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Actualités - OPINION

Un thème local récurrent, le rejet purement verbal du recours aux appuis extérieurs

C’est un slogan creux de toujours : il ne faut pas que des Libanais s’appuient sur des étrangers pour combattre des Libanais. C’est ce que répètent aujourd’hui, d’une même voix, et sans doute de bonne foi, les opposants de Kornet Chehwane et les loyalistes du Rassemblement parlementaire. En oubliant non seulement la situation de fait actuelle, mais aussi l’histoire. Qui nous apprend qu’en réalité, les fractions locales ont toujours compté sur le soutien de parties extérieures pour mieux s’entrelarder. Toujours est-il que, selon l’un des piliers de la Rencontre, l’on a dernièrement réveillé ce vieux thème à la suite du brûlot publié par le congrès maronite de Los Angeles, et du Syria Accountability Act soumis au Congrès américain. Malgré les explications fournies d’abondance par sa délégation, Kornet Chehwane s’est retrouvée ciblée par une virulente campagne d’hostilité, frisant parfois la diffamation personnelle, qui n’a exempté aucun de ses membres. On a principalement accusé le groupe de chercher à se faire épauler par les USA pour lutter contre la Syrie. Le communiqué publié par Kornet Chehwane pour se laver les mains du Syria Accountability Act, et pour juger même ce document comme portant atteinte au concept de souveraineté nationale, n’a pas calmé ses adversaires, toujours aussi déchaînés. Qui vont jusqu’à parler de complot contre la Syrie. Alors que même Washington, par la bouche de Satterfield, confirmait à Damas sa totale désapprobation du Syria Accountability Act. En précisant que même si le Congrès devait l’approuver, l’Administration Bush n’en tiendrait aucun compte. Mais les pressions n’en continuent pas moins, en vue de marginaliser l’opposition, de la réduire au silence ; ou, à défaut, de réduire sa marge de mouvement. Ainsi, observe cette personnalité, il est permis aux fidèles de la ligne officielle, ici ou ailleurs, d’entretenir des contacts suivis avec les USA, mais si des opposants le font, ils sont traités de traîtres. Et certains des « procureurs » qui chargent l’Est ne manquent pas, comble de contradiction, d’affirmer qu’actuellement les relations syro-américaines sont excellentes. Samir Frangié avait pour sa part de suite noté que les orchestrateurs de la campagne dirigée contre la Rencontre, sous le prétexte du manifeste de Los Angeles, visaient visiblement à la clouer sur le banc des accusés. Et avec elle, la majorité des chrétiens, pour que les relations de ce camp avec la Syrie restent tendues. En réalité, reprend la source précédemment citée, les chrétiens n’entendent nullement appeler les Américains à la rescousse. D’autant que le problème, au fond, c’est l’Amérique elle-même. Dans ce sens qu’elle devrait s’atteler à régler le dossier du Moyen-Orient, après quoi la question libanaise serait résolue. Élie Ferzli, peu suspect de militantisme pour les idées opposantes, déclare que ce qui se passe aujourd’hui « est un cycle hémorragique destructeur pour les chrétiens. Il est regrettable d’entendre dire qu’ils dressent l’Amérique contre la Syrie. Le patriarche Sfeir ne cesse de réitérer son rejet du Syria Accountability Act et son refus de voir les chrétiens piégés par quiconque dans ce domaine. » Quoi qu’il en soit, les Libanais gardent l’habitude suicidaire de faire appel aux étrangers dans leurs conflits intérieurs.Toutes les guerres domestiques, de 1860 à nos jours, ont été marqués de ce sceau, aussi dévastateur en définitive que peu honorable, pour ne pas dire infamant. Même quand les armes se taisent, pour céder la place aux litiges politiques, le recours à l’appui de l’étranger, parfois même à sa tutelle, reste monnaie courante. C’est ainsi qu’il y a eu des moutassarifs, puis des hauts-commissaires, officiels ou officieux. Aux Ottomans ont succédé les Français, contrés par les Britanniques, puis les Égyptiens, les Palestiniens, enfin les Syriens. Un moment, même les Israéliens sont intervenus ouvertement, ainsi que les Américains et autres multinationales qui ont cédé la place de nouveau aux Syriens. Cela sans compter les influences partielles, mais certaines, comme celle de l’Iran. Tout cela dans un contexte de rapports de force régionaux ou internationaux, toujours en mouvement et souvent explosifs, comme c’est le cas actuellement. Émile KHOURY
C’est un slogan creux de toujours : il ne faut pas que des Libanais s’appuient sur des étrangers pour combattre des Libanais. C’est ce que répètent aujourd’hui, d’une même voix, et sans doute de bonne foi, les opposants de Kornet Chehwane et les loyalistes du Rassemblement parlementaire. En oubliant non seulement la situation de fait actuelle, mais aussi l’histoire. Qui...