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Actualités - REPORTAGE

Rentabilité économique grâce à la préservation des ressources naturelles

L’importance du projet écotouristique al-Jord, qui occupe une parcelle de terrain de 400000 mètres carrés dans les hauteurs des trois cazas du Hermel, du Akkar et de Denniyé, c’est qu’il prouve de façon vivante la rentabilité économique de la préservation écologique. Dans un pays où la destruction paraît plus rentable à court terme que l’option d’un développement durable, une telle expérience doit donner à réfléchir aux responsables des domaines du tourisme et de l’environnement ainsi qu’aux investisseurs, notamment en raison du partenariat qui rapproche désormais les jeunes promoteurs de la population locale, aujourd’hui consciente de l’intérêt de la préservation de sa région. Le lancement d’un tel projet a été, dès le début, une aventure. L’idée, folle à l’époque, est née un jour de septembre 1999, quand un groupe de jeunes personnes, qui avaient décidé de vivre l’expérience de l’éclipse partielle du soleil parmi les nomades du jurd, sont tombés amoureux d’une terre et se sont jurés de préserver sa beauté sauvage. Quelque temps plus tard, Nadim Zakhia, Jean-Pierre Zahar et Hiba Hajj se sont associés à Ali et Hussein Mounjed Allaw, propriétaires du terrain. Auparavant, ils s’étaient intégrés à la population locale, pour bien en saisir la complexe structure sociale, tribale et familiale. C’est ainsi qu’ils ont réussi à amener les habitants à accepter l’idée d’un projet de développement écotouristique dans la région, à laquelle, il faut dire, ils étaient seuls à y croire jusqu’au jour où, il y a quelques semaines, les touristes sont arrivés. Pour concrétiser les efforts de préservation, il fallait donner naissance à un cycle économique qui assure la durabilité du mouvement. «L’écotourisme était l’option la plus évidente, raconte M. Zakhia. Or pour lancer un tel projet, il fallait fonder une société qui se chargerait de veiller à une amélioration de la situation économique de la région. Notre choix était d’adopter un système de financement privé, ce qui, à l’époque, nous a évité de frapper aux portes pour mieux nous consacrer au travail sur le terrain.» Parallèlement à la fondation de la société al-Jord, une ONG écologique baptisée Mada a été créée, avec pour objectif, à long terme, de surveiller l’activité de la première et de veiller à ce que le caractère strictement écologique des activités touristiques soit conservé. Durant une première étape, les membres de al-Jord et de Mada étaient pratiquement les mêmes. Comment, dans ces conditions, la seconde pourra-t-elle effectuer une surveillance efficace de la première? «L’association sera totalement indépendante de la société avec le temps, du point de vue des membres comme d’un point de vue financier, explique M. Zakhia. Financièrement, Mada possède 15% des actions de al-Jord, ce qui lui assurera sa durabilité et lui permettra de garder l’œil sur la société, quels que soient les membres du conseil d’administration de cette dernière. Mada devra d’ailleurs recruter de nouveaux membres bientôt, alors qu’une partie des actions de al-Jord sera mise en vente pour encourager les Libanais à faire des investissements dans l’écotourisme.» L’une des premières activités de Mada a été d’organiser des camps d’été pour les enfants du jurd. Quant au projet de al-Jord, il a introduit dans la collectivité la conscience de l’environnement comme source d’activité économique. «Le changement d’attitude au sein de la population locale est impressionnant, souligne M. Zakhia. Au début, les habitants nous observaient de loin, quelque peu méfiants. Depuis le lancement du projet et l’arrivée des touristes, ils croient en la possibilité de nouvelles activités économiques et viennent nous proposer des projets. Un groupe d’hommes nous a rendu visite dernièrement pour nous demander de l’aider à instaurer un élevage de truites. Comme il y en a déjà un dans la région, nous lui avons suggéré de penser ensemble à une autre solution.» Le groupe de jeunes gérants du projet est fier du fait que la présence du camp contribue à inverser l’exode rural: une dizaine de familles sont revenues passer l’été au jurd depuis que la possibilité d’y travailler existe, alors qu’elles avaient cessé de le faire il y a longtemps. En tout, une trentaine de familles profitent actuellement de l’activité économique générée par le camp (guides, pourvoyeurs de produits alimentaires...). «L’élément innovateur de notre projet consiste dans le fait de prouver le bien-fondé de la préservation écologique, explique M. Zakhia. Nous sommes partis de deux constatations. D’une part, la protection de l’environnement par des décrets et des lois a indubitablement échoué au Liban. D’autre part, c’est la pauvreté qui constitue la menace la plus grave sur les ressources naturelles.»
L’importance du projet écotouristique al-Jord, qui occupe une parcelle de terrain de 400000 mètres carrés dans les hauteurs des trois cazas du Hermel, du Akkar et de Denniyé, c’est qu’il prouve de façon vivante la rentabilité économique de la préservation écologique. Dans un pays où la destruction paraît plus rentable à court terme que l’option d’un développement...