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Actualités - CHRONOLOGIE

Infrastructures - La collecte peut s’améliorer avec l’entrée en lice d’un opérateur international La privatisation de l’Électricité sur la bonne voie, assurent les experts

La privatisation de l’Électricité du Liban va bon train, si l’on en croit les responsables. Votée le 5 septembre dernier, la loi autorisant le gouvernement à procéder au transfert d’une partie du capital de l’EDL au secteur privé a permis d’entamer le processus, qui ne sera finalisé qu’en décembre prochain. La loi prévoit dans un premier temps la création d’une ou plusieurs sociétés, dans lesquelles l’État restera le seul actionnaire en attendant la privatisation. Par la suite, le gouvernement procédera à la vente de 40 % des actions de cette société à un opérateur international qui s’occupera de la distribution et de la production sur l’ensemble du territoire libanais. L’activité du transport du courant, dont la gestion pourrait être confiée à une société privée, restera par contre propriété de l’État. Ce dernier garderait 60 % des actions de l’EDL, en attendant « le moment propice pour les revendre », la conjoncture internationale n’étant pas pour l’instant favorable à une telle transaction, affirment les responsables. Entre-temps, deux annonces devraient intervenir. D’abord la préqualification, qui déterminera les opérateurs intéressés, immédiatement suivie de l’appel d’offres que remportera un investisseur stratégique. Celui–ci peut être un opérateur international reconnu ou un groupement d’investisseurs, notamment arabes, comprenant un opérateur international. Proposé par la banque BNP Paribas, consultant financier auprès du gouvernement libanais, ce schéma semble avoir obtenu l’aval des responsables de l’EDL. « La privatisation porte rarement sur le secteur des transports, qui n’est pas rentable pour l’investisseur dans la mesure où il nécessite des projets de développement exigeant l’intervention de l’État », explique le conseiller du ministre de l’Énergie et de l’Eau, Georges Kamar. Seuls, dit-il, les secteurs de la production et de la distribution intéressent les investisseurs pour l’instant. Il y a trois raisons majeures qui justifient cette politique, décidée à la lumière de la conjoncture mondiale actuelle « qui n’est pas particulièrement réjouissante », poursuit M. Kamar, rappelant les « chocs » intervenus au cours des derniers mois. D’abord, la crise en Argentine qui a ébranlé la confiance des investisseurs dans les marchés dits émergents, suivie de la chute des marchés boursiers des actions dites technologiques, puis de l’effondrement d’Enron, un grand acteur américain du secteur de l’énergie. Cette dernière crise pourrait avoir pour effet de dissuader les investisseurs américains à prendre des risques au Liban, d’autant que le rachat des parts d’Enron a absorbé une partie du potentiel en termes d’investissement. « Cette situation a poussé les investisseurs stratégiques à réévaluer les risques de tout projet envisagé. Ils sont devenus plus sélectifs sur les pays émergents et n’acceptent aujourd’hui que des risques financiers et politiques limités. » Ainsi, en gardant une partie des actions, le gouvernement pourra limiter le manque à gagner dans la conjoncture actuelle et donner le temps nécesssaire à l’investisseur stratégique pour redresser l’entreprise et valoriser ainsi les 60 % résiduels, précise M. Kamar. Face aux problèmes financiers et techniques auxquels est confrontée l’EDL depuis plusieurs années, d’aucuns se demandent aujourd’hui qui, parmi les candidats potentiels, serait intéressé par un tel investissement. L’EDL a-t-elle réussi à opérer un redressement économique qui lui permettrait de vendre une partie du capital à un prix convenable ? Tout en reconnaissant que ce secteur n’a pas encore été totalement réhabilité, « les résultats n’étant pas encore très visibles », M. Kamar reste toutefois confiant dans l’avenir. « La situation s’améliore, dit-il. D’ailleurs, il n’est pas évident de redresser un secteur en six mois d’autant que les difficultés auxquelles nous faisons face ne peuvent être résolues qu’à long terme. » Selon M. Kamar, deux problèmes ont affecté jusque là la rentabilité de ce secteur. Les pertes « techniques », tout d’abord, qui s’élèvent à 15 %. Il s’agit des pertes survenues après la production à la sortie de l’usine et sur les lignes du transport. Une proportion considérée comme normale, selon les responsables, puisque la norme internationale est de 10 % en termes de pertes techniques. Toutefois, le vrai problème se situe au niveau des pertes dites « non techniques », estimées à près de 30 %. « Ce taux représente un manque à gagner provenant des consommateurs qui n’ont toujours pas de compteurs, c’est-à-dire tous ceux qui prennent le courant par des moyens illégaux », précise Georges Kamar. Encore faut-il savoir que ces pertes n’ont rien à voir avec le prélèvement des factures, calculées à partir des compteurs déjà existants. À ce niveau, des efforts énormes ont été déployés par l’État qui a déjà réussi à imposer un contrôle sur près de 450 000 compteurs, c’est-à-dire l’équivalent de 40 % de l’ensemble des compteurs existants, dit-il. Une proportion qui reste cependant faible, surtout lorsque l’on sait que la question de l’encaissement des factures avait provoqué une controverse entre les Libanais, certains s’estimant lésés de devoir payer les factures des « autres ». Reste à savoir comment le nouvel opérateur, qui est de surcroît un investisseur international, pourra réussir là où l’État a échoué. Sera-t-il capable de faire payer les récalcitrants et d’améliorer les recettes ? Pour Georges Kamar, les choses rentrent dans l’ordre à petits pas. D’ailleurs, dit-il, un investisseur qui arrive sur le marché avec de gros moyens lui permettant de mettre une structure en place devrait être capable de redresser la situation. « Contrairement à ce que l’on pense, le taux de collecte moyen des factures émises par l’EDL est de 83 % sur l’ensemble du pays ». En somme, ce sont quelque 120 milliards de LL qui échappent toujours à l’État. Une situation qui est loin d’être catastrophique, selon M. Kamar, lorsque l’on sait que dans certaines régions, notamment dans la ville de Beyrouth, le taux de recouvrement des factures a atteint 98 %. « Soyons clairs, dit-il, beaucoup essayent de frauder, d’où la nécessité d’un contrôle rigoureux, mais l’EDL manque de moyens et d’effectifs et aujourd’hui elle est incapable d’embaucher vu sa situation financière. » M. Kamar cite « l’expérience réussie » de l’EDF (Électricité de France), qui a réussi, à l’aide d’un contrat d’amélioration des recettes dans les régions d’Antélias et de Chiyah, à accroître le taux de collecte jusqu’à 97 %. « Les impayés depuis 1992 ont été encaissés dans une proportion importante et, avec l’avènement de 18 000 nouveaux clients en 2002, le chiffre d’affaires a augmenté de 15 à 20 %. » L’État sera-t-il capable d’assainir la situation d’ici à décembre prochain ? « Il n’est pas impossible de redresser la barre d’ici là, mais cette tâche incombera probablement au nouvel opérateur », affirme M. Kamar. Reste la question des coupures d’Électricité, une autre zone d’ombre que les consommateurs n’arrivent toujours pas à comprendre. Pour les experts, l’EDL a actuellement une capacité de production de 1 480 MW à peu près. Or, dit M. Kamar, Il y a des pics de besoin qui sont à 1 700 MW. D’où un manque de 200 à 300 MW, dû au fait que la centrale de Zahrani n’est pas encore reliée à cause de l’absence de certains réseaux de transport (de 220 KV). Les travaux sur ces réseaux ont été retardés par les opérations d’expropriation. Néanmoins ils devront être complétés dans les 12 à 18 mois à venir, assure M. Kamar. Une tâche qui incombera à l’État, cette fois-ci, le secteur du transport étant de son ressort. Un dossier à suivre. Jeanine JALKH
La privatisation de l’Électricité du Liban va bon train, si l’on en croit les responsables. Votée le 5 septembre dernier, la loi autorisant le gouvernement à procéder au transfert d’une partie du capital de l’EDL au secteur privé a permis d’entamer le processus, qui ne sera finalisé qu’en décembre prochain. La loi prévoit dans un premier temps la création d’une...