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Actualités - CHRONOLOGIE

Colloque - Les trois défis réussis du séminaire international de Faraya, qui s’est clos samedi La solution idéale, utopique et réaliste à la fois : « Le conflit dans la confiance »

Les trois jours au cours desquels plus d’une soixantaine d’intellectuels, de penseurs, de chercheurs, de ministres ou de leaders religieux venus de plus de vingt pays, se sont enfermés à Faraya pour débattre de cultures, de religions et de conflits se sont terminés avant-hier samedi. Avec le bilan du maître de cérémonie de ce remue-méninge événement, Ghassan Salamé. Pour lequel le défi (réussi) était, à la base, triple. Un défi qui consistait d’abord en la capacité à juxtaposer prise de décision et formation d’opinions communes à de grands intellectuels. Un défi, ensuite, parce qu’il fallait que ces derniers représentent le maximum de pays et de cultures. Un défi, enfin : faire en sorte que le débat se fasse d’une façon scientifique, profonde, « Voilà pourquoi nous avons choisi cet endroit (Faraya), pour être loin des bruits et des fureurs de la ville », a dit le ministre de la Culture. Des fils rouges pour une dizaine de tables rondes ont rythmé ces trois jours de travail : mondialisation et culture ; religions et cultures ; affirmations identitaires et mobilisations politiques ; identification nationale, ethnicité et religion ; religions et conflits ; violence et référence religieuse ; terrorisme : causes et effets ; dialogue des religions et des cultures ; particularités culturelles et universalisme démocratique ; démocratie et développement ; relations euro-méditerranéennes. Et des interventions, des éclairages à la pelle. La ministre québécoise des Relations internationales, Louise Beaudoin, après avoir rappelé que le Québec peut servir de laboratoire à ce colloque (par sa protection archétypale de la diversité culturelle « dynamique et mouvante face à l’hégémonie culturelle américaine »), a réaffirmé la nécessité de mettre sur pied un instrument « normatif et contraignant » pour accorder aux biens culturels une protection adéquate et spécifique « indépendante de l’OMC ». Le Grec George Prevelakis, professeur à la Sorbonne, a estimé pour sa part que la circulation accrue à l’ère de l’hypermondialisation est un « facteur majeur de déstabilisation ». Prônant la recherche d’une synthèse entre « le tout déracinement » et « le tout attaché à son environnement d’origine » – synthèse qui favoriserait l’éclosion d’un changement intrasociétal qui pourrait s’avérer bénéfique. L’écrivain-polémiste français, Régis Debray, a asséné quant à lui ses quatre vérités : « La démocratie n’est pas un régime de paix » ; « Les mathématiques seulement, et peut-être la musique, sont les seuls lieux de partage sans frontières » ; « Ce que nous cherchons, fondamentalement, c’est une morale de la frontière » ; « La religion ne se négocie pas : elle est un marqueur d’identité grave ». Le grand mufti de Bosnie, cheikh Mustafa Ceric, a dénoncé l’idée selon laquelle « seules les religions seraient vecteurs de violence », ainsi que le comportement de certains médias, par trop négatif envers les musulmans et l’islam. Affirmant par ailleurs que c’est parfois le trop-vouloir-ressembler-à-l’autre qui génère plus de conflits encore que les différences. Et le ministre syrien du Tourisme, Saadallah Agha el-Kalaa, a conclu son intervention en insistant sur ce qui devrait être un souci planétaire commun : que le monde « soit une œuvre d’art multichrome, que ses différentes couleurs soient harmonieusement équilibrées, variables avec le temps. Des variations que gèrerait un génie humain sans cesse renouvelé, et que n’arrêteraient ni les explosions terroristes, ni les tirs de missiles, ni les rêves mégalomanes de potentat d’une couleur unique ». Une phrase (utopique et réaliste à la fois et que l’on doit au Français Guy Hermet) pourrait résumer ce à quoi devrait tendre le monde, eu égard à cette démocratie (qui « a besoin du conflit en même temps qu’elle en est le remède »), que certains États recherchent désespérément, que d’autres essaient de préserver ou que des troisièmes usurpent : « L’idéal est le conflit dans la confiance. » Z.M.
Les trois jours au cours desquels plus d’une soixantaine d’intellectuels, de penseurs, de chercheurs, de ministres ou de leaders religieux venus de plus de vingt pays, se sont enfermés à Faraya pour débattre de cultures, de religions et de conflits se sont terminés avant-hier samedi. Avec le bilan du maître de cérémonie de ce remue-méninge événement, Ghassan Salamé. Pour...