Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Abdou Diouf, pour une francophonie à la voix plus forte

Par Kibily TOURE * En octobre, à Beyrouth, capitale d’un Liban longtemps meurtri par la guerre, la grande famille francophone se choisira un nouveau secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Celui-ci succédera à Boutros Boutros-Ghali, prédécesseur de Kofi Annan à la tête des Nations unies. Conformément au profil type développé à Hanoi, « le secrétaire général de l’OIF doit être d’envergure ». L’envergure exigée du secrétaire général de la Francophonie suppose au propre comme au figuré dans l’esprit des institutions comme dans la vision populaire une personnalité dotée d’une expérience institutionnelle et internationale solide. Une personnalité qui soit fortement imprégnée, à travers son parcours et ses actes passés, par l’ensemble des valeurs constitutives du projet communautaire francophone. Boutros Boutros-Ghali, professionnel de la diplomatie, qui participa aux accords de Camp David aux côtés de Anouar Sadate, fut un secrétaire général d’envergure. Indiscutablement, le successeur de Boutros-Ghali ne saurait manquer de cette indispensable envergure qu’il faut au porte-parole de l’Organisation internationale de la francophonie. Voilà pourquoi, nombreux sont parmi les citoyens francophones à plébisciter sa candidature au secrétariat général de la Francophonie. Abdou Diouf a l’ambition de poursuivre l’œuvre entamée par Boutros-Ghali à la tête de l’OIF. D’autres candidatures pourraient en toute légitimité revendiquer les mêmes ambitions. Reste à savoir avec quel degré de légitimité et de crédibilité. Le choix du successeur de Boutros-Ghali ne saurait être dissocié du débat portant sur les ambitions de la francophonie. Si Beyrouth 2002 doit confirmer les ambitions politiques et internationalistes de la francophonie, Abdou Diouf ancien président du Sénégal, est le bon candidat. Si Beyrouth 2002 doit marquer une révision des ambitions politiques et internationalistes francophones, l’on pourrait retenir une autre candidature moins exigeante. Reste à expliquer en quoi tient l’envergure de Abdou Diouf. Les ambitions politiques de la francophonie sont claires : la pacification et la démocratisation de l’ère francophone, la défense de la diversité linguistique et par là même le rejet de toutes les formes d’hégémonie culturelle et politique, la promotion d’une mondialisation éprise de démocratie, de solidarité, et de diversité, l’action en faveur d’un développement économique et social équilibré de notre planète. Cela qui sous-entend une division internationale du travail. Ces ambitions sont internationalistes, universelles, parce qu’elles plaident en faveur de tous les peuples et de toutes les nations. Partant, l’on recherche les moyens d’action propices à la réalisation de nos ambitions francophones. La profession de foi politique se nourrit de l’action de coopération. L’action de coopération s’inspire du discours politique. L’interdépendance entre les deux devient évidente, et la cohérence qui en découle met tout le monde d’accord. Boutros-Ghali a défendu cette vision de la francophonie. C’est avec raison que le IXe Sommet de Beyrouth devrait confirmer l’axe d’une francophonie à la voix plus forte sur la scène mondiale, promotrice d’une mondialisation plus équilibrée. Une francophonie clairement engagée sur le front de la paix, de la démocratie et des droits de l’homme. Une francophonie œuvrant à l’amplification des échanges économiques entre ses membres, qui sont représentatifs de 10 % de la richesse mondiale avec 3 200 milliards de dollars US de PNB. Une francophonie plus ouverte sur sa citoyenneté, avec des programmes articulés autour des attentes de ceux-ci. Une francophonie actrice d’une meilleure hiérarchisation des institutions internationales, fondamentalement engagée dans une division internationale du travail, et dans la préservation de l’identité de toutes les cultures. En gros, une francophonie qui soit partie prenante au concept de développement durable et paisible de notre planète en partage. Reste alors à trouver à la francophonie un secrétaire général adapté à ses ambitions. Dire que Diouf a l’envergure du futur secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) ne dispense pas d’une argumentation objective et méthodique. L’aptitude de Abdou Diouf à diriger l’OIF repose sur sa forte expérience institutionnelle et internationale, sur ses actes équilibrés de chef d’État durant son mandat à la tête du Sénégal, notamment ses convictions en matière de démocratie et de défense des droits de l’homme, enfin sur sa capacité à orchestrer les nécessaires synergies institutionnelles entre action politique et action de coopération, en parfaite intelligence avec tous les États membres de la francophonie. Francophone convaincu et humaniste clairvoyant, Abdou Diouf n’a cessé, sous sa présidence, d’ouvrir les portes de son pays aux nombreuses cultures du monde ainsi qu’à tous les peuples en souffrance. Son pays, le Sénégal, est aussi celui du regretté poéte-président Léopold Sédar Senghor, artisan de la construction francophone aux côtés de Habib Bourguiba et de Hamani Diori. Senghor l’initia patiemment à l’art de l’État et du gouvernement, avant de faciliter son accession à la présidence de la République. Digne successeur du chantre de la négritude à la tête d’une nation métisse et francophone, Abdou Diouf, aujourd’hui âgé de 67 ans, a quitté la magistrature suprême du Sénégal en 2000. Il aura poursuivi le parcours démocratique de la jeune nation sénégalaise, après Senghor. Usant de méthodologie, de lucidité et de patience, jusqu’à ce qu’advienne l’alternance démocratique du 19 mars 2000. Son successeur, Abdoulaye Wade, est à l’origine de sa candidature à l’OIF. L’échec de celle-ci sera aussi celui du président Wade et de la diplomatie sénégalaise résolument mobilisée pour cette élection. C’est dire que la candidature de Abdou Diouf est une aubaine politique pour la communauté francophone, engagée sur la voie de la diversité, de la quête démocratique et de la promotion des droits de l’homme. L’ancien président sénégalais est allé au bout du jeu démocratique. Son travail a été remarquable, en matière d’approfondissement de la démocratie, de consolidation de l’État de droit et des libertés fondamentales au Sénégal. * Coprésident du Comité international des jeunes francophones (Cijf), diplômé de l’Institut supérieur européen de gestion de Paris, diplômé de la faculté des sciences sociales et économiques de Lille II.
Par Kibily TOURE * En octobre, à Beyrouth, capitale d’un Liban longtemps meurtri par la guerre, la grande famille francophone se choisira un nouveau secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Celui-ci succédera à Boutros Boutros-Ghali, prédécesseur de Kofi Annan à la tête des Nations unies. Conformément au profil type développé à...