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Actualités - OPINION

Opposition - La lutte prend un tour compliqué L’Est s’efforce d’esquiver les provocations confessionnelles

Ce n’est plus de la passion, c’est de la rage. Les pamphlets enflammés, les déclarations incendiaires, les matraquages diffamatoires aussi confessionnels que personnalisés pleuvent de tous côtés sur l’Est. Aucun de ses piliers n’est épargné par la campagne des orateurs, qui s’accompagne comme on sait d’un durcissement sensible des cols blancs loyalistes. Plus civilisés dans leurs prestations que les innombrables seconds couteaux qui vitupèrent contre les opposants, ces professionnels se réfèrent à la loi, d’ailleurs désormais agissante, pour faire fermement barrage, disent-ils, à la contestation. Cela avec le concours diligent de députés dits télécommandés. Face à cette double attaque, les leaderships visés tiennent à garder leur sang-froid. À de rares exceptions près, ils s’abstiennent de réactions impulsives, exaspérées. Ils estiment en effet que la provocation systématique dont ils font l’objet a pour but de les entraîner sur un terrain glissant, menant tout droit sinon à la faute de rue, du moins devant les tribunaux. Et on leur ferait perdre leur temps, et leurs forces, dans une montagne de procédures en diffamation qu’ils croiraient devoir engager contre les offenseurs. De plus, bien au-delà de toute considération personnelle, ils voient qu’on cherche à aggraver la césure locale en la confessionnalisant à l’extrême, en application du vieil adage : diviser pour mieux régner. Et pour les accuser d’avoir eux-mêmes enclenché ce dangereux clivage par leurs positions de base, interprétées d’une manière fantaisiste et qualifiées de confessionnalistes, voire de séparatistes. Tout cela pour montrer qu’au Liban l’entente est un rêve impossible. Ce qui signifie, ipso facto, que les Libanais ne peuvent être laissés à eux-mêmes. En pratique donc, ces opposants, qui ont tant de choses à dire, préfèrent pour le moment se tenir à quia, en attendant que la tempête se calme. En face, des éléments du Rassemblement parlementaire de concertation accusent des pôles chrétiens d’avoir largué Taëf. Au profit d’un projet politique fondé sur des informations erronées de prochain changement, et qui fait donc fausse route. Ce pari, que les loyalistes prêtent à leurs adversaires, leur paraît évidemment perdant. Car les États-Unis, soulignent-ils, se sont clairement prononcés pour le maintien du statu quo au Liban. C’est-à-dire, en langage clair, en faveur du parrainage syrien. Ces députés répètent qu’ils ont formé leur groupe pour montrer que les chrétiens qu’ils représentent à la Chambre restent attachés à l’État issu de Taëf comme au volet extérieur de ce document. C’est-à-dire au jumelage avec la Syrie. Ils ajoutent que c’est cette position, dénuée de toute ambiguïté, qu’ils ont eu à cœur de transmettre au patriarche Sfeir. Et ils déplorent la montée en puissance du discours confessionnaliste dans le pays, y voyant un obstacle infranchissable devant la réalisation de l’entente nationale. Sans préciser comment cette même entente peut se cristalliser à l’ombre de deux conceptions diamétralement opposées du rôle extérieur, ces loyalistes indiquent qu’ils vont multiplier les démarches d’apaisement dans les prochains jours. Ils laissent entendre que des contacts sont en cours pour la proclamation d’une sorte de charte d’honneur pour ôter toute virulence au discours politique. Une suggestion louable certes mais dont on voit mal la traduction ultérieure au niveau des tribuns de quartiers, plus nombreux, plus haineux, plus enflammés que jamais. Et dont l’action de proximité est bien plus efficace, bien plus redoutable que les doctes conférences de presse de ministres ou autres caciques du système. Il faut en tout cas mettre à l’actif du Rassemblement son effort de civiliser un peu la scène locale. Ainsi que sa ferme réprobation des accusations de trahison portées par certains contre ses propres rivaux de la Rencontre de Kornet Chehwane. Pour sa part, un ministre condamne les tentatives des extrémistes de déborder le courant modérantiste à gauche comme à droite. En plaidant pour ce qu’il appelle l’esprit de Taëf basé à l’en croire sur l’unité et l’entente nationales. De son côté, Khalil Hraoui déclare qu’à l’ombre d’une situation régionale critique, il est inadmissible que la scène locale paraisse divisée en deux camps militant pour des projets politiques opposés. À son avis, il n’existe en réalité qu’une seule ligne, celle du pouvoir, qui bénéficie du soutien de la majorité des Libanais ainsi que des différentes instances ou des divers leaderships. Philippe ABI-AKL
Ce n’est plus de la passion, c’est de la rage. Les pamphlets enflammés, les déclarations incendiaires, les matraquages diffamatoires aussi confessionnels que personnalisés pleuvent de tous côtés sur l’Est. Aucun de ses piliers n’est épargné par la campagne des orateurs, qui s’accompagne comme on sait d’un durcissement sensible des cols blancs loyalistes. Plus...