Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Vie politique - L’ancien ministre critique le premier verdict sur la MTV, mais renvoie dos à dos loyalistes et opposants Michel Eddé : Cessons de dresser des barricades

C’est un véritable cri d’alarme que l’ancien ministre Michel Eddé a lancé hier, à l’adresse tant des milieux du pouvoir que de l’opposition, pour les inciter à mettre fin à l’escalade politique suscitée autour de l’affaire de la MTV et qui, selon lui, ne pourrait que mener à une nouvelle guerre interlibanaise qui détruirait le Liban et ferait l’affaire d’Israël. Renvoyant dos à dos tous les protagonistes de la polémique en cours, M. Eddé a néanmoins clairement critiqué le bien-fondé du verdict initial prononcé par la justice dans cette affaire. Dans un communiqué, M. Eddé déplore que cette polémique à propos de la MTV survienne « pendant que, sur le plan international, une très dangereuse escalade est provoquée dans le but délibéré de conduire, au nom du prétendu “choc des civilisations”, à une guerre entre les religions, dont les incendies n’épargneront personne, surtout dans notre région, déjà en proie à l’ébullition ». « Il est étrange, très étrange, que l’affaire de la fermeture de la MTV prenne une telle tournure dans le sens d’une escalade menant le Liban à nouveau au bord du désastre », écrit-il. « Cela est dû au fait que chez tous les protagonistes, tant de la part de certaines parties au pouvoir que du côté des opposants, on continue à exploiter cette affaire au service d’intérêts personnels qui prennent le pas sur les intérêts supérieurs de la nation et de l’État », note-t-il. Toutefois, ajoute l’ancien ministre, « la facilité avec laquelle a été pris le verdict ordonnant la fermeture totale de la MTV et de Radio Mont-Liban, sans fixation de période, ce qui laisse entendre qu’il s’agit d’une fermeture définitive, a aussi contribué à jeter de l’huile sur le feu ». Pour M. Eddé, ce verdict s’est en effet « fondé uniquement sur le texte littéral de l’article 68 de la loi électorale, alors même que cet article fait l’objet depuis son adoption en 1999 d’une contestation permanente et que tout le monde est d’accord sur son iniquité et son caractère temporaire ». « Le jugement initial aurait dû se pencher sur l’intention du législateur ainsi que sur les débats qui ont eu lieu à la Chambre des députés autour, précisément, de cet article », qui interdit la publicité électorale dans les médias, estime-t-il. M. Eddé cite, à titre d’exemple, un échange survenu le 22 janvier 1999 à la Chambre et dont le procès-verbal a été publié dans le Journal officiel. Ce jour-là, Michel Murr, à l’époque ministre de l’Intérieur, annonçait que l’article 68 « va être abrogé dans le cadre de la prochaine loi sur les médias ». À Mohammed Beydoun, qui lui suggérait de l’abroger instantanément, il répondit : « Je ne vais pas l’abroger avant la publication de la loi sur les médias, d’autant qu’un article de cette loi stipule que “l’article 68 de la loi électorale est abrogé”. » « Il y avait donc un consensus entre proches du pouvoir et opposants pour reconnaître le caractère erroné et injuste de cet article », souligne M. Eddé. On se demande alors « pourquoi les opposants et les partisans du pouvoir ne s’attellent pas à la tâche d’abroger cette loi, au lieu d’en user comme prétexte pour mener campagne, d’un côté contre l’État et ses institutions et, de l’autre côté, de la part de certains partisans du pouvoir, contre l’opposition », s’interroge-t-il. « Cela est d’autant plus vrai que le député Salah Honein, membre de Kornet Chehwane, a lui-même présenté une proposition de loi amendant l’article en question, dans la mesure où la loi sur les médias a eu du retard », relève-t-il. « L’attachement de l’opposition aux libertés et à la démocratie – sans lesquelles le Liban perdrait sa raison d’être – ne l’autorise pas (...) à impliquer les enfants et les écoliers et à les utiliser dans des conflits, hélas, souvent d’ordre privé », souligne M. Eddé, qui fustige tout aussi bien les propos outranciers de certains loyalistes, notamment ceux qui « évoquent une majorité musulmane et une minorité chrétienne ». « Au Liban, il existe plusieurs familles spirituelles qui se sont accordées pour vivre ensemble, car le Liban est entente, équilibre et modération. Il est le message aux nations évoqué par le pape », dit-il. « Il est temps pour nous d’assimiler cette vérité, sans laquelle le Liban cesserait d’exister. Les barricades politiques que certains tentent de dresser ne pourraient que se transformer en barricades militaires. C’est ce que veulent Israël et les sionistes : allumer des incendies susceptible de détruire le Liban sur les têtes de tous ses fils et de toutes ses familles spirituelles », conclut M. Eddé.
C’est un véritable cri d’alarme que l’ancien ministre Michel Eddé a lancé hier, à l’adresse tant des milieux du pouvoir que de l’opposition, pour les inciter à mettre fin à l’escalade politique suscitée autour de l’affaire de la MTV et qui, selon lui, ne pourrait que mener à une nouvelle guerre interlibanaise qui détruirait le Liban et ferait l’affaire...