structure de support et des risques d’éclatement de la famille. Les actions menées par l’équipe en faveur de la réinsertion d’un groupe d’anciens détenus se sont déroulées à l’intérieur comme à l’extérieur de la prison. Des conférences, des débats et des sessions de formation ont été organisés pour les prisonniers pendant qu’ils purgeaient leur peine, accompagnés d’une action auprès de l’Office de l’emploi et du syndicat des ouvriers. À l’extérieur, des réunions individuelles ont contribué à la sensibilisation de certains patrons au problème. Cependant, malgré des résultats positifs, cette action s’est heurtée à deux obstacles majeurs : le manque de structures de support des ex-détenus et le chômage lié à la crise économique. Parallèlement, une action auprès des instances juridiques a été menée avec des révisions de textes de loi et une réflexion sur un projet de réforme juridique allant dans le sens d’une meilleure réinsertion des prisonniers. Enfin, une action auprès des médias a permis de transposer le débat au grand public. Il faut préciser cependant que l’emprisonnement laisse des séquelles non négligeables et mène le plus souvent à un étiolement des habiletés professionnelles, à une perte de la place dans la famille et à un étiquetage au niveau de la société. Voilà pourquoi le modèle d’intervention choisi par l’équipe visait à transformer la réalité et le statu quo qui entoure l’ex-détenu, et à lui faire reprendre sa place dans la société. Selon les intervenantes, « les résultats d’une telle action ne se mesurent pas à court terme, instaurer un régime de droit exige de la persévérance, mais ce qui est sûr, c’est que le problème est actuellement posé ». À noter l’intervention télévisée d’un ex-détenu anonyme qui a exposé les raisons pour lesquelles nos prisons ne sont en aucune façon un lieu de réhabilitation mais de punition, d’où le fort taux de récidive. Il faut citer également l’intervention directe et remarquée du Dr Joseph Hleit, ex-détenu politique en Syrie, qui a parlé en termes poignants de l’expérience amère d’une réinsertion sociale difficile après des années de prison. Volontaire à l’Ajem, il a rendu hommage à l’action sociale entreprise et aux effets bénéfiques du projet sur les ex-détenus. Rappelons que l’Ajem a été fondée en 1998 par les pères antonins pour l’accompagnement et la réhabilitation des prisonniers. Elle offre des services diversifiés mais mène également une action juridique pour une réforme bien nécessaire.
Le travail de l’Ajem et des chercheurs de l’Elfs dans le cadre de la prison de Roumié présente de nettes différences avec les deux autres îlots, du fait des caractéristiques du milieu carcéral. L’action a été axée sur la conscientisation des prisonniers par rapport à leurs droits, afin qu’ils deviennent acteurs de la revendication, et sur la réinsertion...