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Actualités - OPINION

Spéculations politiques sur la vivacité du prochain débat budgétaire

L’entente retrouvée entre les dirigeants va-t-elle anesthésier la Chambre et engourdir le prochain débat budgétaire ? Le texte passera-t-il, vite fait, comme une lettre à la poste, sans grandes retouches ? C’est probable, mais pas tout à fait certain. Car les vues drastiques de Siniora heurtent souvent des sensibilités parlementaires ouvertes, par définition même, aux récriminations populaires. Un premier exemple : le projet d’augmenter les heures de travail des fonctionnaires. Sur ce point, la plupart des députés rejoignent les intéressés réfractaires. D’autant plus volontiers que les organismes administratifs dits de contrôle ont fait savoir qu’avant d’envisager une telle mesure, il faut commencer par veiller à l’application de l’horaire officiel actuel. En effet, c’est la pagaille : beaucoup trop de fonctionnaires ont l’habitude d’arriver après l’heure et de partir bien avant sous divers prétextes. Il faut donc y mettre bon ordre. Ce qui signifie qu’il est nécessaire d’activer plus efficacement les services de surveillance et d’inspection. En se disant qu’au cas où on voudrait par la suite étendre l’horaire, cela coûterait des sous, beaucoup de sous. Il y aurait plus de frais de bureau, de maintenance, d’électricité, de téléphone etc. Et on devrait, surtout, traiter avec humanité le volet social du problème. S’il n’est pas question d’indemniser les fonctionnaires qui travaillent ailleurs, une fois libérés de leurs devoirs publics, il faut par contre prévoir pour eux des cantines subventionnées, puisqu’ils ne pourront plus déjeuner à la maison. On devra en outre, ce ne serait que justice, les augmenter un peu côté traitements. Or des fonds, le Trésor, exsangue, n’en dispose pas. D’autres sujets vont sans doute inspirer également les tribuns du Parlement. Ils risquent ainsi de regimber contre le projet qui autorise le gouvernement à porter d’un tiers à deux tiers le quota de recrutement contractuel hors cadre pour les postes de la première catégorie. Même le ministre concerné, Fouad es-Saad, en charge du développement administratif, est contre cet élargissement. Tout comme il s’était opposé, avec succès, à la consécration d’un cadre parallèle dit contractuel, face au cadre administratif normal. Les députés annoncent ensuite qu’ils comptent contester d’autres dispositions, dont la réduction à trois ans (renouvelables) de l’immunité, actuellement permanente, assurée aux présidents du Conseil de la Fonction publique et de l’Inspection centrale, ainsi qu’aux membres de la haute instance de discipline. Ces restrictions étonnent en fait les députés, du moment que les responsables ne cessent d’affirmer qu’il faut renforcer les organismes administratifs de contrôle. D’ailleurs, dans ce but, le ministre es-Saad a veillé à la mise sur pied d’équipes mixtes, groupant son staff, la Fonction publique, l’Inspection et la Cour des comptes. La tâche de cette cellule, aidée par des experts européens, est de promouvoir la réhabilitation des organismes de contrôle. Au stade actuel, le comité a déjà produit un certain nombre de projets de lois, s’inspirant certes de l’esprit de la réforme voulue jadis par Chehab, mais privilégiant la modernisation de l’Administration et consolidant le rôle des organismes de contrôle. Bien entendu, la corporation parlementaire ne devrait pas non plus laisser passer facilement le projet réduisant de 15 % les primes mensuelles dévolues aux anciens présidents de la République, de la Chambre et du Conseil des ministres, ainsi qu’aux anciens députés, compression qui s’étend aux cadres de toutes les institutions semi-officielles. Les députés ont découvert avec intérêt (c’est le mot) que le texte présente des failles qui le rendent invalidable. Ils se sont en effet aperçus que ses dispositions enfreignent les statuts de la Banque centrale pour ce qui est de la rémunération du gouverneur, des vice-gouverneurs, de la commission de contrôle des banques, de la commission de lutte contre le blanchiment d’argent. Il en va de même pour le Casino du Liban, de l’Intra, de la MEA et tutti quanti. Les députés observent que si l’on devait réduire de 15 % les émoluments du gouverneur de la Banque centrale, il toucherait moins qu’un directeur de succursale bancaire. Last but not least, il est évident que les députés ne manqueront pas de grogner, avec le contribuable qui les élit, contre les augmentations d’impôts et de taxes prévues dans le fameux bordereau numéro 9. Ils voudront aussi protester, dans le même élan de solidarité avec l’électorat, aux côtés des enseignants qui menacent de grève ouverte, comme aux côtés des planteurs de tabac, qui réclament 5 milliards de livres pour le rachat de leur production 2002. Émile KHOURY
L’entente retrouvée entre les dirigeants va-t-elle anesthésier la Chambre et engourdir le prochain débat budgétaire ? Le texte passera-t-il, vite fait, comme une lettre à la poste, sans grandes retouches ? C’est probable, mais pas tout à fait certain. Car les vues drastiques de Siniora heurtent souvent des sensibilités parlementaires ouvertes, par définition même, aux...