Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Une trêve à l’ordre du jour de la scène locale La représentation chrétienne au cœur du débat sur la loi électorale

Des pôles locaux voient dans le dernier communiqué des évêques maronites un cri de protestation, contre tout ce qui se fabrique sur la scène locale. Mais aussi un cri d’alarme au sujet des souffrances accrues qui semblent attendre ce malheureux pays. Comme au sujet, également crucial, de la représentation chrétienne et des équilibres. Ces professionnels tiennent d’abord à féliciter l’épiscopat pour une omission importante, sans aucun doute volontaire, relevée dans leur dernier appel. Qui, contrairement aux précédents, n’évoque nulle part la présence militaire syrienne. Ce qui, ipso facto, réduit la puissance de la charge. Ainsi que, du même coup, l’intensité des réactions hostiles aux prélats. Le réquisitoire de Bkerké se concentre donc sur les tiraillements interlibanais. Il réprouve le dispositif répressif déployé par le pouvoir à l’encontre d’une moitié des Libanais. Il déplore les encouragements officiels prodigués à la campagne de haine menée par une partie contre une autre. Il condamne le recours à des convocations judiciaires. Et propose en conclusion une réconciliation générale, une réunification nationale, rendues indispensables par les nuages qui s’amoncellent à l’horizon régional. Tandis que retentit le roulement de ces tambours de guerre annonçant des malheurs que seule l’unité des Libanais leur permettrait de parer ou d’amortir. Cette proposition de fond semble irréalisable pour le moment, et pour les raisons dites régionales que l’on sait. Aussi les politiciens cités estiment-ils que l’on peut, que l’on doit, se rabattre sur un échelon moins élevé, mais plus à portée de main dans l’immédiat. À savoir, sur un accord tacite de trêve. Qui consisterait à laisser de côté les sujets qui fâchent, pour travailler à la consolidation du front intérieur. Ce qui, évidemment, gommerait du coup la polémique suscitée par le projet de faire du Liban tout entier une seule circonscription. Un débat du reste assez absurde, inutile, au moment où tout le monde se demande quel pourrait être le découpage dans la région tout entière si les Américains foncent sur l’Irak. C’est une faute inadmissible, ajoutent ces sources, que de lancer en cette phase de pressant danger des projets qui divisent les Libanais. En rappelant que le président Lahoud ne cesse d’appeler à l’unité des rangs, à la solidarité nationale. Et qu’il n’est donc pas permis aux loyalistes de lancer des idées qui séparent, en contradiction avec les vœux que le régime exprime. Surtout que, selon des sources fiables, Baabda n’a encore opté pour aucune formule. Et se propose d’en étudier plusieurs, dont le Liban circonscription unique. En soulignant que le chef de l’État n’est pas partie prenante au débat. Qu’il compte entendre tous les avis, notamment en Conseil des ministres, pour ne donner le sien propre qu’une fois le tableau complété. De son côté, la Rencontre de Kornet Chehwane s’est empressée d’indiquer qu’elle va rester en harmonie avec le manifeste des évêques. Ce qui signifie, pour commencer, qu’à son exemple, elle va s’en tenir aux problèmes intérieurs, sans plus parler de la Syrie. Elle compte en outre déployer un langage de raison, traiter les litiges avec calme, sans défi ni provocation, dans l’espoir de les résoudre effectivement. Car l’heure n’est pas au règlement de comptes. Pour ce qui est de la loi électorale et la création d’un Sénat, la Rencontre pourrait élaborer un contre-projet équilibré, axé sur le degré de représentativité et favorisant donc le caza. Certes, Taëf recommande le mohafazat, mais en prévoyant un redécoupage administratif qui porterait le nombre des districts de cinq à neuf ou dix, ce qui est assez proche du caza. Et, en tout cas, le Liban circonscription unique est contraire à la lettre comme à l’esprit du pacte national. Certains soutiennent que le Liban circonscription unique serait favorable aux chrétiens. Ce à quoi l’Est répond qu’il n’en serait rien, bien au contraire. Car les candidats chrétiens deviendraient, presque tous, tributaires de l’électorat mahométan, largement majoritaire dans le pays. Et obéiraient à des chefs de file musulmans. Ils en représenteraient alors les intérêts, naturellement, bien plus que ceux de leurs propres communautés. Un phénomène déjà sensible dans la législature actuelle, comme dans les précédentes, à cause du découpage déséquilibré, et dont les effets seraient décuplés si les élections devaient être à l’échelle du Liban tout entier. À tel point que selon les calculettes de l’Est, il n’y aurait plus dans les travées, sur 128 députés que 5 à 10 parlementaires représentant effectivement les chrétiens de ce pays. Le caza leur donnerait 40 vrais députés, alors que le mohafazat ne leur en assure que 25. Au Sud, c’est l’axe Amal-Hezbollah qui désigne. Dans la Békaa, sauf pour Zahlé et un peu dans la Békaa-Ouest, la décision appartient aux chiites. Au Nord, la moitié des candidats chrétiens sont liés directement à des leaderships sunnites. Et c’est encore plus accentué à Beyrouth. Le centre de gravité même de la représentation chrétienne, la montagne, ne lui procure que 17 députés. Pour leur part, les Syriens souhaitent, selon leurs proches, que les Libanais parviennent à un dialogue constructif, pour unifier leurs rangs. Ils conseillent que l’on évite les questions épineuses. Et par voie de conséquence, que l’on reporte le débat, inopportun et explosif, sur la loi électorale. D’autant qu’un tel code nécessite, comme le souligne M. Issam Farès, un dialogue national en vue d’un consensus. Émile KHOURY
Des pôles locaux voient dans le dernier communiqué des évêques maronites un cri de protestation, contre tout ce qui se fabrique sur la scène locale. Mais aussi un cri d’alarme au sujet des souffrances accrues qui semblent attendre ce malheureux pays. Comme au sujet, également crucial, de la représentation chrétienne et des équilibres. Ces professionnels tiennent d’abord à...