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Actualités - CHRONOLOGIE

Justice - Une affaire close il y a sept ans est déterrée Addoum demande à la présidence du Conseil de lui remettre le dossier des Puma

En dépit de ses assurances, mercredi, selon lesquelles l’opposition n’est pas dans le collimateur du parquet, le procureur général près la Cour de cassation, Adnane Addoum, a créé hier la surprise en déterrant un vieux dossier dans lequel l’ancien président Amine Gemayel, membre des Assises de Kornet Chehwane, avait été mis au banc des accusés avant qu’il ne soit innocenté, pour insuffisance de preuves, par la commission parlementaire qui avait mené l’enquête à l’époque. On croyait l’affaire des Puma terminée en 1995, mais voilà qu’elle ressurgit, sept ans plus tard. Vingt-quatre heures après avoir officiellement chargé les différents services de sécurité de collecter des informations sur « toute personne ayant eu des contacts avec Israël et dont les activités ont porté atteinte au Liban et à ses relations avec la Syrie, ainsi que sur tout Libanais ayant eu, dans le pays, des activités portant atteinte à la sécurité, au prestige de l’État et à son statut financier », M. Addoum a adressé au secrétariat de la présidence de la République une note dans laquelle il lui demande de lui remettre le dossier des Puma, les hélicoptères achetés par le Liban sous le mandat du président Gemayel. L’affaire est tellement vieille que ses éléments semblent aujourd’hui flous. On sait qu’il s’agit d’hélicoptères achetés par le Liban comme étant de fabrication française avant qu’on ne découvre qu’ils avaient été confectionnés à Brasov en Roumanie. Une commission parlementaire d’enquête avait été formée pour suivre ce dossier sous le mandat du président Élias Hraoui et pour déterminer la responsabilité du président Gemayel dans cette affaire. Le président de la commission, Élie Ferzli, se rappelle : « Nous sommes parvenus à la conclusion qu’il y a eu effectivement, à l’époque, un marché pour acheter des appareils de fabrication roumaine et non pas française, mais au prix des appareils français. Nous n’avons cependant pas pu établir une implication du président Gemayel » dans cette affaire, a déclaré M. Ferzli à L’Orient-Le Jour. « Nous avons alors clos le dossier, mais en tant qu’autorité législative, nous ne pouvions pas le garder. Nous avons alors décidé de le remettre au parquet et nous l’avons remis à cette fin au secrétariat de la présidence du Conseil », a-t-il ajouté. C’était en 1995. Si M. Addoum le réclame aujourd’hui, c’est que les gouvernements consécutifs ne l’ont pas transmis aux autorités judiciaires compétentes, a souligné M. Ferzli qui s’est abstenu de commenter la décision du parquet d’exhumer aujourd’hui le dossier des Puma au moment où une chasse aux sorcières semble être engagée dans le pays contre les opposants. Mais même si M. Ferzli réaffirme aujourd’hui aussi que l’implication de l’ancien président de la République n’a pas pu être établie, en dépit de la longue enquête menée à l’époque, le procureur général semble être d’un avis contraire. Selon l’Agence nationale d’information (officielle), « le magistrat entamera l’examen du dossier dès qu’il le recevra et étudiera dans le même temps les jurisprudences de la cour de cassation afin de déterminer l’autorité compétente pour juger (M. Gemayel) et de repérer les éventuels dossiers qui pourraient découler de celui » des Puma. « Au cas où une implication de M. Gemayel dans cette affaire serait établi, l’ancien président de la République serait jugé devant le Conseil supérieur chargé de juger les chefs d’État et les ministres », a ajouté l’Ani, citant M. Addoum. Un des pôles de l’opposition, le député Farès Souhaid, a accusé de nouveau le pouvoir de recourir à la justice comme une arme contre l’opposition. Prié de commenter la décision du parquet, le député de Jbeil ne semblait pas étonné. « C’est le même scénario qui se répète. C’est la chasse à l’opposition qui se poursuit. À chaque fois qu’un opposant exprime un point de vue, le pouvoir tente de le freiner par tous les moyens. On veut intimider l’opposition, mais c’est un signe de faiblesse du pouvoir qui essaie, comme un rouleau compresseur, de briser l’impact que l’opposition a pu avoir auprès de l’opinion depuis deux ans », a déclaré M. Souhaid à L’Orient-Le Jour. Il rappelle toutes les mesures « anachroniques » prises par les autorités à l’encontre des opposants, avant de comparer les pratiques de l’État à celles de « l’époque stalinienne ». « On a l’impression que ce pouvoir a peur de sa société surtout qu’il est dans l’incapacité de régler les problèmes auxquels elle est confrontée sur les plans social et économique », a-t-il ajouté.
En dépit de ses assurances, mercredi, selon lesquelles l’opposition n’est pas dans le collimateur du parquet, le procureur général près la Cour de cassation, Adnane Addoum, a créé hier la surprise en déterrant un vieux dossier dans lequel l’ancien président Amine Gemayel, membre des Assises de Kornet Chehwane, avait été mis au banc des accusés avant qu’il ne soit...