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Actualités - CHRONOLOGIE

Justice - Damas veut neutraliser l’opposition chrétienne, affirme un diplomate occidental Gemayel dément toute implication dans l’affaire des Puma

Pour les membres des Assises de Kornet Chehwane, mais aussi pour certains milieux diplomatiques, il ne fait aucun doute que le dossier des Puma s’inscrit dans le cadre d’une campagne orchestrée par le pouvoir en vue de réduire la marge de manœuvre de l’opposition. De son côté, le président Amine Gemayel dément toute implication dans cette affaire. Au niveau de l’enquête d’abord, il rappelle – faisant écho au vice-président de la Chambre Élie Ferzli – que le dossier avait été clos en 1995 sans qu’on ait pu établir sa responsabilité dans cette affaire. D’autre part, sur le plan institutionnel, M. Gemayel a notamment affirmé que « le président de la République, les ministres de la Défense et des Finances savent très bien qu’il est impossible d’impliquer le chef de l’État dans des accords qui sont du ressort du ministère de la Défense ». Interrogé par l’AFP au sujet de l’offensive menée contre l’opposition, un diplomate occidental a déclaré : « Le diagnostic ne fait de doute pour personne : il y a aujourd’hui un intérêt stratégique pour la Syrie à tenir plus que jamais le Liban d’une main ferme, par l’intermédiaire des appareils sécuritaire et judiciaire libanais. » « En prévision d’un conflit armé que beaucoup croient désormais certain entre Washington et l’Irak, Damas cherche à protéger ses arrières et ainsi garder tous ses atouts en main », a-t-il ajouté, sous réserve d’anonymat. Selon une autre source diplomatique occidentale, « Damas sait qu’elle ne craint rien des Américains, pour le moment, mais veut neutraliser par précaution l’opposition chrétienne afin que Washington ne s’en serve pas comme moyen de pression sur la Syrie ». Commentant la décision du procureur général Adnane Addoum d’ouvrir une enquête sur « les personnes qui ont eu des activités ou tenu des réunions, non autorisées par le gouvernement, susceptibles de nuire au Liban et à ses relations, avec des pays frères arabes », un politologue cité par l’AFP a déclaré pour sa part : « Peut-être que les menaces ne seront pas suivies immédiatement d’effet, peut-être est-ce un simple avertissement. Mais le pouvoir cherche à profiter de leur impact psychologique en espérant neutraliser l’opposition. » Selon lui, « il y a deux aspects dans l’actuelle offensive contre l’opposition chrétienne : le permanent, qui consiste à ne jamais le laisser trop relever la tête, et le conjoncturel, qui se rapporte à la crise avec l’Irak et qui aura ses conséquences pour la Syrie et son allié iranien ». Et d’ajouter : « Si la Syrie est rassurée que l’Administration américaine est opposée au Syria Accountability Act, elle appréhende les exigences de Washington qui veut que Damas cesse d’appuyer et d’héberger les radicaux palestiniens et désarme le Hezbollah. » Le volet juridique Le juriste Edmond Naïm a relevé hier un point de droit essentiel dans le dossier financier relatif à l’achat au début des années 80 d’hélicoptères français Puma fabriqués en Roumanie. Il estime en effet qu’en vertu de la Constitution, le parquet n’est pas habilité à engager des poursuites contre l’ancien président de la République. Selon lui, seule la majorité des deux tiers au sein de l’Assemblée nationale est en mesure de déférer M. Gemayel devant la Haute Cour de justice. L’ancien chef de l’État a rappelé, quant à lui, que la commission parlementaire qui s’était penchée sur la question pendant deux ans a conclu pratiquement à un non-lieu. Et de préciser, au terme d’un entretien avec le président de l’Ordre des journalistes, Melhem Karam : « Le président de la République, les ministres de la Défense et des Finances savent très bien qu’il est impossible d’impliquer le chef de l’État dans des accords qui sont du ressort du ministère de la Défense. » Le volet politique Par ailleurs, le président Gemayel a déploré que cette affaire soit déterrée au moment où la région est menacée de toutes parts. « Je regrette que certains perdent leur temps à rouvrir inutilement des plaies, sans compter que cette affaire (des Puma) ne me concerne ni de loin ni de près », a-t-il ajouté avant de poursuivre : « Il est tout aussi regrettable de constater que tous ces événements ne font qu’augmenter l’hostilité des gens à l’égard de la Syrie. (...) C’est en effet l’attitude du pouvoir qui stimule cette hostilité. » En réponse à une question, après avoir également rencontré le président de l’Ordre de la presse, Mohammed Baalbacki, M. Gemayel a déclaré : « On n’a pas le droit de brandir l’accusation de collaboration avec Israël toutes les fois que quelqu’un exprime son point de vue. Personne n’a été aussi menacé que moi par Israël en 1984 et tout au long de mon mandat. Nul n’a été aussi déçu que moi par les Américains. » Interrogé sur ses relations avec l’ancien Premier ministre, le général Michel Aoun, M. Gemayel a répondu : « Je ne l’ai plus vu depuis longtemps. Cela ne m’empêche pas de le respecter et de respecter ses opinions quelles qu’elles soient. »
Pour les membres des Assises de Kornet Chehwane, mais aussi pour certains milieux diplomatiques, il ne fait aucun doute que le dossier des Puma s’inscrit dans le cadre d’une campagne orchestrée par le pouvoir en vue de réduire la marge de manœuvre de l’opposition. De son côté, le président Amine Gemayel dément toute implication dans cette affaire. Au niveau de l’enquête...