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Actualités - CHRONOLOGIE

séminaire - La première conférence de la pensée arabe a clôturé ses travaux hier, au Caire Berry : « Au Liban, une démocratie consensuelle ménage les données d’une société plurale »

Sous le titre « Consultation et démocratie, une vision moderne », le président de la Chambre, Nabih Berry, a prononcé, hier au Caire, une conférence particulièrement intéressante sur l’islam et la démocratie, basée sur sa conception du régime libanais, un modèle « consensuel », qui, selon lui, absorbe toutes les parties et confessions, au lieu de les combattre. Une thèse qui tranche avec la cacophonie qui règne actuellement au sein de la vie politique libanaise. Sur une initiative du prince saoudien Khaled ben Fayçal, le premier colloque de la pensée arabe, qui a achevé hier ses travaux, a regroupé au Caire – sous le patronage du président Hosni Moubarak – des hommes politiques et des intellectuels arabes, venus d’Égypte, bien sûr, mais aussi du Soudan et d’Arabie saoudite, dont l’ancien Premier ministre soudanais Sadek el-Mehdi, le président du Conseil consultatif saoudien, Saleh ben Abdel Hamid, et le président de la Chambre égyptien, Ahmed Fathi, ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa. Mais l’une des conférences les plus remarquées a été celle du chef du Parlement libanais, Nabih Berry, sur le thème « Consultation et démocratie, une vision moderne ». Se basant sur le modèle libanais, Berry a affirmé que démocratie et consultation (« choura ») ne sont pas deux concepts contradictoires. Au contraire, ils peuvent coexister dans un même espace géographique et au sein d’une même population. Tout en dénonçant la campagne menée actuellement en Occident contre l’islam, Berry a précisé que les régimes arabo-musulmans devraient quand même procéder à une réforme qui permette une plus grande participation des citoyens à la prise de décision. Le président du Parlement libanais a accusé l’Occident d’être responsable du manque de démocratie dans les régimes de la région, puisqu’il a tout fait pour favoriser des régimes peu démocratiques qui lui assurent ses intérêts. L’islam et la distinction entre l’État et la religion Berry a commencé par nier certaines allégations qui considèrent que l’islam est un obstacle au développement de la démocratie dans la région, précisant que l’islam en tant que tel n’a été au pouvoir que pendant une très courte période, avec le Prophète et les quatre califes qui lui ont succédé. Ensuite, a-t-il fait valoir, le pouvoir s’est transformé en autocratie. On ne peut donc, selon le président de la Chambre, juger l’islam et le rendre responsable de l’absence de démocratie dans la région. M. Berry s’est lancé ensuite dans une étude comparative, recherchant les points communs entre les démocraties modernes et l’islam. Il en est ensuite arrivé au cas libanais, où la démocratie a montré qu’elle pouvait intégrer les confessions qui ont approuvé une même Constitution. Dans ce cas, la démocratie coopère avec les confessions et les différentes communautés, au lieu d’être dirigée contre elles. « Le régime démocratique parlementaire en cours de consolidation (au Liban), a affirmé en particulier M. Berry, est bâti sur une démocratie consciente de ses limites dans ses rapports aux religions, de sorte que l’on arrive, comme c’est le cas du modèle libanais, à une démocratie consensuelle qui ménage les données d’une société plurale (...). On édifie ainsi un État qui domine les communautés, sans les exclure ni se les aliéner, un État qui remplit une fonction structurelle fondamentale de préservation de la convivialité. Il y a aujourd’hui des penseurs de l’islam et de la démocratie qui pourraient dégager des convergences entre “choura” et démocratie. Certes, l’ouverture à l’interprétation (du Coran) faciliterait grandement les choses, non pour justifier l’orientation vers la démocratie au détriment des croyances et au prix de concessions, mais pour réaliser une harmonie de civilisation entre l’islam et la démocratie .» Berry s’en est pris aussi à un principe répandu dans les milieux sociopolitiques qui veut que pour l’islam, religion et État soient confondus. Pour lui, l’islam, sans les séparer, fait une distinction entre les deux. « Quant à moi, a conclu le président de la Chambre, je rejoins ces intellectuels musulmans qui nient que la nature de l’autorité politique au pouvoir soit purement religieuse, qui nient donc l’unité des pouvoirs religieux et temporel, sans pour autant séparer entre ces deux pouvoirs, mais en les distinguant. Distinguer sans séparer religion et État, voilà à mon sens la position de l’islam. » De son côté, Sadek el-Mehdi a rendu les doctrines islamiques traditionnelles et l’élite responsables de l’absence de démocratie dans le monde arabe. El-Mehdi a été renversé en 1989 par l’islamiste Omar el-Béchir. Le président du Parlement jordanien dissous, Abdel-Hadi el-Majali, a tenu pratiquement le même langage, affirmant que les Parlements arabes sont là pour le décor, les régimes étant pour la plupart restés autocratiques. Même son de cloche chez Bourhan Ghalioun, professeur syrien de sciences politiques à la Sorbonne. Il a fallu attendre le président du Parlement égyptien, Ahmed Fathi, pour entendre une critique virulente des régimes occidentaux, qui affirment être démocratiques mais qui agissent de façon totalitaire. S.H.
Sous le titre « Consultation et démocratie, une vision moderne », le président de la Chambre, Nabih Berry, a prononcé, hier au Caire, une conférence particulièrement intéressante sur l’islam et la démocratie, basée sur sa conception du régime libanais, un modèle « consensuel », qui, selon lui, absorbe toutes les parties et confessions, au lieu de les combattre. Une...