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Actualités - CHRONOLOGIE

Conférence - Un artiste-graveur français de renom à Beyrouth, dans le cadre d’un atelier de sérigraphie à l’Alba Tanguy : « L’estampe reflète toujours la personnalité de l’artiste »(photo)

Dans le cadre des activités culturelles labellisées Francobis, Jean-Pierre Tanguy, un artiste-graveur français réputé – présent à Beyrouth pour animer un atelier de gravure et sérigraphie à l’Alba (Sin el-Fil) – a donné une conférence ouverte au public sur l’art de l’estampe. Présentant à l’appui des exemplaires de gravures anciennes et d’autres plus récentes (au burin, à la pointe sèche, à l’eau-forte), le conférencier a surtout abordé l’origine de cette technique d’impression et ses particularités. Fayçal Sultan, critique d’art et directeur de la section de peinture à la faculté des beaux-arts de l’Université libanaise, a d’abord présenté son grand ami Tanguy au public, avant de lui laisser la parole. « Jean-Pierre Tanguy enseigne la gravure à l’École nationale supérieure des beaux-arts à Paris depuis 1974 (...). La gravure est pour lui un exercice quotidien d’austérité et de sobriété. Le secret de son travail réside dans la sincérité, la patience et la propreté. Pour Jean-Pierre Tanguy, le dynamisme de la ligne est celui de la main (...). Ce grand artiste réunit dans ses œuvres abstraction lyrique et néo-abstraction expérimentale dans l’optique de faire de la gravure une poésie. » « Je parlerai uniquement ici de la gravure. C’est-à-dire du fait de graver une plaque et de sentir le métal résister », a commencé par indiquer l’artiste. « La gravure, pour moi, c’est l’estampe, a-t-il ajouté. C’est-à-dire la gravure au burin, à l’acide, celle qui est faite avec une matrice et qui est imprimée soit par l’artiste soit par un imprimeur qui va aider l’artiste à pouvoir diffuser son œuvre. La gravure est un art qui ne date pas d’aujourd’hui. La première manifestation gravée, écrite, la première communication et transmission d’émotion a été faite par les hommes préhistoriques sur les murs des cavernes avec des instruments en os ou en bois. La gravure, qui existe depuis quelques siècles déjà, a bien sûr évolué dans son propos. L’image est aujourd’hui différente. Et comme de nos jours, l’outil numérique permet beaucoup de choses, on peut associer cette technique dite ancienne de l’estampe avec le travail numérique. C’est un travail qu’on ne peut pas contester, même si je suis un peu réservé sur le terme d’estampe numérique, que je considère un peu trouble. Je préférerais que l’on parle plutôt de nouvelles images numériques. Cependant, la pratique reste la même. La gravure ne peut pas être autrement. Elle ne peut pas être industrialisée. » Moyen de diffusion « Le fait de pratiquer la gravure ne relève toutefois pas de l’artisanat, comme certains aujourd’hui voudraient le laisser croire, a signalé Jean-Pierre Tanguy. La gravure est un art dans le prolongement de la peinture ou de la sculpture, mais elle est surtout une sorte d’écriture. À la différence de l’artisan qui utilise le matériau comme finalité, le graveur l’utilise pour communiquer. Et l’avantage que nous, artistes, avons en utilisant cette technique c’est que nous affirmons sur la matrice (c’est-à- dire le bois, le zinc ou la plaque de cuivre) quelque chose, et nous transmettons cette information plus facilement qu’une peinture ou une sculpture, qui est en général unique. » Pourquoi un artiste choisit-il la gravure ? « Lorsqu’on assiste à l’impression d’une gravure la première fois, c’est toujours un moment un peu magique. Il y a une pointe d’émotion à voir son œuvre d’un seul coup révélée sur le papier. Je crois que c’est cela qui nous fait aimer la gravure. » Il y a aussi l’importance que le graveur attache à la diffusion de son œuvre. « Faire de la gravure est aussi, en tout cas pour moi, un choix moral et social dans le sens où la gravure est d’abord un art mais aussi un moyen de diffuser les idées (par la possibilité de multiplication des images), qu’elles soient religieuses au départ, puis de propagande sous la révolution et plus tard informatives comme les illustrations et les cartographies des dictionnaires... Cette technique les artistes, comme Picasso, s’en sont emparés, pour pouvoir mettre leurs œuvres à la portée des gens et à moindre coût que les peintures et les sculptures. Donc, c’est aussi un moyen social de toucher un public qui n’aurait pas accès aux œuvres d’art autrement. » La gravure est un art de réflexion, affirme aussi le conférencier. « La peinture est un art de recouvrement. On recouvre la toile par des couleurs appliquées au pinceau. On peut effacer et superposer les couches. Tandis que dans la gravure, l’artiste est obligé de réfléchir avant de poser son trait, parce qu’il lui est très difficile de corriger une erreur. Il a donc une réflexion beaucoup plus intense à faire sur l’écriture, qu’ il doit marquer sur la plaque. C’est pourquoi la gravure reflète toujours la personnalité de l’artiste », conclut Tanguy. Z.Z.
Dans le cadre des activités culturelles labellisées Francobis, Jean-Pierre Tanguy, un artiste-graveur français réputé – présent à Beyrouth pour animer un atelier de gravure et sérigraphie à l’Alba (Sin el-Fil) – a donné une conférence ouverte au public sur l’art de l’estampe. Présentant à l’appui des exemplaires de gravures anciennes et d’autres plus...