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Actualités - CHRONOLOGIE

Vie politique - Sfeir a longuement reçu une délégation de Kornet Chehwane et a dénoncé une justice « capricieuse » Harb : C’est à la démocratie que l’on donne le coup de grâce(photo)

Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, est sorti de sa réserve hier, au sujet de l’affaire des hélicoptères Puma, pour critiquer l’ouverture « capricieuse » de dossiers judiciaires, estimant que l’on est là « très loin de toute notion de justice ». Prononçant l’homélie d’une messe célébrée en présence des membres de la Rencontre de Kornet Chehwane, le chef de l’Église maronite, qui est le parrain de cette rencontre politique, a déploré « l’ouverture et la fermeture capricieuse des dossiers judiciaires, que l’on transforme en autant d’épées de Damoclès au-dessus des têtes de ceux qui ne marchent pas en rang, très loin de toute notion de justice ». Le patriarche maronite a également dénoncé « la tentative d’accabler de soupçons ceux qui sortent de la ligne politique tracée, de réduire leur possibilité de s’exprimer ». « Tout cela, a-t-il conclu, crée un climat détestable qui n’aide en rien le Liban à se relever, à l’heure où nous avons besoin de la plus grande solidarité pour faire face aux dangers qui guettent notre région ». On rappelle que le procureur près la Cour de cassation a décidé la réouverture du dossier des hélicoptères français Puma, datant des années 80. Les appareils avaient été achetés à la France, sous le mandat du président Amine Gemayel, sur base d’un prix de revient déterminé, mais il était apapru qu’ils avaient été fabriqués sous licence en Roumanie, où les coûts étaient bien inférieurs. Un « foul » politique Pour sa part, se faisant le porte-parole des membres de la Rencontre de Kornet Chehwane, le député Boutros Harb a affirmé, après un long entretien à huis clos entre les membres de ce rassemblement et le chef de l’Église maronite, que le régime a décidé de « donner le coup de grâce » à l’opposition. M. Harb a toutefois admis la nécessité de mettre une sourdine aux attaques contre la Syrie, compte tenu de la phase délicate que traverse la région, tout en estimant intangible le principe d’un repli, puis d’un retrait de l’armée syrienne, conformément à l’accord de Taëf. Le député a commencé par affirmer que Kornet Chehwane a jugé « indispensable » de rencontrer le patriarche maronite, pour examiner ce qu’il convient de faire pour faire échec à cette volonté d’élimination de l’opposition par tous les moyens dont dispose le régime « y compris par les moyens judiciaires ». M. Harb a estimé que le jeu auquel se livrent les responsables est « un foul politique » dans la mesure où ces derniers « sapent le régime même sur lequel repose leur autorité, à savoir la démocratie parlementaire ». « Nous considérons donc que le coup n’est pas porté à l’opposition autant qu’au régime et aux libertés » dans leur ensemble, a souligné le député. Selon M. Harb, « la férocité de l’attaque des autorités contre les symboles de l’opposition, la réactivation des dossiers judiciaires morts et enterrés, n’effraieront pas l’opposition, mais la pousseront à s’attacher encore plus fortement aux principes en lesquels elle croit ». Enfin, le député a invité les autorités à « prendre conscience de la gravité de leurs pratiques et y mettent fin, en ménageant une opposition sans laquelle il n’y a pas de démocratie ». « Un 13 octobre politique » Le député Nassib Lahoud, qui se trouve à l’étranger et n’a pas assisté hier à l’entrevue avec le patriarche Sfeir, avait déclaré de son côté, samedi, que « ce que les autorités font porte préjudice à la crédibilité de la justice » et notant que les dossiers judiciaires ne sont ouverts que s’ils mettent en cause des membres de l’opposition. Par ailleurs, M. Lahoud a estimé que les idées qui circulent au sujet de la transformation du Liban en une circonscription unique conduiront droit à un « État policier » et « à la fin de la démocratie ». M. Lahoud a considéré que les autorités commettent en ce moment « une grave erreur ». Pour sa part, le député Farid el-Khazen a comparé la réouverture du dossier des Puma et la mise en cause de l’ancien chef de l’État Amine Gemayel à un « 13 octobre 90 » politique, et à « l’arrestation du chef des Forces libanaises en 94 ». « Cette bataille, a dit M. Khazen, a commencé avec la fermeture de la MTV, et ne s’arrêtera pas à la réouverture du dossier des Puma. Je redoute qu’elle se termine par une véritable catastrophe nationale ». Selon le député, le caractère « discrétionnaire » et politique de la décision de rouvrir le dossier des Puma est évidente. Il a ajouté que le processus étant engagé, il fallait maintenant attendre le verdict de la justice. Pour M. Farid el-Khazen, le pari que certains opposants ont placé sur le Syria Accountability Act est « une erreur stratégique ». Enfin, le député a estimé qu’il ne faut pas écarter la possibilité de voir les autorités aller au bout de leurs attaques et adopter un projet de loi électoral faisant du Liban une circonscription unique. Ce projet, a-t-il estimé, est agité aujourd’hui pour intimider les chrétiens, mais s’il vient à être adopté, il sapera ce qui reste de notre régime démocratique.
Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, est sorti de sa réserve hier, au sujet de l’affaire des hélicoptères Puma, pour critiquer l’ouverture « capricieuse » de dossiers judiciaires, estimant que l’on est là « très loin de toute notion de justice ». Prononçant l’homélie d’une messe célébrée en présence des membres de la Rencontre de Kornet...