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Actualités - REPORTAGE

ÉVASION - Un projet écotouristique complet au niveau des installations et des activités proposées Un bout de paradis sur les hauteurs du Hermel et du Akkar(PHOTOS)

Peut-on encore envisager un vrai dépaysement au Liban? Des étendues montagneuses sans aucune habitation en vue, un bol d’air frais à plus de 2000 mètres d’altitude, des soirées amicales au feu de bois, des nuitées passées dans des tentes aussi rustiques que confortables, des repas traditionnels faits maison... Vous pensez qu’un tel bout de paradis se trouve loin de chez vous ? Vous n’avez pas tout à fait tort. Il faut faire quelque trois heures et demie de route à partir de Beyrouth (avec une demi-heure hors-piste) pour atteindre le projet écotouristique al-Jord, sur les hauteurs du Hermel, du Akkar et de Denniyé. Mais le moins qu’on puisse dire, c’est que le jeu en vaut la chandelle ! Pour atteindre ce projet hors du commun, il faut dépasser le Hermel et abandonner sa voiture individuelle ou son taxi au niveau d’une localité appelée Marchahine. C’est là que les écotouristes en puissance ont rendez-vous avec les véhicules de la société al-Jord, chargés de les conduire jusqu’au camp (les autres voitures sont interdites dans les limites du projet pour préserver au maximum la propreté de l’environnement). À partir de là, c’est destination dépaysement. Un signe ne trompe pas : le signal du téléphone cellulaire disparaît, comme pour mieux consommer la rupture avec les contingences de la vie quotidienne. Une demi-heure plus tard apparaissent les tentes en peau de chèvre et en coton, éparpillées sur une colline à 2100 mètres d’altitude. Savamment conçu, le projet, situé sur un site de 400000 mètres carrés, donne l’impression d’un camp simplement rustique, sans aucun lien avec la modernité, un aspect qui renforce le sentiment de dépaysement auprès de citadins assoiffés de nature. Ce n’est pourtant pas tout à fait exact : les concepteurs du projet ont prévu plusieurs éléments de confort, comme les douches d’eau chaude, les sanitaires, les lavabos, etc. Toutefois, non seulement ces éléments de confort ne tranchent pas dans le paysage, mais ils sont également conformes à des règles et à des méthodes écologiques strictes, puisées autant dans la technologie moderne que dans la tradition la plus pure. Ainsi, la température de l’eau est réglée grâce à un système thermique solaire, mais les tentes, elles, sont chauffées à l’aide de poêles à charbon. Nadim Zakhia, l’un des membres du conseil d’administration de la société al-Jord, décrit les facteurs qui font de ce camp un projet écotouristique complet. «Les constructions – peu d’entre elles sont en dur – ont été entièrement réalisées avec des matériaux de la région, raconte-t-il. Nous avons eu recours à un maximum de produits existants, comme, par exemple, des pierres appartenant à des maisons en ruines. Le bois provient aussi souvent que possible de poutres d’anciennes habitations détruites, ce qui nous a permis d’éviter l’utilisation de bois résultant de l’abattage d’arbres. Même les produits alimentaires sont entièrement achetés auprès d’agriculteurs et de commerçants locaux.» Et ce n’est pas tout : les propriétaires ont opté pour certaines techniques modernes pour s’assurer que l’activité humaine, à cet endroit préservé et privilégié par la nature, soit aussi respectueuse que possible envers l’environnement. Une fosse septique a été construite avec possibilité de recycler les eaux usées en vue d’une réutilisation dans l’agriculture. Le système thermique solaire a été installé avec l’aide de l’Ademe (Association française de promotion de l’énergie renouvelable), alors qu’un système de production d’électricité (également basé sur l’énergie solaire) est en cours de préparation. La gestion des déchets n’a pas été négligée: compostage pour les ordures organiques et recyclage pour un maximum de déchets d’une autre nature. Au-delà de cet aménagement innovateur dans le contexte libanais actuel, toute une série de comportements écologiques sont mis en valeur. «Nous avons beaucoup travaillé à la sensibilisation des travailleurs, afin de les encourager à ne pas jeter d’ordures par terre, par exemple», explique M. Zakhia. La sensibilisation touche aussi, inévitablement, les clients du projet qui se retrouvent en contact avec une matérialisation de divers concepts écologiques. Afin de parfaire le caractère «vert» du projet, il était indispensable de mettre un terme à la chasse sans contrôle dans l’enceinte du territoire du camp. Comme l’indique M. Zakhia, cela n’a pas été facile. Il a fallu convaincre les familles de la région du bien-fondé de la décision, et leur laisser le soin de veiller à ce qu’elle soit appliquée. Sur une superficie de 25 kilomètres carrés, les oiseaux vivent dorénavant dans une paix relative, berçant les touristes de leurs chants mélodieux au réveil. 200 km2 pour les randonneurs Toutes ces installations laissent très peu de traces visibles. Rien ne se place entre l’oeil et les beautés qui s’offrent à lui, la nature sauvage du jurd avec ses arbres centenaires, et le spectacle de la chaîne de montagnes qui, au Nord, se prolonge jusqu’à Kornet el-Saouda, le plus haut sommet du Liban. Les écotouristes qui ont choisi de vivre une vie de nomade pour un jour ou deux ont le choix entre plusieurs activités. Les randonnées peuvent s’étaler sur plusieurs heures (le domaine qui leur est réservé est de 200 kilomètres carrés) avec des itinéraires très différents et toujours intéressants. La diversité des paysages est garantie dans ce coin magnifique, doté de cours d’eau, ainsi que d’une forêt de chênes et de cèdres à environ une heure et demie du camp. Les visiteurs ont également la possibilité de faire de la bicyclette, des promenades à dos d’âne, des parties de cerfs-volants... Ils peuvent aussi se reposer tout simplement en profitant du grand air et des soirées agréables près du poêle ou d’un feu de camp. D’autres activités devront être instaurées dans l’avenir, comme l’observation des oiseaux, par exemple. Les amoureux de la bonne chère peuvent compter sur la cuisine qui est excellente, traditionnelle et variée. Il va de soi que les trois repas sont servis dans le cadre du projet, plus exactement dans la grande tente qui sert de cafétéria, pour un prix de 18 dollars par jour et par personne. Les prix du séjour sont par ailleurs raisonnables. La nuitée varie entre 12 et 14 dollars, selon les tentes (certaines, en peau de chèvre, contiennent des lits hauts avec leur literie et sont dotées de murs en pierre sur les côtés, d’autres, en peau de chèvre ou en coton, ont des matelas à même le sol, sans literie). Le projet n’est opérationnel que depuis quelques semaines, et déjà l’affluence est importante. Les visiteurs rencontrés sur le site sont invariablement enchantés de se retrouver dans une atmopshère si exotique et si authentique à la fois, des caractéristiques qui se perdent souvent ailleurs, selon eux. Ils se promettent généralement de revenir, essayant le plus possible de ne pas penser au retour en ville, avec les bruits et le trafic, et de jouir du calme souverain de la montagne, rompu de temps en temps par le chant d’un oiseau ou le bêlement lointain d’une chèvre. Le projet peut accueillir une cinquantaine de visiteurs à la fois. C’est un week-end idéal pour des groupes d’amis, des couples ou des familles, à condition de ne pas oublier les vêtements chauds et les chaussures de marche. Il faut préciser que la saison 2002 est presque terminée, puisque le camp fermera ses portes fin octobre ou début novembre en raison des conditions climatiques. Les amateurs n’ont donc plus que quelques semaines pour jouir de ce paradis niché dans le jurd, sinon ils devront attendre mai prochain. Pour plus d’informations, il faudrait se référer au site de la société. www.aljord.com, ou appeler l’un des numéros suivants: 03/648963, ou 03/235303, préférablement en cours de semaine. Nombreux projets et financements passés et futurs Le projet al-Jord devra connaître une expansion future, avec de nombreux projets en perspective et de financements espérés ou déjà obtenus : – le Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD, une ONG française) finance actuellement un projet de réhabilitation de plusieurs points d’eau dans la région exécuté en collaboration avec Mada; – l’ambassade de France finance un programme agricole et un centre de fabrication d’aliments à caractère traditionnel («mouné»), le Food Production Unit, qui sera réalisé l’année prochaine; – le ministère de l’Environnement a apporté son soutien au niveau de la formation technique, alors que le ministère du Tourisme a contribué à la promotion du projet et de la région; – l’Ademe a aidé au financement d’installations à base d’énergie solaire et a apporté un soutien technique; – un plan de développement étalé sur trois ans et portant sur sept secteurs (notamment l’agriculture, la santé, la préservation des forêts, la création de possibilités économiques, la formation...) est actuellement envisagé. Les promoteurs attendent l’approbation d’un cofinancement du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) et du ministère français des Affaires étrangères; – un programme éducatif à l’intention des enfants de la région a été financé par l’ONG allemande Heinrich Böll; – le Mouvement social a apporté une aide logistique au groupe. Suzanne BAAKLINI
Peut-on encore envisager un vrai dépaysement au Liban? Des étendues montagneuses sans aucune habitation en vue, un bol d’air frais à plus de 2000 mètres d’altitude, des soirées amicales au feu de bois, des nuitées passées dans des tentes aussi rustiques que confortables, des repas traditionnels faits maison... Vous pensez qu’un tel bout de paradis se trouve loin de chez...