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Actualités - OPINION

Le double langage du pouvoir agace fortement l’opposition

La ficelle est grosse, mais nécessaire. On accable le laïc et on encense le religieux. Après le patriarche Sfeir, régulièrement encensé comme un incontournable « recours national », c’est Mgr Béchara, pourtant animateur de la Rencontre, qui a droit aux louange des officiels. Qui, au même moment, brandissent au-dessus de la tête des contestataires l’épée de Damoclès judiciaire. Sans compter les astuces répressives que les réglementations, interprétées à convenance, permettent du côté des mesures dites de sûreté. Pour l’un des piliers de la Rencontre, c’est clair : on veut la faire taire. Il se dit dorénavant convaincu que la fermeture de la MTV n’était qu’une première étape. D’un plan global allant bien plus loin que la vindicte électorale. Et visant tout bonnement à gommer toute sorte d’opposition. Selon cette personnalité, des bruits ont même couru que l’on pourrait demander la levée de l’immunité de certains parlementaires. Ou encore que l’on allait intenter un procès à la délégation qui a participé au congrès maronite de Los Angeles. Cela en marge des vexations, qui sont déjà initiées à l’encontre de leaders du premier rang. Pour cette personnalité représentative, on peut se demander si les parties qui sont derrière cette campagne d’hostilité radicale à l’Est se rendent compte qu’en réalité elles font le procès de toute une communauté. Car après tout, ce sont les maronites qui se sont retrouvés à Los Angeles et leur réunion était bénie par Bkerké qui y avait dépêché non moins de sept évêques. Ces prélats vont-ils se retrouver à leur tour au banc des accusés, se demande la même source. Qui ajoute que le pouvoir se contredit, dans ce sens que ses agissements sont nettement agressifs, alors qu’il ne cesse de prôner le modérantisme, l’apaisement et la soi-disant entente. Par son attitude, relève le pôle cité, le camp loyaliste fait en réalité le jeu des radicaux ultras de l’Est, en vertu du principe des vases communicants où les surenchères montent à hauteur égale. Sans compter que plus que jamais une fraction des Libanais se sent discriminée, exclue, opprimée. D’autant que les émigrés se trouvent, de leur côté, plus rejetés que jamais, puisque leur congrès est attaqué. Cela au moment même où les responsables ne cessent d’appeler ce potentiel à la rescousse économique de la mère-patrie. Cette source juge ensuite que la contradiction entre les mesures adoptées ou envisagées pour réprimer l’opposition et l’éloge de Mgr Béchara par Élias Murr n’est qu’apparente. Dans ce sens qu’elle procède de la vieille tactique, essayer de diviser pour mieux régner. Ou, à tout le moins, tenter de dissocier, pour les neutraliser, les autorités morales du contentieux politique, afin d’affaiblir leurs protégés civils. Pour le fond, le pilier cité souligne que la Rencontre regroupe des éléments qui professent souvent des opinions différentes. Elle constitue un creuset démocratique, pour un constant débat d’idées enrichissant, un lieu de dialogue en somme. Ce qui en fait automatiquement un instrument modérantiste qu’un pouvoir soucieux de combattre le radicalisme devrait ménager. Et de préciser que le courant aouniste s’est notoirement éloigné de la Rencontre, qu’on ne peut attaquer cette dernière pour atteindre le général en exil. Ce pôle précise cependant tout de suite que nul au sein de la Rencontre ne peut approuver les tentatives d’isoler et de frapper une quelconque composante libanaise, en foulant aux pieds les libertés. Cette source croit pouvoir indiquer ensuite, sous sa responsabilité, que le patriarche Sfeir, en recevant le Rassemblement parlementaire loyaliste chrétien, se serait posé des questions sur la création de ce groupe. En notant qu’il est formé de députés arrachés pour l’occasion à leurs blocs mixtes respectifs, pour se retrouver autour d’un seul thème commun, la critique de l’opposition et, plus particulièrement, de la Rencontre. Philippe ABI-AKL
La ficelle est grosse, mais nécessaire. On accable le laïc et on encense le religieux. Après le patriarche Sfeir, régulièrement encensé comme un incontournable « recours national », c’est Mgr Béchara, pourtant animateur de la Rencontre, qui a droit aux louange des officiels. Qui, au même moment, brandissent au-dessus de la tête des contestataires l’épée de Damoclès...