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Actualités - CHRONOLOGIE

MANIFESTATION - Quatre blessés au cours d’affrontements entre jeunes et forces de l’ordre Les étudiants à la francophonie : « Sauvez-nous de la Syrie »(photos)

Des heurts ont opposé hier les forces de l’ordre à quelque 800 étudiants, qui manifestaient pour le respect des libertés et le retrait des forces syriennes du Liban, devant le campus des sciences sociales de l’Université Saint-Joseph (USJ), rue Huvelin. Quatre étudiants ont été blessés dans les échauffourées et sept autres interpellés par les Forces de sécurité intérieure (FSI). Mais tout est rentré dans l’ordre dans la soirée et les étudiants ont été relaxés, à l’exception d’un seul n’ayant pas renouvelé ses papiers d’exemption du service militaire. Ce qui a incité leurs camarades à rompre le sit-in et à se disperser. En leur qualité d’étudiants de la principale université francophone du pays, les étudiants de l’USJ avaient appelé à un sit-in à l’intérieur du campus, voulant profiter de la tenue du Sommet de la francophonie à Beyrouth pour dénoncer, devant les gouvernements des pays participants, « la répression des valeurs francophones et les violations répétées par le pouvoir des libertés publiques et des droits de l’homme ». Deux calicots ont été accrochés par les étudiants sur les murs de l’USJ, sur lesquels on pouvait lire : « Nous sommes en danger, les valeurs de la francophonie aussi. » et « Sauvez-nous de la barbarie syrienne. » Les forces de l’ordre, notamment l’unité d’intervention rapide et la brigade antiémeute, se sont déployées massivement aux abords de l’USJ. Le sit-in a débuté à 12h30 et les étudiants ont scandé des slogans hostiles à la Syrie, réclamant « le départ immédiat des troupes et des services de renseignements syriens du Liban » et la réouverture de la chaîne de télévision MTV. Plusieurs membres des services de renseignements en civil, infiltrés parmi les étudiants, ont pénétré dans le campus. Vers 13h, des étudiants de l’Université de Louayzé, qui venaient pour participer au sit-in, sont malmenés puis encerclés par les forces de l’ordre avant qu’ils ne puissent pénétrer dans l’enceinte de l’université. Les étudiants de Louayzé ne seront relâchés que plusieurs dizaines de minutes plus tard. Mais la tension monte inexorablement entre les étudiants et les agents de l’ordre. Elle éclate moins de deux heures plus tard lorsqu’un groupe d’étudiants tentent de sortir de l’enceinte de l’université. Ils sont aussitôt repoussés par les forces de l’ordre qui veulent éviter les débordements. C’est le choc entre les deux camps. Les FSI tentent de contenir les étudiants et de les ramener à l’intérieur du campus à coups de crosse de fusil. Certains étudiants répliquent à mains nues pour se défendre. Six d’entre eux, Édouard Chamoun, président de la section étudiante du Parti national libéral (PNL), Rabih Khalifé, cadre du PNL, Charbel Khalil, Élie Chamoun, Paul Bassil, du Courant patriotique libre (CPL-aouniste), et Youssef Sadek sont interpellés. Ils ne seront relaxés qu’en soirée. Plusieurs étudiants reçoivent des coups durant le face-à-face. Deux militants du CPL, Rami Saliba et Cynthia Zaraziri, et deux militants des Forces libanaises, Richard Younan et William Chémali, sont transportés à l’hôpital. Zaraziri, 19 ans, est gravement blessée. Elle a reçu des coups de crosse sur le cou, le dos, l’épaule et les oreilles. En état de choc, elle n’arrive plus à bouger aucun de ses membres. La Croix-Rouge lui prodigue les premiers soins à la bibliothèque de l’USJ. Elle est ensuite transportée à l’Hôpital orthodoxe. Elle a l’épaule gauche démise, un affaissement des vertèbres et souffre de plusieurs contusions, a rapporté un de ses proches à L’Orient-Le Jour. Les plaies d’une opération aux oreilles qu’elle avait faite quelques jours auparavant se sont également rouvertes à cause des coups, a-t-il ajouté. Richard Younan, transporté par la Croix-Rouge à l’hôpital, est également arrêté en chemin par les FSI. Il ne sera relaxé qu’en soirée. Les slogans hostiles à la Syrie reprennent de plus belle. Certains étudiants jettent des bouteilles d’eau en plastique vides sur les FSI, mais ils sont tout de suite maîtrisés par les responsables estudiantins. L’équipe de TV5 vient filmer la manifestation, chaudement acclamée par les jeunes. Lesquels se mettent aussitôt à scander des slogans en français: « Syriens, assassins, libérez le Liban. » et « MTV, liberté. » L’un des responsables de l’amicale a par ailleurs adressé une lettre ouverte aux gouvernements des pays francophones : « L’image du Liban qu’ils essayent de vous montrer, à l’hôtel Phoenicia, à l’Inter-Continental et au Martinez est fausse et mensongère. Au Phoenicia, le Liban est un pays démocratique, libre, pluraliste et qui respecte les droits de l’homme. La Syrie y est perçue comme un pays qui aide le Liban à maintenir sa stabilité. Alors qu’ici, dans le Liban réel, au campus de l’USJ, les étudiants sont réprimés, baillonnés, tabassés. Ici, la conscience du Liban est encore libre, et c’est bien la véritable image du Liban qui vous est montrée. Ici, la Syrie est perçue comme une force d’occupation qui cherche à implanter un régime totalitaire et sécuritaire au Liban. » Et de conclure en réclamant « l’application de la résolution 520 du Conseil de sécurité et le rétablissement de la souveraineté libanaise ». La direction générale des FSI a quant à elle affirmé que « des étudiants s’étaient rassemblés au campus de l’USJ, brandissant des banderoles et scandant des slogans hostiles à la présence arabe syrienne fraternelle et au pouvoir ». « Les étudiants ont cherché à sortir de l’université et se sont heurtés aux forces de l’ordre qui tentaient de les contenir parce que les manifestations sont interdites. » « Des empoignades ont eu lieu » et « des bouteilles d’eau vides et des planches en bois ont été lancées sur les FSI », faisant « un blessé chez les agents et deux blessés légers chez les étudiants ». Les FSI ont enfin appelé les étudiants « à respecter la loi pour ne pas porter atteinte à l’image civilisée du pays ». Michel HAJJI GEORGIOU
Des heurts ont opposé hier les forces de l’ordre à quelque 800 étudiants, qui manifestaient pour le respect des libertés et le retrait des forces syriennes du Liban, devant le campus des sciences sociales de l’Université Saint-Joseph (USJ), rue Huvelin. Quatre étudiants ont été blessés dans les échauffourées et sept autres interpellés par les Forces de sécurité...