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Actualités - CHRONOLOGIE

Trois petits discours et quelques questions, la conférence de presse expédiée en deux temps trois mouvements Deux grandes victoires pour le Liban et la France, et un avenir politique confirmé(photo)

Une grande victoire pour le Liban qui a réussi son pari, une autre pour la France, qui s’est imposée comme chef de bloc sur le plan international, en ralliant les 52 États membres de l’OIF à ses vues, et la confirmation du virage politique de l’organisation francophone, ce sont sans doute les trois points à retenir du IXe Sommet qui a achevé ses travaux hier. D’ailleurs, les chefs d’État qui ont donné la conférence de presse finale au Biel ont donné le ton, préférant répondre aux questions, avant même que la Déclaration de Beyrouth ne soit distribuée aux journalistes, comme pour bien montrer que l’essentiel est à la tribune, où les présidents libanais, français, burkinabé et le Premier ministre du Canada ainsi que l’ancien et le nouveau secrétaire général de l’OIF ont résumé en quelques minutes l’atmosphère générale de ces trois journées de discours et de concertations intensives. La grande chance du sommet de Beyrouth, c’est son timing et son lieu: à une étape cruciale sur le plan international, après le séisme du 11 septembre et avant les bouleversements escomptés avec l’attaque américaine contre l’Irak, et dans la capitale du Liban, pays carrefour et miroir de toutes les tensions qui secouent actuellement cette région. C’est ainsi que des journalistes français, venus avec leur président, résument le IXe Sommet de la francophonie qui s’est tenu à Beyrouth les 18, 19 et 20 octobre. Selon eux, le report d’un an, qui avait tant déçu les Libanais, a finalement été bénéfique, puisqu’il a d’abord permis au Liban de mieux se roder pour les préparatifs, poussant le président Chirac à rendre un vibrant hommage « à l’organisation parfaite », et ensuite, il a ouvert la voie à une réaction plus rationnelle aux événements du 11 septembre, alors que les préparatifs militaires américains ont en quelque sorte justifié le virage politique de l’OIF, facilitant le positionnement de la francophonie par rapport à l’unilatéralisme américain. Ralliement à la France au sujet de l’Irak Ce serait donc là ce qu’il faudrait retenir du sommet, bien plus que le contenu de la Déclaration de Beyrouth, pourtant très riche en promesses de renforcement de la démocratie et des droits de l’homme que, toutefois, une grande partie des pays membres ne respectent pas nécessairement dans leur quotidien. Ralliement au point de vue français sur la situation en Irak, élection du candidat de la France au secrétariat général de l’OIF, malgré les réticences de certains pays africains, Chirac a décidément enregistré une grande victoire diplomatique, et c’est en grand vainqueur qu’il est apparu à la tribune pour la conférence de presse finale. À ses côtés, le président Lahoud arbore lui aussi un grand sourire. Son pays a accueilli en quelques mois deux sommets, replaçant le Liban sur la scène politique internationale et devenant un passage incontournable pour ceux qui cherchent des solutions, ou veulent tout simplement lancer un dialogue. Toutes les délégations participant au IXe Sommet de la francophonie ont, de plus, unanimement loué sa bonne organisation, ce qui n’était pourtant pas évident et ce qui a nécessité des mois de préparation. Deux hommes heureux, en cette fin de sommet, se sont donc tenus côte à côte, à la tribune officielle, entourés de deux autres hommes heureux, le président burkinabé, Blaise Compaoré, dont le pays accueillera le prochain Sommet de la francophonie en 2004, sur le thème du développement durable, et le nouveau secrétaire général de l’OIF, l’ancien président du Sénégal Abdou Diouf, fraîchement élu. Ils étaient accompagnés du Premier ministre canadien, Jean Chrétien, et de l’ancien secrétaire général de l’OIF, Boutros Boutros-Ghali, dont les 5 années à ce poste auront certainement marqué la stratégie politique de l’OIF et, tout au bout de la tribune, du ministre de la Culture Ghassan Salamé, auquel on a amené une chaise à la dernière minute. Lahoud : un sommet historique Dans la grande salle de réception du Biel, au décor un peu kitsch, avec ses sculptures et ses dorures, la centaine de journalistes se taisent brusquement, avant d’applaudir l’arrivée des présidents. Lahoud prononce un discours rapide pour préciser qu’il s’agit d’un sommet historique, qui a adopté des résolutions très importantes. « Après les événements du 11 septembre, on a beaucoup parlé du choc des civilisations , alors que nous, au Liban, nous vivons un dialogue entre les différentes civilisations. Dix-sept communautés y vivent sur une même terre et c’est là notre message au monde. » Lahoud remercie tous ceux qui ont participé à ce sommet, ainsi que ceux qui l’ont organisé et, en particulier le Premier ministre du Canada pour ses efforts au service de la francophonie, le secrétaire général Boutros-Ghali, qui s’est toujours tenu aux côtés du Liban, notamment à Cana, et, surtout, le président français, sans lequel ce sommet ne se serait probablement pas tenu à Beyrouth. Chirac prend à son tour la parole, remerciant les autorités libanaises et le ministre Salamé et s’excusant auprès des Libanais pour avoir troublé leur vie quotidienne. Il souligne ensuite l’importance de la présence du président algérien, l’invité d’honneur de Lahoud, avant de relever que ce sommet s’est tenu dans un contexte difficile, au Moyen-Orient et en Afrique. Selon le président français, ce sommet a été riche en décisions, au sujet de la relance de la Déclaration de Bamako sur la démocratie et les droits des personnes, de la concrétisation du dispositif d’observateurs et de la préparation d’une convention internationale sur la diversité culturelle, qui sera confiée à l’Unesco. Chirac précise aussi que la France compte augmenter sa contribution financière à l’OIF et il annonce un Festival des cultures du monde francophone pour 2006. Pas d’ingérence dans les affaires internes Chirac évoque ensuite la politisation de l’OIF, précisant que des sujets très importants, comme le terrorisme, ont été abordés lors de la séance à huis clos. Il salue le consensus (durement obtenu) qui a permis l’élection à l’unanimité du successeur de Boutros-Ghali, Abdou Diouf, rappelant que l’OIF n’est pas une organisation régionale, puisqu’elle est présente sur tous les continents et porte un message international. Le président burkinabé Blaise Compaoré félicite les autorités libanaises pour la réussite de ce sommet, dans un pays qui est à un carrefour entre le Nord et le Sud, l’Occident et l’Orient, le monde arabo-musulman et le monde occidental. Il met l’accent sur la nécessité de renforcer la coopération entre les pays francophones, de manière à faciliter la circulation et les échanges et à renforcer la solidarité entre le Nord et le Sud, meilleure garante de la stabilité internationale. Boutros Boutros-Ghali prononce le dernier discours, exprimant sa fierté d’avoir été le premier secrétaire général de l’OIF. « Ces cinq années ont été passionnantes au service de la paix et de la démocratie, nationale et internationale. » Selon lui, la francophonie permet de renforcer les courroies de transmission entre le Nord et le Sud, le bassin méditerranéen, le monde arabe et l’Afrique. Abdou Diouf ne prononce pas de discours pour laisser un peu de temps aux journalistes, qui, finalement, ne pourront poser que cinq questions. Sur la langue française d’abord, qui a permis au président français d’affirmer qu’il sera très vigilant au sujet de l’utilisation de cette langue dans les instances internationales et qu’il demandera aux diplomates de son pays de parler en français... Interrogé sur l’éventualité d’un recours unilatéral à la force par les États-Unis contre l’Irak, Chirac rappelle la position de la France, « contre l’automaticité de l’intervention militaire, avant de connaître le degré de coopération de l’Irak avec les inspecteurs de l’Onu ». Il reprend la position officielle de la France sur une résolution à deux temps. Si les autorités irakiennes ne font pas le nécessaire, alors le Conseil de sécurité devra se réunir une nouvelle fois et étudier les conséquences de cette attitude... Au sujet de ce qu’il entend par « l’harmonisation des relations libano-syriennes », qu’il a mentionnée dans son discours au Parlement libanais, le président français précise qu’il ne lui appartient pas de faire d’ingérence, bien qu’il entretienne d’excellentes relations avec les deux pays. « Les autorités compétentes ont examiné cette question et cela s’est traduit par l’accord de Taëf, que j’ai été l’un des premiers Occidentaux à appuyer et dont nous espérons voir l’application totale... » Une question sur le développement économique, qui permet au Premier ministre canadien d’évoquer le Nepad, une initiative pour le développement économique dans les pays d’Afrique et dans laquelle le Canada a décidé d’augmenter ses investissements, tout en espérant un assainissement du climat général qui favoriserait les investissements. En réponse à une question, Chrétien affirme qu’il n’y a pas de contradiction entre les Québécois et les autres Canadiens, puisque le Canada est un pays bilingue. Chrétien rappelle enfin que ce sommet a constitué une occasion pour dialoguer et échanger des idées. Il faut multiplier ces occasions pour tenter de résoudre les problèmes. Une question au président Lahoud sur son évaluation du sommet et c’est fini, le IXe Sommet de la francophonie fait désormais partie du passé. Le ministre Salamé salue une dernière fois les bus des journalistes étrangers, qui, tous, pensent déjà à leur retour chez eux. Ce qui les a le plus frappés au Liban? « L’amabilité des forces de sécurité », lance un journaliste d’une station de radio, plongeant les Libanais dans la perplexité. Ils espèrent, eux, que cette belle image sera préservée après le départ des étrangers. Scarlett HADDAD
Une grande victoire pour le Liban qui a réussi son pari, une autre pour la France, qui s’est imposée comme chef de bloc sur le plan international, en ralliant les 52 États membres de l’OIF à ses vues, et la confirmation du virage politique de l’organisation francophone, ce sont sans doute les trois points à retenir du IXe Sommet qui a achevé ses travaux hier. D’ailleurs,...