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Actualités - OPINION

La partialité et les contradictions du pouvoir mises à nu par un ancien responsable et des députés

Ce n’est pas en ripostant par des dérives aux erreurs présumées de l’opposition que le pouvoir sert les intérêts du pays. C’est ce que relève un ancien dirigeant. Qui ajoute, débonnaire sinon idéaliste, que l’État doit être le bon berger, qui prend un soin égal de tout son troupeau. Pour y ramener, le cas échéant, les brebis égarées, par la tolérance et le pardon. Ces vertus, selon ce mentor écouté, tissent une force et une autorité réelles, alors que la vindicte n’est que source de faiblesse. Il note ensuite que les actes des gouvernants, qui sèment la discorde et la division, contredisent de manière flagrante leurs incessants appels à l’unité des rangs internes pour faire face aux périls de l’heure. Au plan national, il n’est pas admissible, en effet, de procéder ouvertement à des règlements de comptes politiques ou d’ouvrir des dossiers pour s’en servir comme d’une épée de Damoclès contre tout gêneur indésirable. À ce propos, il convient de signaler que certains parlementaires, épaulés par des juristes, songent à proposer une loi raccourcissant les délais de prescription concernant ces affaires, pour en faire cesser l’exploitation abusive à des fins politiques ou politiciennes. De la sorte, les menaces à peine voilées lancées contre le président Gemayel pour la question des Puma, ou contre le général Aoun pour le contentieux financier avec l’État, seraient gommées. Ce qui, de l’avis de ces professionnels, serait d’autant plus opportun que des dossiers graves, relatifs à d’innombrables assassinats, dont celui du président Bechir Gemayel, à la tentative d’attentat contre le président Chamoun ou aux exploits de cheikh Soubhi Toufayli, dorment d’un profond sommeil dans les tiroirs. Ces sources ajoutent qu’une redéfinition des délais de prescription correspondrait en fait à la récente réforme du code de procédure pénale approuvée par la Chambre et aux termes de laquelle la période d’arrestation préventive de tout inculpé est fixée en fonction de la nature comme de la qualification des charges retenues. En précisant ensuite qu’avant que les nouveaux délais ne commencent à courir, il faut que les autorités politiques, plus précisément la présidence de la Chambre et la présidence du Conseil, remettent les dossiers politiques en question aux mains de la justice, pour qu’elle dise son mot. Et de souligner enfin que les pratiques arbitraires, dirigées actuellement contre les opposants, peuvent un jour se retourner contre les loyalistes lorsque la roue aura tourné. Et on trouverait sans peine, sans doute, des dossiers pour les tourmenter à leur tour. Cependant, M. Edmond Rizk, ancien ministre de la Justice, estime franchement pour sa part que le problème ne réside pas dans les textes, mais dans le comportement, et dans l’éthique, des magistrats. Qui doivent en principe n’écouter que leur conscience et ne pas se laisser influencer par les pressions ou par les interventions. C’est-à-dire qu’ils doivent être effectivement indépendants. Pour en revenir à l’ancien responsable cité plus haut, il s’étonne, comme beaucoup, que la présidence du Conseil ait gardé par-devers elle le dossier des Puma depuis 1994, sans le transmettre au parquet pour la poursuite de l’enquête, comme l’avait décidé la Chambre. Ce qui fait qu’en huit ans, aucun jugement n’a été rendu, alors qu’il s’agit des deniers de l’État. Même chose pour le dossier du général Aoun, alors que le président Hariri a demandé il y a plus d’un an au ministère des Finances d’approfondir ses investigations techniques, pour dire enfin si oui ou non l’ancien président du Conseil devait des fonds au Trésor public. Ce qu’apprenant, l’intéressé a de son côté désigné un avocat pour défendre sa cause. Mais le sort du dossier est resté dans le flou, alors que l’on parle d’intenter un procès au général Aoun pour des contacts présumés avec les Israéliens ainsi qu’avec des lobbyistes israélites américains pour combattre à leurs côtés la Syrie à travers le Syria Accountability Act soumis au Congrès US. Autre omission importante relevée par cette personnalité : l’incroyable retard apporté dans le procès en invalidation intenté contre le décret 1994 des naturalisations devant le Conseil d’État. Le verdict n’est toujours pas rendu alors que, dans deux petites années, les naturalisés ne pourraient pratiquement plus être délibanisés, car au bout de dix ans ils obtiennent tous les droits civiques fondamentaux, dont celui de se présenter aux élections. Cela, sans compter bien sûr avec tous les scandales de détournement de fonds dans les services publics, parfois dénoncés publiquement par les dirigeants eux-mêmes et qui ne font l’objet d’aucune poursuite judiciaire. Sur le fond politique, l’ancien responsable souligne que le Liban, pays composite, ne peut être gouverné qu’avec de la mesure, loin de tout esprit dit de vainqueur, dans le cadre d’un consensus permanent favorisant les équilibres, à l’aide d’une loi électorale bien étudiée. Un climat de défi, ou d’oppression, est toujours explosif à terme, comme on l’a vu en 1860, en 1958 ou en 1975. Émile KHOURY
Ce n’est pas en ripostant par des dérives aux erreurs présumées de l’opposition que le pouvoir sert les intérêts du pays. C’est ce que relève un ancien dirigeant. Qui ajoute, débonnaire sinon idéaliste, que l’État doit être le bon berger, qui prend un soin égal de tout son troupeau. Pour y ramener, le cas échéant, les brebis égarées, par la tolérance et le...