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Actualités - REPORTAGE

Environnement - Une exposition sur la Forêt des pins coorganisée par la municipalité et le Conseil régional d’Île-de-France Le « poumon de Beyrouth » en photos(photos)

Le « poumon de Beyrouth » en photos, c’est ce que proposent et cofinancent depuis le 7 octobre le Conseil municipal de Beyrouth et le Conseil régional d’Île-de-France à la Forêt des pins, dans le cadre du Sommet de la francophonie. Les clichés présentés dans cette exposition originale, au nom évocateur de « Vivre la Forêt des pins », ont été réalisés par le photographe français Alain Bordes qui s’est intéressé non seulement à la végétation, mais à l’élément humain qui entoure cet espace vert, encore fermé au public, à l’exception du mail qui représente 10 % de la superficie totale. Les petits commerçants et artisans de quartiers environnants comme Badaro, Mazraa, Ghobeyri, Chiyah, Furn el-Chebback ou Aïn el-Remmaneh ont confié volontiers leurs souvenirs et leurs impressions au photographe français. « La destruction de cette pinède a eu lieu durant et avant la guerre », rappelle celui-ci. « Il était intéressant pour moi de retrouver ses traces dans les rues, avec ces pins qui peuplent toujours le milieu de la chaussée, apparaissant quelquefois entre les immeubles. Ces arbres qui font partie du paysage sont un symbole millénaire de force et de sécurité. » Certains retraités rencontrés par M. Bordes racontent qu’enfants, ils redoutaient de jouer dans la pinède, effrayés par la densité de ces arbres qui empêchait parfois le soleil d’entrer... Le photographe a également travaillé à l’intérieur même de la Forêt des pins, aujourd’hui en pleine réhabilitation, captant avec sa caméra les différentes sortes de végétations qui s’y trouvent, mettant parfois en relief le contraste avec les immeubles qui l’entourent. Afin de saisir les variations du paysage au fil des saisons, M. Bordes a visité plusieurs fois en un an la capitale libanaise. Il a pris en photo un jardin « très vert en hiver, tapissé de chrysanthèmes jaunes au printemps et plutôt aride en été ». « Toutefois, en tant qu’observateur étranger, j’avais un regard décalé sur la ville », poursuit-il. « Voilà pourquoi j’ai demandé au metteur en scène Roger Assaf de compléter l’exposition par des textes portant sur les différents thèmes que l’on retrouve dans les clichés. Son écriture a apporté un élément supplémentaire que je ne pouvais transmettre par la seule photo. » Il en a résulté des strophes extrêmement poétiques, en français et en arabe, qui accompagnent les 80 photos sur les différents panneaux. L’exposition retrace, dans une première étape, l’historique du parc, avec un habile agencement de photos d’archives (issues des fonds photographiques d’an-Nahar, de la Bibliothèque orientale ou des cartes postales de la collection Fouad Debbas) et de photos nouvelles. Un cliché particulièrement impressionnant représente une vue panoramique du parc triangulaire, îlot de verdure dans une mer d’immeubles. De la Forêt des pins, Alain Bordes a également photographié l’intérieur, les différentes sortes de végétations, les paysages changeants au cours des quatre saisons. Comme son entreprise a englobé une étude des quartiers alentour, le photographe a choisi d’exposer divers clichés qui mettent en valeur l’élément humain et insèrent le site dans la vie palpitante de la ville : des vieux fumant le narguilé dans un café, une échoppe dont la devanture ressemble à un véritable souk, des enfants, des palefreniers s’occupant de leurs chevaux (en hommage à l’Hippodrome voisin)... Il n’a pas non plus oublié ces pins survivants qui continuent de se marier au paysage urbain, comme cet arbre surgissant de la cour en béton d’une école. Enfin, les classes vertes que les collèges voisins organisent, par une initiative du Conseil régional d’Île-de-France et de la municipalité de Beyrouth, font l’objet d’un dernier panneau. Le photographe Alain Bordes, qui ne connaît Beyrouth que depuis décembre 2001, se déclare « séduit par cette ville difficile, fatigante, bruyante mais attachante, par le sourire oriental et l’accueil de la population ». Il a fait tous les efforts possibles pour « respecter la présence des différentes communautés sur les panneaux d’exposition ». Il ajoute que « toutes les personnes rencontrées, qui qu’elles soient, m’ont transmis un même message qui se résume ainsi : pourquoi la Forêt des pins est-elle encore fermée au public ? ». L’ouverture au public en question Cette question est au cœur d’un débat sur la date d’ouverture du jardin. La municipalité de Beyrouth souhaite la retarder de peur d’une dégradation de la végétation jugée encore trop fragile par endroits. D’autant que, comme l’explique Rachid Jalkh, membre du conseil municipal, « l’État n’a pas encore ouvert la voie à l’embauche de personnel, d’où le fait qu’il nous est impossible d’engager les gardiens et les jardiniers nécessaires à la protection et à l’entretien ». Il invoque également un problème d’eau et souligne que « ce sont les paysagistes qui décideront quand la végétation sera prête pour une ouverture éventuelle au grand public ». Le Conseil régional d’Île-de-France, qui a déjà investi quelque 1 832 000 dollars dans la réhabilitation de la Forêt des pins depuis onze ans, souhaite que ce projet aboutisse enfin, comme l’explique Fabien Escallier, représentant de cette instance auprès de la municipalité de Beyrouth. « Les tranches prévues de réhabilitation du parc incluent une roseraie, un lac artificiel, un théâtre, etc. », souligne M. Escallier. « Mais il semble plus urgent aujourd’hui de concentrer nos efforts sur l’ouverture du parc, notamment en assurant la sensibilisation de la population. » Certes, il affirme que la divergence de points de vue n’altérera nullement la coopération entre les deux instances qui ont signé des accords-cadres en 1998, juste après les élections municipales. Aujourd’hui, seule une allée de 20 000 mètres carrés est ouverte à la Forêt des pins (qui totalise 30 hectares). Des terrains de jeux et un espace pour enfants y seront bientôt inaugurés. Outre quelques milliers de pins anciens, le jardin comporte aujourd’hui des pins de huit ans d’âge, mais aussi une grande variété de végétaux, disposés en reliefs. L’exposition se poursuit au mail de la Forêt des pins jusqu’au 27 octobre. Elle est ouverte au public. Il est possible d’y accéder par l’entrée principale, rue Hamid Frangié, où un parking vient d’être inauguré, avec un escalier menant au mail. Suzanne BAAKLINI Un lieu chargé de symboles La Forêt des pins a été créée par l’émir Fakhreddine au XVIIe siècle, dans un lieu qui était auparavant un marécage proche de la ville. La pinède est devenue au fil du temps un lieu de villégiature et de pâturage. Pour avoir une idée de la dimension originale de la forêt, il faut savoir qu’elle couvrait les terrains qui forment aujourd’hui la Résidence des pins, l’Hippodrome, le parc de la Forêt des pins, la Mosquée des pins, les cimetières situés au rond-point Chatila et la pinède éparse le long de la route de Saïda. La lente dégradation du site a été accélérée durant la guerre libanaise, notamment quand de grandes parties ont été brûlées par l’armée israélienne qui pourchassait les Palestiniens, réfugiés dans la forêt, alors très dense. La réhabilitation de la pinède (ou de ce qui en reste) a commencé en 1992, quand un concours international a été lancé par l’IAURIF et financé par le Conseil régional d’Île-de-France pour sélectionner une équipe de paysagistes qui sera chargée de l’aménagement de la Forêt des pins. Par la suite, le conseil a financé l’étude du projet et la première tranche des travaux et contribué au financement d’une seconde étape après la signature d’accords-cadres avec le nouveau conseil municipal de la ville, en 1998. Une troisième tranche doit être exécutée à l’avenir. Actuellement, le mail, seule partie du bois a être ouverte au public, connaît un succès considérable. Parmi les seules personnes à avoir le privilège d’entrer au jardin, figurent des élèves des classes primaires et des lycéens qui ont participé à des classes vertes et des promenades sensorielles (les yeux bandés, les jeunes apprennent à reconnaître les plantes à l’odeur). Le conseil municipal, avec ses partenaires français, a décidé de proposer, à partir du 8 juin 2002, deux formations principalement destinées à des enseignants et éventuellement à des étudiants : animateurs en espaces jardins et éco-guides.
Le « poumon de Beyrouth » en photos, c’est ce que proposent et cofinancent depuis le 7 octobre le Conseil municipal de Beyrouth et le Conseil régional d’Île-de-France à la Forêt des pins, dans le cadre du Sommet de la francophonie. Les clichés présentés dans cette exposition originale, au nom évocateur de « Vivre la Forêt des pins », ont été réalisés par le...