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Actualités - OPINION

Consternation voilée, mais contradictoire, chez les modérés des deux bords

C’est une situation assez vaudevillesque. Les modérés des deux bords, qui désapprouvent par vocation toute escalade, se disent atterrés par la tournure empoisonnée que prennent les choses sur la scène locale. Mais ne se désolidarisent pas pour autant de leurs camps respectifs et leur trouvent toutes les excuses du monde. Le cas le plus intéressant, en la présente occurrence, semble cependant celui des modérés loyalistes. En effet, en face, la position paraît plutôt simple : les libertés, et l’opposition étant attaquées, la légitime défense s’impose, même aux yeux des tièdes. Par contre, c’est assez compliqué du côté des colombes officielles. Il leur faut en effet y mettre du leur sur le terrain par des démarches pressantes de conciliation, puisque la trêve est une revendication d’un pouvoir qui cherche la stabilité, en vue de Paris II. Cela, sans se risquer à avouer que les torts retombent sur certaine aile de leur bloc. Ainsi, un ministre influent confie en privé qu’avant la clôture du sommet, il pensait que la trêve s’étendrait dans l’espace, et partant dans le temps. Par des rencontres multipliées de dialogue, visant à renforcer la cohésion interne face aux périls extérieurs de toute sorte, comme la frappe US en Irak ou, pire encore, les menaces israéliennes au sujet du Wazzani. Comme face à la nécessité de lutter contre la lèpre de la récession, en préparant Paris II par le budget et par les privatisations. Ce ministre n’hésite pas à soutenir qu’il a été surpris par l’attitude de Kornet Chehwane, qui a opté pour l’escalade, après la confirmation judiciaire de la fermeture « administrative » de la MTV. Pourquoi surpris? Parce que, répond-il, des membres de la Rencontre avaient déclaré à des responsables que la formation allait favoriser la détente, la reprise du dialogue et la normalisation. Le ministre cité a cependant l’honnêteté de reconnaître que cette ouverture de la Rencontre se fondait sur un a priori : l’annulation des sanctions contre la MTV. Mais il semble avoir cru que cette exigence était présentée sinon pour la forme, du moins pour le principe. Et qu’il n’y aurait pas tant de remous autour d’une mesure qu’on pouvait gommer en douceur, si le climat restait positif, sans over reaction opposante, comme on dit familièrement. Bref, à l’en croire, tout se serait finalement passé gentiment et au mieux pour tout le monde s’il n’y avait pas eu l’appel de la Rencontre à une manifestation le 31. De son côté, un membre du Rassemblement parlementaire de concertation souhaite que l’on ne descende pas dans la rue et que le débat soit maintenu dans le cadre des institutions légales, Conseil des ministres et Chambre. Un vœu plaisant, dans la mesure où l’Est n’a personne pour le représenter au Conseil des ministres et quelques ténors seulement au Parlement. Et de conclure en regrettant que la voix des ultras l’emporte au sein de la Rencontre sur celle des tempérés. La surprise manifestée par les loyalistes modérés surprend beaucoup Kornet Chehwane. L’un des piliers de cette Rencontre relève en effet que le pouvoir prouve par ses actes même, et en contradiction avec ses propos mielleux, qu’il poursuit avec acharnement son plan de répression des libertés et d’atteinte à la démocratie. Pour parvenir à disloquer, à coups de boutoir, l’opposition, et singulièrement la Rencontre. Dont les éléments restent unis autour des questions fondamentales, malgré des divergences sur des détails ou des méthodes. Cette personnalité ajoute que c’est le pouvoir qui veut et cherche l’affrontement, alors que l’opposition avait accepté de laisser sa chance à la détente. Notamment en s’abstenant de profiter du Sommet de la francophonie pour étaler aux yeux du monde les turpitudes du système, ses dérapages, ses dérives et ses injustices. La personnalité en question dévide ensuite le chapelet connu sur le droit de manifester, qui est refusé à l’opposition alors qu’il est reconnu aux syndicats, ce qui est du reste légitime. Le pôle contre-dénonce les thèses selon lesquelles Kornet Chehwane attise les dissensions confessionnelles, en soulignant que les pratiques du pouvoir ont obligé des fractions à se regrouper pour défendre leurs droits. Tout en précisant que les discriminations ne sont pas le fait d’autres communautés, mais bien du système tel qu’il est dirigé par les démiurges. Ce pilier de Kornet Chehwane rappelle que les positions adoptées par la formation reçoivent l’appui déclaré, ou discret, de tous les démocrates, comme ceux du Forum de Habib Sadek, y compris à l’Ouest. En notant qu’on peut s’alarmer, après l’histoire de la MTV, des visées concernant le mandat de député donné par les Metniotes à Gabriel Murr. Des nuages qui, relève ce pôle, portent atteinte aux efforts considérables déployés par Hariri, qui est toujours par monts et par vaux pour quémander en faveur du redressement économique. Et il conclut par un appel élémentaire aux dirigeants: si vous voulez la paix, cessez donc de nous faire la guerre. Philippe ABI-AKL
C’est une situation assez vaudevillesque. Les modérés des deux bords, qui désapprouvent par vocation toute escalade, se disent atterrés par la tournure empoisonnée que prennent les choses sur la scène locale. Mais ne se désolidarisent pas pour autant de leurs camps respectifs et leur trouvent toutes les excuses du monde. Le cas le plus intéressant, en la présente occurrence,...