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Actualités - OPINION

Après la pause francophone, les loyalistes proposent d’enchaîner avec la trêve des confiseurs

Qui a frappé a frappé, et qui a fui a fui. Ce dicton dialectal signifie que les jeux sont faits. Et même défaits, pour la MTV sinon pour Gabriel Murr. L’Est devrait en prendre son parti, dans l’intérêt du pays, estiment les loyalistes. Parce que, pour eux, le mot d’ordre général doit être maintenant : pas de vagues, jusqu’à Paris II. De plus, à leur avis, que partagent d’ailleurs des opposants modérés, il semble inutile de s’agiter tant que la frappe US en Irak, qui peut changer toutes les donnes, ne s’est pas produite. En somme, avec un petit temps d’avance, la classe politique est invitée à se mettre en vacances de fêtes de fin d’année, Toussaint, Fitr, Noël et Nouvel An. Ce qui interviendrait dans le droit fil du congé octroyé à ces studieux élèves à l’occasion du Sommet de la francophonie. C’est donc à tête reposée que, pour leur part, les officiels continuent à savourer le succès organisationnel du Sommet. En se félicitant du coup double réalisé cette année, en mars pour les Arabes et en octobre pour les francophones. Ce qui fait que le Liban préside à présent, jusqu’aux prochaines retrouvailles, le monde arabe et l’univers francophone, soit au total à peu près 8% de la population du globe. Cet ingénieux moyen de se grandir, comme la grenouille de la fable qui voulait devenir aussi grosse que le bœuf, permet aux loyalistes de prétendre regarder de haut les microscopiques vicissitudes de la scène locale. Et de jouer aux grands seigneurs magnanimes en renonçant à leur campagne pour un Liban circonscription unique et pour un Sénat. De son côté, l’opposition est obligée de réagir. Mais se soucie quand même de ne pas trop désobliger les amis du Liban comme Chirac. Les députés de Kornet Chehwane ont de la sorte oublié leur décision de bouder la place de l’Étoile. Ils s’y sont courtoisement rendus pour y écouter les exhortations à la concorde intérieure du président français. Et certains piliers de la Rencontre estiment que pour la MTV, il faut faire certes ce qu’il faut mais sans aller trop loin. Car, à bien y regarder, on n’y peut rien. Le cabinet En face aussi, on se résigne. C’est-à-dire que les ministrables, qui grouillent dans le camp taëfiste comme des acariens dans une literie, se font à l’idée de prendre en patience le mal qui les démange jusqu’à l’année prochaine. Un ministre indique ainsi que pas plus qu’en avril, où des bruits avaient couru sur un changement de cabinet, il ne faut prendre pour argent comptant les spéculations qui voltigent encore dans quelques salons d’impénitents ambitieux. Ce cadre relève que les intéressés savent sans doute parfaitement à quoi s’en tenir. Et leurs murmures n’auraient pour but que de préparer, de loin, le terrain. Pour ne pas être oubliés lors de la distribution des prix. À un deuxième palier, le bruitage insidieux chercherait à semer un doute entre les dirigeants quant à leurs intentions réciproques. Pour susciter un malaise relationnel destiné à précipiter l’incubation d’une crise ministérielle. Ces calculs, subtils sinon machiavéliques, se trouvent cependant dégonflés comme des ballons de baudruche (et d’essai), par la parfaite confiance qui règne entre les présidents, affirme ce ministre, décidément aussi loyal que loyaliste. Il ajoute que le pouvoir se consacre désormais corps et âme à la réussite de Paris II, qui devrait se tenir, selon Chirac, en novembre. Des efforts sont en effet déployés pour que la conférence ait lieu avant une frappe US en Irak. Ce qui est tout à fait compréhensible, étant donné qu’un tel événement en gommerait bien d’autres dans la région, voire dans le monde. Toujours est-il qu’en ouverture musicale de Paris II, il va y avoir le débat budgétaire à la Chambre. Où les cuivres antifiscalité risquent de tonner, car les députés seraient tentés de défendre une population contribuable qu’on veut encore pressurer et qu’ils sont censés représenter. Cependant, au prix de quelques menues retouches, dans l’esprit des concessions déjà faites en Conseil des ministres, le texte de Siniora va sans doute passer comme une lettre à la poste. Puis on commencera à s’occuper des privatisations, pour montrer patte blanche au FMI qui exige un plan cohérent dans ce domaine. Dès ce jeudi, Jean-Louis Cardahi, en charge des Télécommunications, va présenter au Conseil des ministres une étude exhaustive sur le cellulaire et sur l’adjudication dont cet outil va faire l’objet. Pour en revenir au champ politique, il convient de signaler un effet apparemment paradoxal de la trêve : le Rassemblement parlementaire de concertation renonce, selon l’un de ses pôles, à son idée-force d’ouverture d’un dialogue accéléré avec Bkerké puis avec Kornet Chehwane et tutti quanti. Pourquoi ? Parce que cela ferait de l’activité, sinon de l’agitation, et que pour le moment il faut hiberner, laisser la scène locale tranquille. Une explication commode, qui camoufle peut-être des conseils, venus d’ailleurs, de retirer toute main tendue à l’opposition. Philippe ABI-AKL
Qui a frappé a frappé, et qui a fui a fui. Ce dicton dialectal signifie que les jeux sont faits. Et même défaits, pour la MTV sinon pour Gabriel Murr. L’Est devrait en prendre son parti, dans l’intérêt du pays, estiment les loyalistes. Parce que, pour eux, le mot d’ordre général doit être maintenant : pas de vagues, jusqu’à Paris II. De plus, à leur avis, que...