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Actualités - OPINION

Sharon profiterait de la frappe US en Irak Beyrouth craint un nouvel afflux de réfugiés palestiniens

Apparemment, rien n’y fait. Ni les réticences des autres Grands, Blair excepté, ni les protestations arabes ou islamiques, ni le retour des inspecteurs onusiens, ni sa propre opposition intérieure : Bush va frapper l’Irak. La conférence de presse de Rumsfeld, lundi, l’a confirmé. Et à Beyrouth même, un diplomate occidental neutre indique que son gouvernement est maintenant convaincu que Bush veut faire sauter Saddam Hussein, à tout prix et de n’importe quelle façon, dans le courant de l’année 2003. Ce diplomate souligne qu’après le 11 septembre, offense suprême, les Américains ont estimé, à tort ou à raison, que le coup reçu leur donnait à eux-mêmes carte blanche pour agir à leur guise partout où ils le souhaiteraient. Sous n’importe quel prétexte, et sans avoir besoin d’une autorisation du Conseil de sécurité. Ou de former, comme lors de la guerre du Golfe, une coalition élargie pour couvrir leur action. Dans le même sens, Washington ne voudra pas cette fois s’arrêter, comme en 91, avant d’avoir dégommé Saddam. Car, bien que les USA affirment que l’embargo économique frappant Bagdad a porté ses fruits (si l’on peut dire), ils sont désormais persuadés que le seul moyen de se débarrasser de leur ennemi est de lui faire la guerre. Pour le remplacer par un régime qui serait leur allié ou leur féal. Donc, selon ce diplomate, les États-Unis n’ont nul besoin de leurs partenaires habituels ou de l’Onu. Et s’ils acceptent de se prêter au jeu des concertations ou des tractations diplomatiques, c’est simplement par courtoisie. Et aussi pour que le monde ne pousse pas trop les hauts cris à cause de leur unilatéralisme. Car ce serait quand même mauvais pour leurs petites affaires. En tout cas, selon ce diplomate, il est difficile qu’une frappe américaine contre l’Irak n’entraîne pas des conséquences dans la région tout entière. Cependant, à l’en croire, et contrairement aux prévisions courantes, les retombées ne seraient pas nécessairement fâcheuses pour tout le monde. Et d’expliquer qu’en fait la guerre pourrait faire redémarrer et accélérer à la vitesse grand V le processus de règlement, dans le conflit israélo-arabe. Avec, peut-être, une modification si profonde des équations qu’il ne serait plus question de la devise la terre moyennant la paix. Le diplomate cité spécule à ce propos sur les chances d’Ariel Sharon, ébranlé par le cuisant échec du siège de la Moukataa, de se remettre en selle. Et d’appliquer son programme d’épuration ethnique, en vidant la Cisjordanie de sa population palestinienne. Pour la pousser dehors, direction l’Irak libéré de Saddam, la Jordanie. Et le Liban, qui recevrait un nouveau contingent de réfugiés et où l’implantation des anciens deviendrait définitive. Pour la première partie du plan, rien n’est évidemment joué à ce stade. Mais pour ce qui est de l’implantation, elle est presque déjà un fait accompli. Car Sharon, pas plus que Barak d’ailleurs, n’admet d’envisager le retour de la diaspora palestinienne. De son côté, Arafat ne saurait où parquer les revenants, la densité démographique à Gaza comme en Cisjordanie étant déjà l’une des plus fortes du monde. Quoi qu’il en soit, les responsables libanais se mettent en campagne (diplomatique) sans attendre, pour parer à toute éventualité. Ils vont multiplier les contacts préventifs avec les grandes capitales. Et le président Lahoud mettrait à profit le sommet de la francophonie pour s’entretenir avec Chirac, Moubarak et Assad des dangers qui se profilent à l’horizon régional et libanais. Le chef de l’État, qui préside jusqu’à la prochaine édition le sommet arabe, demanderait la réactivation du comité de suivi arabe, pour des contacts avec le « quartette » (USA, Russie, Europe, Onu) qui s’occupe du dossier proche-oriental. Durant son voyage au Yémen et à Oman, le président Lahoud a reçu l’assurance du soutien de ces deux pays à la cause et aux positions libanaises. Notamment au sujet du Wazzani, ou du rejet de l’implantation palestinienne. On sait, à ce propos, et pour conclure que le Liban a proclamé son refus de signer tout accord de paix régional avant que le problème des réfugiés palestiniens ne soit réglé, en base de la résolution 194 qui consacre leur droit au retour. Philippe ABI-AKL
Apparemment, rien n’y fait. Ni les réticences des autres Grands, Blair excepté, ni les protestations arabes ou islamiques, ni le retour des inspecteurs onusiens, ni sa propre opposition intérieure : Bush va frapper l’Irak. La conférence de presse de Rumsfeld, lundi, l’a confirmé. Et à Beyrouth même, un diplomate occidental neutre indique que son gouvernement est maintenant...