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Actualités - CHRONOLOGIE

Polémique - L’opposition attend encore le feu vert du ministère de l’Intérieur Kornet Chehwane limite la manifestation de jeudi au secteur d’Achrafieh

La manifestation planifiée par le Rassemblement de Kornet Chehwane, jeudi, pour les libertés publiques et la réouverture de la MTV, aura lieu entre le collège de La Sagesse et l’immeuble de la MTV, à Achrafieh – si jamais elle obtient l’autorisation du ministère de l’Intérieur. C’est ce qu’a affirmé samedi le député Boutros Harb dans le cadre d’un entretien à la Voix du Liban. Des propos confirmés hier à L’Orient-Le Jour par une source au sein du groupe de Kornet Chehwane, qui a ajouté que la manifestation devrait se dérouler, en principe, à 14h. Le choix de l’emplacement et l’itinéraire de la manifestation – quelque 500 mètres seulement entre La Sagesse et la MTV – « montre notre volonté de vouloir couper court aux mauvaises intentions des autres », a ajouté cette source. Le rassemblement avait par ailleurs demandé, samedi, comme prévu, une autorisation pour la manifestation au mohafez de Beyrouth, par l’intermédiaire des avocats du Parti national libéral (PNL), parce que c’est un parti autorisé qui jouit d’une personnalité morale. La demande d’autorisation a été signée par le PNL et les députés Farès Souaid et Mansour el-Bone. Sfeir : Non aux actes revanchards S’élevant au-dessus de la polémique sur les manifestations, contre-manifestations et sur la définition du concept de souveraineté à adopter et à diffuser, le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, a stigmatisé hier les « tiraillements qui ont engendré un climat tendu, presque une atmosphère de haine, entre les fils d’un même peuple ». Dans le cadre de son sermon dominical à Bkerké, Mgr Sfeir a affirmé : « Au lieu de trouver des solutions à la situation de crise économique et sociale à travers le dialogue et la solidarité, regardez les politiciens se scinder en parties sectaires, recherchant lequel d’entre eux est le plus représentatif. Alors que le peuple leur est devenu étranger, parce qu’ils ne sont plus concernés par ses soucis. » « Si le pouvoir concerné avait adopté une loi électorale permettant au peuple de choisir ses représentants en toute liberté, nous aurions évité tous ces tiraillements et nous n’en serions pas arrivés là », a-t-il souligné. « Le pouvoir ne repose pas sur les réactions en flèches et les actes revanchards, mais sur l’abnégation et le fait de sacrifier ses intérêts personnels pour le bien commun, lequel peut seul réaliser la paix civile manquée », a-t-il conclu. Harb : Manifester dans le respect des lois Pour en revenir au groupe de Kornet Chehwane, le député Boutros Harb a affirmé que la manifestation de jeudi vise « à rejeter la décision de fermeture de la MTV dans le respect de la loi et du système ». « Si nous n’obtenons pas une autorisation, je suis contre les manifestations sans permis. Je crois que c’est aussi l’opinion des autres membres du groupe de Kornet Chehwane », a-t-il indiqué. « La manifestation ne vise qu’à exprimer ce rejet. Nous avons choisi ce trajet pour empêcher quiconque d’utiliser cette manifestation à d’autres fins. À l’origine, l’idée était de se diriger vers le Parlement », a poursuivi M. Harb. « Nous avons opté pour le permis, pas pour les hachettes et les machettes. C’est au ministère de l’Intérieur de juger si une telle manifestation peut troubler l’ordre public ou pas. Nous pensons qu’il est de son devoir de nous autoriser à manifester et de nous assurer une protection », a-t-il souligné. « Pourquoi a-t-on peur du droit des gens à la liberté d’expression ? Pourquoi pense-t-on qu’à chaque fois que deux personnes se retrouvent dans la rue, ils vont porter atteinte à la paix civile ? Je ne pense pas que le droit à la manifestation soit barbare, un moyen d’agresser les gens. Il s’agit d’un droit civilisé à l’expression. Si manifester équivaut désormais à porter atteinte à l’unité du pays et à sa sécurité, substituons au Liban n’importe quel autre pays arabe », a estimé M. Harb. Concernant le différend sur l’interprétation à donner au concept de souveraineté, M. Harb s’est étonné du fait que la proposition du groupe de Kornet Chehwane de consacrer quelques heures dans les institutions pédagogiques à l’explication de ce concept à l’occasion de la fête de l’Indépendance ait provoqué une telle levée de boucliers. « Pourquoi ont-ils tout de suite pensé que c’était un acte d’hostilité à l’encontre de la Syrie ? Le problème de la souveraineté du Liban est-il limité à la Syrie ? Pourquoi avons-nous été au Wazzani, sinon pour montrer que les agressions israéliennes contre la souveraineté libanaise concernent tout autant les loyalistes que les opposants ? », s’est-il demandé. Il a enfin mis l’accent sur le fait que l’ancien Premier ministre, le général Michel Aoun, et son courant, ne sont pas représentés au sein du groupe de Kornet Chehwane. « Ce que dit le général Aoun ne nous engage pas. Les tentatives de jumeler les deux positions visent à placer le groupe de Kornet Chehwane face à tout le monde, et notamment à la Syrie. Aoun est une chose, et Kornet Chehwane en est une autre. Si nous nous retrouvons sur certains points, nous sommes en désaccord au plan tactique », a-t-il conclu. Sleimane Frangié Le ministre de la Santé, Sleimane Frangié, a de son côté plaidé hier à Sir Denniyé en faveur de la « fusion nationale » et non de la « coexistence », attaquant sans les nommer les membres de Kornet Chehwane. « La coexistence signifie qu’il y a deux parties. Nous sommes un seul peuple », a-t-il affirmé, critiquant « ceux qui essayent aujourd’hui d’effrayer les gens et l’État en évoquant Denniyé ». « Si un chrétien a été élu par d’autres que les chrétiens, ils disent qu’il n’est plus chrétien. Cela n’est pas vrai. Je sais ce qu’ils pensent. Ils considèrent que tout chrétien qui fait partie de l’État ne représente plus les chrétiens, alors que tout chrétien qui est hors de l’État et qui ne représente personne devient à leurs yeux représentatif des chrétiens », a-t-il estimé. « Nous sommes là par la volonté du peuple libanais, chrétiens et musulmans confondus. Nous représentons chaque chrétien convaincu de l’arabité de ce pays, de ses relations avec la Syrie et de son unité. Nous ne serions pas fiers de représenter tout chrétien et tout musulman qui ne croient pas en ces principes », a-t-il conclu. Le député Nader Succar a estimé pour sa part que « les libertés au Liban sont garanties et qu’elles sont sous le plafond de la loi », appelant la justice à rouvrir la MTV. « Le recours à la rue pour faire pression sur la justice ne mène qu’à des conséquences négatives pour la chaîne », a-t-il indiqué, estimant qu’il n’y avait au Liban « aucune crise de la démocratie et des libertés » et que « les Libanais n’ont besoin de personne pour leur apprendre comment être souverains et indépendants ». Le député Mohammed Kabbani a estimé que toutes les libertés sont garanties au Liban, mettant l’accent sur le fait que « le droit à la manifestation fait partie des droits politiques, à condition qu’il ne porte pas atteinte à la sécurité et aux intérêts nationaux ». M. Kabbani a fustigé ceux qui « scandent des slogans contre la présence syrienne, alors qu’ils n’ont rien dit durant 22 ans d’occupation israélienne », estimant que « l’implication des écoles dans la lutte politique provoquera une énorme scission entre les fils de la même génération ». Même son de cloche chez le député Fayçal Daoud, qui a estimé qu’il « ne faut parler de souveraineté et de liberté que dans le cadre du conflit avec l’ennemi sioniste ». « Sinon, il s’agit d’un coup asséné à la nation », a-t-il souligné. Une opinion partagée par le député Ali Khreiss. Enfin, les partis et les forces politiques nationales et islamiques et le comité des municipalités du Akkar, qui regroupent entre autres le parti Baas et le Parti syrien national social (PSNS), ont, comme à leur habitude, accusé dans une virulente diatribe le groupe de Kornet Chehwane « d’exécuter des demandes américaines de chauffer la scène libanaise pour servir les intérêts israéliens ». Ils ont également accusé l’opposition de « vouloir semer la discorde confessionnelle en transformant les écoles en institutions sectaires et de vouloir porter atteinte à la stabilité et à la sécurité du Liban ». Ils ont également fait un rapprochement entre la visite de l’émissaire américain William Burns et le timing de l’action menée par Kornet Chehwane, estimant qu’il s’agit « d’une preuve de plus des liens qui existent entre ces derniers et le complot américano-israélien pour porter atteinte au Liban civilisé et à ses relations avec la Syrie d’Assad et pour faire échouer Paris II ». Ces forces politiques ont mis l’accent sur le fait qu’ils « s’opposeront aux actions douteuses de ce groupe qui commence à dévoiler son vrai visage hostile au Liban arabe et favorable aux ennemis de la nation ». Elles ont enfin appelé l’État à « s’opposer, par la force, à ceux qui ont autrefois noyé le pays dans le sang (...) », citant le général Michel Aoun et le président Amine Gemayel.
La manifestation planifiée par le Rassemblement de Kornet Chehwane, jeudi, pour les libertés publiques et la réouverture de la MTV, aura lieu entre le collège de La Sagesse et l’immeuble de la MTV, à Achrafieh – si jamais elle obtient l’autorisation du ministère de l’Intérieur. C’est ce qu’a affirmé samedi le député Boutros Harb dans le cadre d’un entretien à...