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Actualités - INTERVIEWS

Interview - Le secrétaire d’État suisse évoque la position de son pays au P-O Toujours aussi « neutres », les Helvétiques n’en sont pas moins impliqués dans ce monde(PHOTO)

Les relations entre la Confédération suisse et le Liban sont au beau fixe. Elles viennent de connaître un nouvel élan à la faveur de la visite du secrétaire d’État au département confédéral des Affaires étrangères, Franz von Däniken, trois ans après la venue de son ministre des Affaires étrangères, Joseph Deiss. Une visite qui a certes été placée sous le signe de la francophonie à quelques jours du sommet du 18 octobre, mais qui a également permis un tour d’horizon sur les problèmes de l’heure. Interrogé par L’Orient-Le Jour, M. Däniken, qui a rencontré les responsables du palais Bustros et le ministre de la Culture, Ghassan Salamé, a fait le point sur un certain nombre de questions notamment la position de la Confédération helvétique par rapport au problème du Proche-Orient, les implications de son adhésion à l’Onu et enfin la question de la neutralité qui a de tout temps été la caractéristique majeure de la politique étrangère ce pays. Pour commencer, le Liban, que M. Däniken considère comme « un interlocuteur de toute première qualité au P-O », du simple fait que ce pays fait partie de cette région qui est toujours dans l’attente d’une solution, dit-il. Bien que l’Irak constitue, à ses yeux, un sujet d’actualité brûlante, les discussions avec les responsables libanais « ont principalement porté sur le conflit israélo-arabe, pour lequel la Suisse porte un intérêt particulier », affirme le secrétaire d’État. « Notre position est claire sur ce plan, à savoir que toute action, quelle qu’elle soit, doit être intégrée dans le cadre des résolutions du Conseil de sécurité ». C’est cette même position, à savoir le soutien à la légalité internationale, qu’affichent les responsables helvétiques par rapport au problème irakien, qu’ils espèrent voir résolu par le biais des Nations unies. Est-ce à dire que la Suisse gardera sa neutralité légendaire en cas de conflit armé qui mettrait aux prises les États-Unis et l’Irak ? « Il est encore très trop pour spéculer sur le dénouement de cette crise. Nous verrons au moment voulu comment réagiront les États-Unis », affirme M. Franz von Däniken, évitant par là de se prononcer sur l’attitude de son pays en cas de guerre. « Pour l’instant, dit-il, nous préférons voir l’organisation internationale imposer les résolutions du Conseil de sécurité, notamment par le biais de l’envoi d’observateurs qui doivent effectuer leur mission en toute transparence. » C’est d’ailleurs dans ce cadre que cherche à s’activer le gouvernement confédéral, qui a déjà proposé au Conseil de sécurité d’envoyer ses propres observateurs dûment formés en Suisse. Un pays qui a « une expérience inégalable dans ce domaine notamment dans le domaine biologique et chimique, non pas dans la production des armes, se dépêche-t-il de préciser sur un ton badin, mais au niveau des laboratoires d’analyse ». Traditionnellement discrète au plan de ses relations internationales, la Suisse, qui vient récemment d’accéder à la tribune des Nations unies, ne semble pas avoir modifié de manière radicale sa position sur la scène internationale. « Il ne faut surtout pas en conclure que notre adhésion à l’organisation internationale affectera les grands paramètres de notre politique étrangère, encore moins le concept de neutralité adopté depuis longtemps par notre pays », affirme M. Däniken. Bien que considérée de tout temps comme « un membre de facto » des Nations unies, dont le siège européen se situe à Genève, la Suisse – qui se trouve également en 14e position sur le plan des contributions faites à cette organisation, « et cela, avant même avant d’y adhérer» – n’a pas rejoint cette dernière sans raison. Désormais, l’Onu permettra à ce pays de disposer d’une excellente plate-forme pour promouvoir ses idées, notamment en matière de droit international public, de droit humanitaire, et dans les questions relatives au développement et à la paix. « Donc les grands axes de notre politique ne changent pas », insiste le secrétaire d’État. Cela n’exclut pas l’adoption par ce pays de sanctions économiques, « toujours dans le cadre des résolutions prises par l’Onu », et ce, depuis pratiquement 1990. Selon M. Däniken, la politique de non-ingérence au sens traditionnel du terme reste sans aucun doute compatible avec la Charte des Nations unies. C’est en partie au nom de cette neutralité que la Suisse s’oppose à l’adhésion à l’Union européenne. Toutefois, ce sont surtout des raisons politiques et économiques qui motivent cette position, la Confédération helvétique ayant été historiquement hostile « aux grandes coalitions qui ont mené aux deux guerres mondiales ». De surcroît, ajoute notre interlocuteur, l’Union européenne « a une finalité supranationale, ce qui est fondamentalement contraire aux convictions suisses ». Les raisons économiques ensuite, puisque l’entrée dans l’Union « nous coûtera très cher surtout si les pays de l’Europe de l’Est viennent rejoindre cette Union ». Reste la francophonie, un ensemble que la Suisse n’a jamais hésité à rejoindre. D’autant que les institutions francophones prônent un dialogue des cultures qui intéresse au plus haut point les Helvétiques, surtout après le 11 septembre. La représentation de ce pays au niveau présidentiel au prochain sommet confirme l’implication totale et la participation active d’une confédération qui regroupe des ensembles linguistiques et culturels multiples. Germanophone, le président suisse « cause parfaitement le français », souligne M. Däniken. Il s’agit d’un sommet important à plus d’un égard, sur le plan culturel aussi bien qu’économique, estime-t-il. Il sera notamment décisif pour ce qui est du choix du successeur éventuel du secrétaire général de la francophonie, Boutros Boutros-Ghali, « qui se fera très probablement sur l’ancien président sénégalais Abdo Diouf», affirme M. Däniken. Une tâche qui suppose qu’un consensus soit atteint. Jeanine JALKH
Les relations entre la Confédération suisse et le Liban sont au beau fixe. Elles viennent de connaître un nouvel élan à la faveur de la visite du secrétaire d’État au département confédéral des Affaires étrangères, Franz von Däniken, trois ans après la venue de son ministre des Affaires étrangères, Joseph Deiss. Une visite qui a certes été placée sous le signe de...