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Actualités - CHRONOLOGIE

WAZZANI - Beyrouth n’a reçu aucune demande officielle américaine lui enjoignant de surseoir au pompage Hammoud envoie un pré-rapport à Annan martelant le « droit naturel » et inaliénable du Liban

Avant-hier mercredi, le Liban a procédé « avec succès », avait martelé le président du Conseil du Sud Kabalan Kabalan, à un essai des pompes. Et avait clairement annoncé sa volonté de tout faire pour que l’inauguration, le 16 octobre, des nouvelles installations du Wazzani se fasse dans des conditions optimales. Une volonté libanaise somme toute fort légitime, qui a passé outre les tentatives d’intimidations israéliennes et qui a décidé de ne pas attendre les résultats de la médiation américaine. Quelques heures à peine après ce pompage d’essai réussi, et toujours avant-hier, un responsable du département d’État US, qui a requis l’anonymat, a affirmé, sans aucun état d’âme, que l’Administration américaine n’approuve pas la décision libanaise, souhaitant que Beyrouth ne commence pas le pompage complet des eaux du Wazzani. « Nous voulons que Beyrouth évite toute initiative individuelle – et le pompage en est certainement une », a-t-il indiqué. Ajoutant que le message américain (qui ressemble, de près comme de loin, à une véritable mise en garde) est simple – « ne rien faire qui puisse menacer le statu quo actuel » –, il a appelé Beyrouth à « coopérer » plutôt. Déclarant également que toute agression israélienne contre les installations hydrauliques libanaises serait, « aussi, une initiative individuelle inacceptable ». Et un des porte-parole du département d’État a indiqué que Washington « poursuit ses pressions auprès des deux parties pour qu’elles se comportent et coopèrent d’une façon constructive, et qu’elles évitent les initiatives individuelles ». Le palais Bustros est catégorique, et affirme n’avoir reçu aucune demande américaine l’enjoignant à n’effectuer aucun pompage des eaux du Wazzani. D’ailleurs, les responsables du ministère ont eu vent des protestations et autres reproches de Washington par voie de presse. Dans une première analyse de l’événement, des sources diplomatiques rapportées par notre correspondant au ministère des Affaires étrangères, Khalil Fleyhane, estiment que les propos du porte-parole du département d’État sont une analyse personnelle, ou un commentaire sur une question posée par un des journalistes. Quoi qu’il en soit, ces sources ont fermement critiqué l’équation adoptée par la diplomatie US, la qualifiant « d’injuste », puisqu’elle met à pied d’égalité le Liban (qui ne profite que d’une portion minime de son eau) et Israël (qui bénéfice d’une bien plus grande partie des eaux libanaises). « Et les Américains savent parfaitement cela », ajoutent-elles. Indiquant que lorsque la chargée d’affaires américaine, Carol Calin, s’était rendue à Baabda et à Koraytem en début de semaine, elle avait conseillé aux responsables libanais « d’éviter la précipitation et de reporter le pompage des eaux à une date ultérieure », c’est-à-dire « après un accord sur la quantité d’eau dont profite le Liban ». Un accord qui serait conditionné par le OK des Nations unies, basé sur les critères des lois internationales, et qui bénéficierait de l’approbation des autorités israéliennes, selon la n°2 de l’ambassade US. Les sources diplomatiques précitées indiquent que les responsables libanais ont écouté Carol Calin, mais que les travaux sur le chantier du Wazzani « se sont poursuivis malgré le conseil américain. Alors Washington s’est hâté de demander publiquement au Liban de reporter le pompage et l’inauguration prévue le 16 octobre. Le pompage d’essai a quand même eu lieu, et en parallèle, le ministre des AE a adressé un message au secrétaire général des Nations unies l’informant du droit du Liban de bénéficier des eaux qu’il pompera du Wazzani, pour la consommation potable et l’irrigation ». Et non pas, comme l’a souligné Mahmoud Hammoud dans sa note à Kofi Annan, pour « détourner » ces eaux, et que le volume d’eau pompé sera inférieur à celui auquel le Liban a droit (entre 2 et 4 millions de m3/an, en sus des presque 7 autres millions dont profiteront les villages frontaliers. Cela revient, en fait, à 50 l/jour pour chaque citoyen libanais, alors que chaque Israélien profite de 250 l/jour). Les sources en question précisent que si le locataire du palais Bustros s’est hâté d’envoyer à Kofi Annan cette note (ce pré-rapport) – avant que ne soit terminé le texte définitif du rapport concocté par la commission parrainée par le Premier ministre Rafic Hariri –, « c’est pour répondre aux menaces militaires et autres allégations médiatiques de l’État hébreu qui souhaite détruire les installations libanaises. Et pour rappeler que c’est bien Israël l’agresseur ». D’ailleurs, les membres de la commission précitée ont eu, selon les sources en question, des consignes très strictes sur la confidentialité du sujet, et pour ne pas que les médias en aient connaissance avant que Kofi Annan lui-même ne l’examine. « Cette commission a réussi à finaliser le rapport en moins d’un mois, ce qui a permis au Liban de l’envoyer à New York. Pour, notamment, couper l’herbe sous le pied des Israéliens, qui tentaient de s’arroger tous les droits par le biais des Américains. » Ces sources indiquent que l’essence de la note adressée par Hammoud à Annan repose sur le « droit naturel du Liban de profiter des eaux du Wazzani », et son attachement à ce droit, en vertu des accords internationaux. Le volet juridique, précisent-elles, « ne se base pas sur l’accord Johnston, né au début des années 50 (mais qu’aucun État n’a ratifié), qui a prévu, pour le Liban, 35 millions de m3. Ce que le Liban pompe actuellement est un tantinet inférieur à ce chiffre », souligne-t-on dans le rapport. Qui comprend bon nombre de statistiques économiques et sociales, des cartes, ainsi que de nombreuses photographies. L’attachement du Liban, rappellent également les sources diplomatiques, est solide, et juste. « Le Liban ne souhaite aucune médiation américaine ou autre. L’action US ne s’est pas faite en réponse à une demande libanaise, mais vise à éviter toute tentative israélienne de destruction des installations du Wazzani lors d’une éventuelle attaque US contre l’Irak. Sachant que Washington souhaite que le calme et la stabilité prévalent au Liban-Sud. » En fait, ce que le Liban refuse, c’est une médiation « entre lui-même et son droit naturel. Le Liban est pleinement convaincu de ce qu’il fait, et sa seule et unique référence internationale est l’Onu », martèlent les sources en question. Qui ont indiqué que les dirigeants russes ont évoqué le dossier du Wazzani avec le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, au cours de la récente escale moscovite de ce dernier. Et qu’ils lui ont conseillé de « chercher une solution politique, bien plus utile qu’une solution militaire, selon les responsables russes. Qui reprochent au Liban le fait de ne pas avoir avisé préalablement l’Onu avant de débuter les travaux des nouvelles installations ». Sur le terrain Sur le terrain, les forces israéliennes ont poursuivi hier leurs provocations terrestres et aériennes à l’encontre du chantier du Wazzani. Une mobilisation israélienne a même été observée hier midi autour de la source de la rivière : une division d’infanterie, secondée par des blindés, a violé la ligne bleue dans la région de Ghajar. Les soldats se sont avancés vers le nord de 400 mètres pendant une demi-heure et ont scruté le déroulement des travaux. Pendant ce temps, un hélicoptère israélien tournait en rond autour de l’axe Ghajar-Abbassiyé. Et des blindés étaient en mouvement dans le triangle Abbassiyé-Ghajar-Hamary. Alors qu’en face, les ouvriers engagés par le Conseil du Sud ont redoublé le rythme de leur travail, réussissant à installer, notamment, les cinq pompes à l’intérieur de la station de pompage jouxtant le réservoir principal. D’autre part, un hélicoptère de la Finul a survolé à basse altitude le cours du Wazzani et sa source, et ce, pendant cinq minutes. Alors qu’un avion Awacs israélien a survolé la Méditerranée au large de Tyr.
Avant-hier mercredi, le Liban a procédé « avec succès », avait martelé le président du Conseil du Sud Kabalan Kabalan, à un essai des pompes. Et avait clairement annoncé sa volonté de tout faire pour que l’inauguration, le 16 octobre, des nouvelles installations du Wazzani se fasse dans des conditions optimales. Une volonté libanaise somme toute fort légitime, qui a...