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Actualités - CHRONOLOGIE

Coopération - La confusion sur la réduction de l’aide américaine persiste L’USAID parraine plusieurs projets de développement

C’est à une valse d’informations contradictoires et confuses sur l’aide américaine au Liban que l’on assiste depuis deux semaines. Après une première révélation faisant état d’une « suspension » de l’aide accordée au Liban dans le cadre du programme de l’USAID (Agence américaine pour le développement international), une autre information était venue préciser qu’il s’agit d’une réduction du budget annuel affecté à l’aide, à savoir 10 millions de dollars sur un total de 35 millions alloués dans le cadre du programme de l’année financière 2003. Décidé par le Congrès américain, cette « suspension » ne serait levée qu’une fois l’armée libanaise déployée à la frontière avec Israël. Enfin, une troisième information, parvenue de l’ambassade cette fois-ci, dément les deux premières : il s’agirait, nous dit-on, de « fausses interprétations », le Sénat ne s’étant pas encore prononcé. Pour certains observateurs, il n’y a pas de fumée sans feu. Par conséquent, toute réduction de l’aide allouée au Liban signifie que les États-Unis cherchent – par messages interposés – à exercer une pression politique, notamment à la veille d’un éventuel conflit avec l’Irak. Pour d’autres sources, cette mesure, si elle devait se confirmer, n’est que symbolique, « l’arme » des dix millions de dollars ne pouvant être d’une efficacité dissuasive. Qu’en pense le directeur de l’USAID au Liban ? « Toute information portant sur une réduction ou même suspension de l’aide est erronée », affirme M. Raouf Youssef, estimant qu’un montant aussi minime que 10 millions de dollars « ne saurait constituer un moyen de pression », surtout lorsque l’on sait que l’Égypte, pour ne citer que ce pays, bénéficie à elle seule de 650 millions de dollars par an. Selon lui, rien n’a encore été décidé à ce sujet. Tout ce que l’on sait, dit-il, c’est que le projet est encore « en cours de négociation », la Chambre des représentants ayant déjà donné son aval pour les 35 millions prévus. Reste le Sénat, qui doit se prononcer incessamment sur la question. Cependant, poursuit M. Youssef, on ne peut en aucun cas anticiper un refus de l’aide attendue. Par conséquent, l’information de presse faisant état d’une suspension partielle de cette aide, conditionnée par l’envoi de l’armée au Liban-Sud, est, estime-t-il, « une fausse interprétation des faits ». Or, de source informée on apprenait la semaine dernière que la clause de suspension est contenue dans le 2003 Foreign Relations Authorization Act, voté par le Congrès et signé, lundi 30 septembre, par le président George Bush. Une décision confirmée hier par un ancien diplomate américain de passage à Beyrouth, qui a estimé que cette mesure prise par le Congrès « est insensée, ce dernier n’étant pas supposé s’ingérer dans les questions relatives à la politique étrangère ». Un lien étroit Pour sa part, Raouf Youssef, qui reconnaît pourtant « l’existence d’un lien étroit entre l’octroi d’une aide financière et la politique étrangère des États-Unis», préfère éviter ce type d’analyse et se concentrer sur les objectifs et stratégies adoptés par l’agence qu’il préside au Liban. « Ce qui est sûr, dit-il, c’est qu’en date du 29 septembre, Washington a approuvé des aides financières pour un montant de 32 millions de dollars pour l’année 2002 », et non pour 2003. Normalement, explique le responsable, l’agence dispose de deux ans pour dépenser le montant affecté pour 2002, soit d’octobre 2001 à octobre 2003. Quant au retard mis à obtenir la somme en question, il est principalement dû à des problèmes techniques, tels que la définition de la stratégie à adopter, l’étude des besoins sur place, la conclusion des contrats, etc. M. Youssef relève que « l’information annonçant la réduction du budget de 2003 est venue deux jours après l’approbation du budget de 2002 ». Hasard ou coïncidence ? Peu importe pour le moment, laisse-t-il entendre, puisque les aides financières pour l’exercice 2002 ont été accordées et que l’agence peut désormais mettre à exécution la stratégie prévue dans ce cadre. Il s’agit notamment d’un programme visant à la création d’opportunités économiques, de l’appui aux municipalités, d’une gestion plus efficace des ressources hydrauliques et du renforcement de la démocratie. Les projets concernent les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’environnement, la gestion locale et plus récemment encore, l’écotourisme, sans oublier la fameuse campagne anticorruption lancée en 1999. Le programme d’aide bénéficie principalement aux régions périphériques, notamment le Liban-Sud surtout après le retrait israélien, indique M. Youssef. « La particularité du programme est qu’il est exécuté par le biais des ONG locales et non à l’aide des institutions gouvernementales », dit-il, en relevant que cette méthode est de loin plus efficace et plus bénéfique à la société civile. « C’est le meilleur moyen de contourner la lourdeur de la bureaucratie administrative et d’impliquer de manière plus active les individus et groupes concernés avec lesquels nous définissons les besoins locaux », note le reponsable. Ainsi, ce sont quelque 13 000 projets qui ont déjà été exécutés par l’agence, bénéficiant à près de 900 000 personnes réparties sur 730 villages, dont 35 000 femmes. Parmi les principaux bénéficiaires, les fermiers, les municipalités, les institutions pédagogiques, et sur un plan plus global le secteur public avec lequel l’agence collabore étroitement, notamment dans le domaine de la gestion de l’eau. Lancé en 1997, le programme d’aide américaine s’élevait à 12 à 15 millions de dollars, qui ont pratiquement doublé à partir de 2001. Suite au retrait israélien, les projets visant le Liban-Sud ont naturellement augmenté, proportionnellement aux besoins. À la question de savoir comment les habitants de certaines régions, souvent hostiles à la politique américaine, ont accueilli les différents projets, M. Youssef affirme que ce sont les considérations pratiques et non politiques qui ont toujours prévalu. À ce titre, il cite le « programme de développement des communautés rurales » qui a contribué, grâce à la participation de plus de 700 ONG locales, à la réhabilitation des routes, des écoles et des cliniques dans plusieurs régions libanaises. L’aide américaine a en outre bénéficié à plus de 27 000 producteurs laitiers qui sont parvenus, grâce à l’introduction de nouvelles technologies, à accroître leur production. Le programme s’est également étendu à d’autres secteurs, profitant aussi bien au secteur public que privé. Ainsi, un projet a été mis sur pied, dans le but d’aider les parlementaires à établir des politiques et des analyses budgétaires et à promouvoir la communication entre les citoyens et leurs élus. Parmi les projets les plus récents, celui portant sur l’entreprise privée. « Il concerne des réformes dans trois secteurs principaux, l’écotourisme, l’industrie agroalimentaire et celui des services régionaux », révèle M. Youssef. Quoi qu’il en soit, l’agence dispose pour l’instant d’un montant qui devrait suffire pour toute l’année à venir, en attendant la décision finale relative au montant de l’aide financière de l’exercice fiscal 2003. Pour M. Youssef, cette aide pourrait éventuellement être décuplée une fois le conflit du Proche-Orient réglé. « Nous nous attendons à l’adoption par le Congrès d’un véritable plan Marshall pour la région, une fois la paix rétablie. Il devra largement profiter aux pays amis des États-Unis », a conclu le responsable, en rappelant que « toute relation économique entre les États est tributaire de considérations politiques ». Jeanine JALKH
C’est à une valse d’informations contradictoires et confuses sur l’aide américaine au Liban que l’on assiste depuis deux semaines. Après une première révélation faisant état d’une « suspension » de l’aide accordée au Liban dans le cadre du programme de l’USAID (Agence américaine pour le développement international), une autre information était venue préciser...