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Actualités - OPINION

Une parenthèse relativement ensoleillée dans un champ magnétique effervescent

Entre la tempête locale dite des libertés et les noirs nuages made in USA qui s’amoncellent au-dessus de Bagdad, et après l’orage désélectrifiant de la veille, c’est par une claire matinée de printemps automnal que Beyrouth a accueilli les francophones. Une cinquantaine de nations et quelque 3 000 délégués : sous l’angle quantitatif, l’événement est de taille. Ce qui ne veut évidemment pas dire que la francophonie soit, en politique immédiate, de taille à se mesurer avec le géant américain. Auquel, à de rares exceptions près (ou peut-être même à une seule), ses membres s’opposent sur la question irakienne. Bien entendu, les francophones ne peuvent pas ignorer une actualité aussi brûlante. Mais ils ne se retrouvent pas pour faire de la politique conjoncturelle. Et conjecturale, puisque autant la frappe US n’est encore qu’une menace imprécise. Le sommet a d’autres priorités. Il doit se soucier, du moment qu’il se réunit dans cette région du monde, de la guerre israélo-palestinienne. Et, incidemment, de l’affaire du Wazzani, si importante pour le pays hôte, en butte aux menaces sharoniennes. Qui s’accompagnent d’une campagne diplomatique active, en direction notamment des Occidentaux et de l’Onu, pour leur affirmer que le Liban n’a pas le droit de puiser de l’eau sans accord préalable. Mais sur le plan juridique, le monde entier, États-Unis compris, convient que le Liban a le droit de boire à sa propre source. Cependant, à cause de l’Irak comme des Territoires, les USA tiennent absolument à dégager le dossier fluvial de tout climat de défi. Ils recommandent en conséquence à toutes les parties la plus extrême retenue. Et, voyant que le conseil de report adressé aux Libanais n’a pas été entendu, ils ont en bonne logique éludé l’invitation qui leur était faite, ainsi qu’aux pays accrédités à Beyrouth, d’assister à la cérémonie d’inauguration du pompage. Les Américains ont même publié un communiqué de reproches, dans lequel ils précisent qu’à leur avis aucune partie concernée ne devrait prendre des mesures unilatérales qui compromettraient les efforts déployés en vue d’un arrangement à l’amiable. « Pacifique » et juste, soulignent-ils à dessein. Ce qui est une façon à peine voilée d’accuser les Libanais de provocation délibérée. Et une autre façon de laisser entendre qu’une fois qu’eux-mêmes en auraient terminé avec l’Irak, Israël pourrait riposter comme il l’entend, sans qu’ils cherchent à le retenir. Cette attitude américaine, apparemment peu difficile à déchiffrer, des officiels d’ici la trouvent « obscure, floue, peu lisible ». Pour répondre au message US par un surcroît de transparence, il a donc été décidé inopinément que le chef de l’État présiderait en personne la cérémonie d’inauguration, alors qu’initialement il devait y être représenté par le président de la Chambre. Dans les cercles des officiels locaux, on s’en prend donc volontiers à la partialité pro-israélienne des Américains. En rappelant que ces derniers n’avaient pas bougé le petit doigt pour forcer Israël à se retirer. Ou à cesser de spolier, durant l’occupation, les eaux du Wazzani comme du Hasbani. Pour le fond, un diplomate relève que les Israéliens trouvent dans l’affaire du Wazzani une occasion en or pour tenter de relancer les négociations multilatérales prévues à Madrid, pourparlers dont une branche est consacrée au problème crucial du partage des eaux dans la région. On sait que la Syrie, et évidemment le Liban dans sa foulée, avait refusé de s’engager dans ces multilatérales avant que les bilatérales n’aient abouti. Quoi qu’il en soit, lors de leur tournée régionale le mois prochain, les deux cadres spécialisés du département d’État, William Burns et David Satterfield, vont parler du Wazzani avec les Libanais. Pour tenter d’obtenir un droit de médiation que, jusqu’à présent, Beyrouth ne veut reconnaître qu’à l’Onu. Philippe ABI-AKL
Entre la tempête locale dite des libertés et les noirs nuages made in USA qui s’amoncellent au-dessus de Bagdad, et après l’orage désélectrifiant de la veille, c’est par une claire matinée de printemps automnal que Beyrouth a accueilli les francophones. Une cinquantaine de nations et quelque 3 000 délégués : sous l’angle quantitatif, l’événement est de taille. Ce...