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Actualités - INTERVIEWS

Interview - Le ministre canadien pour les Relations francophones répond aux questions de « L’Orient-Le Jour » Ottawa examinera « avec sympathie » la rallonge financière demandée par Beyrouth pour le sommet d’octobre(photo)

Le ministre canadien pour les Relations francophones et les Affaires africaines et latino-américaines s’appelle Denis Paradis et semble vouer une grande et inébranlable passion à son métier. Comme à son ministère et à tout ce qui s’y rapporte. « La contribution du Canada au sommet francophone de Beyrouth est très importante. Le Canada est le deuxième partenaire mondial de la francophonie », rappelle-t-il. Quelque chose en lui qui ressemble à de la gourmandise. Et de la rondeur aussi. Notamment lorsque l’interview qu’il a accordée à L’Orient-Le Jour commence par un petit état des lieux de la vraie-fausse guéguerre entre le Canada et le Québec, même quand il s’agit de francophonie. « Que ce soit le Canada, le Québec ou le Nouveau-Brunswick, nous sommes tous sur le même bateau. Il n’y a rien de particulièrement compliqué. À Moncton par exemple, j’ai été l’hôte de la CONFEMEN (une conférence francophone autour de l’éducation), et tout s’est très bien passé – sachant que l’éducation est du ressort des provinces. Il y a des domaines réservés aux provinces, alors que les traités d’État à État se font au niveau fédéral », explique-t-il. Denis Paradis est québécois, et ministre fédéral. Un peu Dr Jekyll et Mr Hyde ? « Pas du tout. En tout cas, les jeux sont très clairs. Chacun sait ce qu’il a à faire. » Soit. En ce qui concerne la participation canadienne au financement du IXe sommet francophone, qui se tiendra – comment peut-on l’oublier – les 18, 19 et 20 octobre à Beyrouth, elle s’élève, selon le ministre Paradis, à 4 millions de dollars canadiens. Qui serviront à financer, précise-t-il, les interprètes pour les réunions de l’Assemblée parlementaire francophone, tout ce qui concerne la communication et la technologie, les ambulances et la sécurité. « Le ministre Salamé nous a demandé un petit plus pour cette année. Nous allons examiner rapidement et avec beaucoup de sympathie cette demande ». Comment cette rallonge a-t-elle été justifiée par le Liban ? « Quand un sommet est reporté, il y a de nouveaux coûts de base, des réajustements, il faut rafraîchir la position », sourit Denis Paradis. Est-ce que c’est encore utile un sommet de la francophonie ? Il n’hésite pas une seconde, s’enflamme. « Oh oui. Ce regroupement de pays est un regroupement de forces vives. Et cela nous permet d’échanger ensemble. La francophonie a beaucoup évolué au cours de années. En tout cas, depuis le sommet de Hanoi, le premier auquel j’ai assisté. » Ce qui a surtout permis cette évolution, selon le ministre canadien, c’est la déclaration de Bamako. Qui avait rappelé l’indispensable nécessité de préserver des valeurs universelles de base : la démocratie, les droits humains, la bonne gouvernance, entre autres. « Et ce sont ces valeurs que l’on veut promouvoir : voilà à quoi sert un sommet francophone. Cela sans oublier le fait que le français doit rester présent sur la scène internationale. Et progresser sur l’Internet. Mais il n’y a pas que ces valeurs universelles, il faut considérer aussi les volets politique et culturel. Pensez que le développement de l’Afrique va passer, obligatoirement, par les PME. La francophonie peut permettre de nombreux avantages, grâce à ces partenariats. » Et Denis Paradis de répéter, avec un franc et grand sourire, sa « fierté d’être francophone ». Que ça en devient presque contagieux... Et assure que l’époque où la francophonie se résumait à des discussions de salons est révolue. « Elle regroupe 53 pays, et même si elle est plus jeune que le Commonwealth par exemple, elle a, évidemment, un poids politique. Amené à se développer encore davantage. » Quant au thème choisi « Le dialogue des cultures », il a toute l’approbation du ministre. « La culture doit servir à rallier les gens. S’ils avaient mieux essayé de se comprendre, il n’y aurait sans doute pas eu de 11 septembre. Il faut accélérer le dialogue. Et l’occasion offerte par Beyrouth est extraordinaire : nous allons avoir un sommet francophone qui va se tenir dans un pays arabe, un an après le 11/09 ! » Denis Paradis évoque la réussite du modèle canadien. L’harmonie qui règne, dit-il, entre anglophones et francophones. Affirme qu’elle devrait prévaloir entre différentes confessions, différentes races. Il s’arrête sur la communauté libanaise au Canada : « Elle est merveilleuse, elle s’est parfaitement intégrée, ses racines sont très profondes. Il y a un environnement multiculturel au Canada qui plaît beaucoup aux Libanais. Certains Libanais ramènent même le modèle de l’école canadienne au Liban ». Et Denis Paradis est catégorique : « Les relations libano-canadiennes sont excellentes. » Même s’il faut évidemment rééquilibrer un peu la balance commerciale. Interrogé enfin sur les images, qui ont fait le tour des télévisions internationales, des manifestants pacifistes tabassés et aspergés d’eau en plein centre-ville, et les atteintes aux libertés publiques au Liban, Denis Paradis affirme ne pas être au courant de tout cela. Mais rappelle que lors du sommet des Amériques, le gouvernement canadien avait donné de l’argent pour contribuer au financement des manifestations des ONG. 250 000 dollars canadiens. « Tout ce qui n’est pas pacifique est condamnable. Mais la manifestation est un droit légitime. » Ah bon ? Ziyad MAKHOUL
Le ministre canadien pour les Relations francophones et les Affaires africaines et latino-américaines s’appelle Denis Paradis et semble vouer une grande et inébranlable passion à son métier. Comme à son ministère et à tout ce qui s’y rapporte. « La contribution du Canada au sommet francophone de Beyrouth est très importante. Le Canada est le deuxième partenaire mondial de...