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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - À l’Assembly Hall – AUB Mari Kodama, ou une prière pour la paix(PHOTOS)

Placé sous les auspices de l’ambassade du Japon au Liban et du Conservatoire national supérieur de musique, un concert en « joint-venture », donné à l’Assembly Hall (AUB), a délicieusement mêlé les sonorités venues du pays du Soleil-Levant et celles jaillies du pays des cèdres. Une prière pour la paix est le label de ce récital où ont résonné des partitions de J. S. Bach, Mozart, C. M. Widor et, moins connues, celles de Mari Kodama, organiste inspirée et compositrice de talent. Des musiciens japonais , Toshiko Suda et Yoichi Iwahashi, ont révélé aux mélomanes libanais la beauté de la musique traditionnelle japonaise tandis que les intreprètes, du côté libanais (Samir Siblini, Michel Khaïrallah, Antoine Khalifé et Ghada Ghanem), offraient leur talent pour une meilleure approche des textes musicaux inconnus de notre public. Ouverture magnifique avec la célèbre toccata et fugue du Kantor avec, aux claviers de l’orgue, Mari Kodama dans une robe noire courte et des voilages fluides et argentés en traîne. Grandes arches lumineuses d’une narration pleine de ferveur et de majesté dans ses accords somptueux. Images sonores tout aussi fastueuses avec la variation de La lune sur un château en ruine toujours avec Kodama présidant aux destinées du vent d’un orgue au souffle puissant. Changement d’atmosphère et de style avec La mer au printemps de Michiyo Miyagi (absolument inconnu de l’audience) où se sont conjugués en une vaporeuse harmonie les lyrismes du « koto » (une sorte de qanun asiatique) et du « shakuhachi » (très proche du nay oriental). Toute la nostalgie et le mystère des cerisiers en fleurs se sont brusquement déployés avec la grâce d’une ombrelle qu’on ouvre et tel un rêve irisé, cette musique s’en est allée buter en infinie douceur aux rosaces colorées d’une salle pleine et au public retenant presque sa respiration… Chant mélancolique et enveloppant du « shakuhachi » avec le flûtiste Yoichi Iwahashi tout de noir vêtu avec une ceinture-foulard autour de la taille. Fragile et impalpable est cette musique échappée aux délicates cordes pincées par Toshiko Suda évoquant avec pudeur Une nuit pluvieuse à Londres imaginée par Michiyo Miyagi. Deux œuvres charmantes à l’exotisme certain. Après l’entracte, une sonate pour orgue et deux violons du divin Mozart. Toute en élégance et débordante d’une joie primesautière, cette pimpante narration du génie de Salzbourg s’inscrit bien dans la lignée des œuvres toujours d’une incroyable séduction de l’enfant prodige qui étonna toute l’Europe du XVIIIe siècle. Plus grave, chargée de vocalises en « rossignolades » et empreinte d’une certaine ferveur est la Piéta interprétée par la soprane Ghada Ghanem accompagnée à l’orgue toujours par Kodama. Beaux mélanges de sonorités et d’une mélodie à la tristesse contenue avec Souvenirs du Liban (composé par M. Kodama) où la flûte arabe et le « shakuhachi » ont d’imprévisibles et étonnantes flambées. Plus stridente et d’une audace pas très convaincante est la fantaisie Etenraku (toujours du cru Kodama) où tentent de s’harmoniser orgue, « shakuhachi » et « koto » dans des phrases grinçantes aux allures faussement stockhausiennes ou schœnbergiennes. Reprise avec la prosodie occidentale pure avec une œuvre remarquable de Charles-Marie Widor, organiste de Saint-Sulpice dont nous écoutons ici la grandiose Symphonie n5 op 42 magistralement interprétée par Mari Kodama. Pour terminer, Une prière pour la paix (signée Mari Kodama) où tous les musiciens, japonais et libanais, s’unissent dans ce langage universel qu’est la musique, pour conjurer ce que la folie des hommes détruit. Grandes salves d’applaudissements d’un public nombreux et heureux d’avoir écouté un concert qui sort des chemins battus. Mais l’on ne saurait passer sous silence l’inutile présentation de chaque morceau d’ailleurs déjà inscrit au programme entre les mains du public (pas plus que le très long prologue, avec interprète, de Mari Kodama, du reste d’une exquise politesse) car un concert, pour être bien savouré, a besoin de recueillement et de concentration. Pour les musiciens et le public. Toute autre agitation n’est qu’une animation vaine et surtout dérangeante. Edgar DAVIDIAN
Placé sous les auspices de l’ambassade du Japon au Liban et du Conservatoire national supérieur de musique, un concert en « joint-venture », donné à l’Assembly Hall (AUB), a délicieusement mêlé les sonorités venues du pays du Soleil-Levant et celles jaillies du pays des cèdres. Une prière pour la paix est le label de ce récital où ont résonné des partitions de J. S....