Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Front commun contre l’opposition et la récession La cohésion du pouvoir puissamment soutenue par les décideurs

Le détergent employé pour « laver les cœurs », comme on dit en dialectal, semble produire des effets durables. Il a transformé un jumelage forcé en cohabitation à l’amiable. Les deux têtes de l’Exécutif rivalisent d’aménités dans leurs propos. En mettant l’accent sur la cohésion retrouvée du pouvoir, la situation interdisant tout conflit entre responsables. Cette entente, remarquable après des années d’incompréhension mutuelle, relève de raisons dont certaines sont évidentes, et d’autres beaucoup moins apparentes : – Tout d’abord, le mal causé au pays par les différends. Que les Syriens réglaient au coup par coup, tantôt en faveur du président Lahoud, tantôt au profit du président Rafic Hariri. – La partielle du Metn a soudé les dirigeants, confortés par la Syrie, contre un adversaire politique commun. Ainsi Hariri n’est intervenu ni dans la fermeture de la MTV pour s’y opposer ni dans l’affaire des libertés. Il s’est contenté de répéter, à l’instar des autres instances officielles, qu’il faut s’en remettre à la justice. Et cela parce qu’autrement il se serait heurté non seulement au régime, mais aussi à l’orientation syrienne. Qui ne cesse de répéter que dans la conjoncture actuelle, il faut protéger les « constantes nationales », telles qu’elle les entend, des attaques perpétrées par des parties qui misent sur des changements régionaux. En précisant que des divisions au sein du pouvoir faciliteraient la tâche de ces fauteurs de troubles. Dans ce cadre, le président Hariri a compris que dans toute nouvelle friction, la Syrie se tiendrait aux côtés de Baabda et non aux siens. Ce qui signifie qu’il perdrait la partie d’avance. Et ne pourrait pas réaliser son programme de redressement économique. Sur lequel il fonde pratiquement sa carrière et son maintien aux commandes au moins jusqu’à la fin de l’actuel mandat présidentiel. À partir de ces données, le président Hariri a lâché du lest. Il y a eu d’abord l’affaire du cellulaire, réglée selon les vues du régime. Puis il y a eu l’abstention dans les développements survenus, en contraste avec ses protestations publiques d’août 2001. – Indépendamment de toute considération de rapports de force ou de lutte d’influence, il est clair que les dirigeants ont réalisé ensemble que le traitement de la crise socio-économique nécessite une étroite entente. On peut estimer à ce propos que si la Syrie appuie le président Lahoud dans les questions politiques, le président Hariri a son aval dans le domaine économique. Plus précisément, elle estime que le régime doit soutenir activement le gouvernement dans ses efforts. Car des litiges sur les questions économiques aggraveraient évidemment la situation sur ce front sensible, encore plus sûrement que des querelles d’ordre politique. Et bloqueraient toute tentative de sauvetage. En somme, l’équation à l’honneur désormais veut que le président Hariri se range derrière le président Lahoud en matière de politique, et que le chef de l’État épaule le président du Conseil dans les questions socio-économiques. Notamment au sujet des privatisations, dont le programme va s’en trouver accéléré. Tandis que les divergences sur les nominations administratives, judiciaires ou diplomatiques, sont réglées dans un cadre d’arrangement qui s’étend à d’autres pôles concernés. Résumant le nouvel état d’esprit, le président Lahoud a déclaré, en substance, devant une délégation d’hommes d’affaires que « l’unité des rangs, fondée sur la loi, sur la transparence comme sur le sens des responsabilités, dirige l’approche de l’État dans le domaine économique. Il en va notamment ainsi pour le projet de budget 2003 ainsi que pour les privatisations. Qui vont être ouvertes devant les grandes entreprises locales ou internationales, selon des conditions clairement établies, en fonction de l’intérêt du Trésor. Il serait vain de parier sur des litiges entre les responsables, car le coût de telles divisions serait par trop élevé pour le pays, alors que l’entente lui est d’un grand apport ». Lui faisant écho, le président Hariri souligne que l’unité du pouvoir face aux périls est indispensable. Assurant ensuite que le Liban se rapproche de la sortie du tunnel sur le plan économique, malgré les problèmes qui s’abattent sur la région. C’est donc dans un climat politique détendu, du moins au niveau des relations entre les dirigeants, que le sommet de la francophonie devrait se tenir en octobre à Beyrouth. Et permettre de rapprocher encore plus les présidents. En renforçant du même coup les espérances du président Hariri en ce qui concerne Paris II, moratoire sur lequel il mise autant que sur les privatisations pour alléger la dette publique. Sur la question de savoir comment la conférence peut produire des effets bénéfiques dans un climat régional aussi lourd, le président du Conseil répond que la communauté internationale n’a pas intérêt à voir le Liban s’écrouler. C’est pourquoi les fonds nécessaires devraient être débloqués, sous forme de crédits privilégiés. Émile KHOURY
Le détergent employé pour « laver les cœurs », comme on dit en dialectal, semble produire des effets durables. Il a transformé un jumelage forcé en cohabitation à l’amiable. Les deux têtes de l’Exécutif rivalisent d’aménités dans leurs propos. En mettant l’accent sur la cohésion retrouvée du pouvoir, la situation interdisant tout conflit entre responsables. Cette...