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Actualités - OPINION

Exécutif - Répartition des chasses gardées Le politique pour Baabda, l’économique pour le Sérail

Encore une fois, et pourvu que cela dure, le rabibochage entre les présidents se fonde sur le consensus initial répartissant entre eux les domaines réservés : le politique pour M. Lahoud, l’économique pour M. Hariri. Qui doit donc assumer un plan de redressement ? Via le budget de l’an 2003 ; l’obtention de crédits nouveaux et de moratoires à Paris II ; ou à toute autre occasion ; les négociations ciblées avec la Banque mondiale comme avec le Fonds monétaire international ou les Caisses arabes et autres ; les privatisations, en commençant par le cellulaire, maintenant que Cellis et LibanCell ne travaillent plus que comme opérateurs temporaires. À ce dernier propos, il convient de signaler que le président du Conseil supervise en personne un chantier de travail qu’anime le ministre des Télécommunications, M. Jean-Louis Cardahi. Il s’agit de compléter le transfert de propriété, c’est-à-dire de contrôle, entre les deux sociétés et le ministère, ou éventuellement le futur adjudicataire. D’ailleurs, l’appel d’offres va être lancé sous peu. Les indemnités dues aux deux compagnies seront défalquées du prix de la concession, qu’elle leur revienne de nouveau ou d’autres, et non des recettes ultérieures. Mais si l’adjudication ne peut avoir lieu, si elle est retardée, si le Conseil des ministres en rejette les résultats, comme c’est son droit ? Alors, répondent les sources qualifiées, il faudra trouver d’autres voies. En se rappelant que les deux contrats antérieurs ne viennent normalement à expiration que le 31 janvier 2003... Sur le plan global, les loyalistes sont optimistes. Ils affirment que les entretiens préliminaires, en vue de Paris II, avec la Banque mondiale et avec le FMI ont été couronnés de succès. Les deux institutions se seraient déclarées satisfaites de la réforme engagée par le gouvernement libanais et de ses efforts pour réduire le déficit du budget ainsi que la dette publique. Une délégation du FMI vient bientôt discuter en détail des mesures libanaises et des privatisations, pour rédiger un nouveau rapport circonstancié avant Paris II. Ces sources rappellent que le nom du Liban a été rayé par le Gafi de la liste des pays qui n’en font pas assez pour lutter contre le blanchiment d’argent. Quant au président Lahoud, il traite en quasi exclusivité les dossiers politiques ou sécuritaires intérieurs. Dont les rapports avec l’opposition du cru ou les médias locaux, ainsi que les relations internationales ou arabes, notamment avec la Syrie. Le pouvoir va-t-il réussir dans les missions qu’il s’est fixées ? Certains professionnels, aussi bien loyalistes qu’opposants, répondent que si M. Hariri parvient à sortir le pays de l’ornière financière dans les prochains mois, il risquerait paradoxalement d’en payer le prix. Pourquoi ? Parce qu’à leur avis, s’il franchit avec succès le double cap de Paris II et de la privatisation du cellulaire, il deviendrait possible de se passer de ses services. Son entregent ne serait plus aussi indispensable qu’aujourd’hui. Et le président Lahoud parachèverait tranquillement son mandat avec un Premier ministre qui serait plus proche de son style. Et dont le gouvernement superviserait la prochaine présidentielle. Clin d’œil évident vers la reconduction. Selon les mêmes politiciens, visiblement bien intentionnés à l’égard de Koraytem, si M. Hariri devait échouer, ce serait du pareil au même : il devrait partir. Bien entendu, ce point de vue, ou ce souhait, est loin d’avoir la cote dans les cercles politiques. Où, en général, on pense que M. Hariri est pratiquement inamovible, car tel est le vœu des décideurs, comme des pays arabes ou des puissances occidentales. Sans compter, ajoute-t-on, sa propre force politique intérieure, qui est immense. Les haririens, de leur côté, sont convaincus que leur chef va réussir sur le plan économique et financier. Que les premiers dégagements apparaîtront au début de l’an prochain. Et que M. Hariri deviendra alors trop populaire pour qu’on songe à le dégommer. Ils soulignent, ce qui est du reste généralement admis, que là où ce dépositaire d’un large crédit à l’étranger aurait éventuellement échoué, nul autre n’a des chances raisonnables de réussir. À leur avis, un échec n’est à redouter que pour des causes non économiques. Ce qui est une façon de dire que les haririens craignent avant tout les peaux de banane. Ou encore, et peut-être surtout, les bévues commises par d’autres sur le plan politique, judiciaire ou médiatique, comme les secousses enregistrées ces derniers temps par suite de règlement de comptes bornés. Sans compter une possible dégradation à la frontière Sud, à cause d’une politique mal étudiée. Ces facteurs ont pour effet de nuire à la crédibilité extérieure de l’État libanais, de faire fuir les capitaux, tout en minant la confiance intérieure et en aggravant la récession. En tout cas, il est erroné que les camps en présence misent réciproquement sur leurs échecs, car tout le pays en pâtirait. Émile KHOURY
Encore une fois, et pourvu que cela dure, le rabibochage entre les présidents se fonde sur le consensus initial répartissant entre eux les domaines réservés : le politique pour M. Lahoud, l’économique pour M. Hariri. Qui doit donc assumer un plan de redressement ? Via le budget de l’an 2003 ; l’obtention de crédits nouveaux et de moratoires à Paris II ; ou à toute autre...